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AccueilInfrastructures de la Can 2019 : Les conséquences de l’impréparation

Infrastructures de la Can 2019 : Les conséquences de l’impréparation

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L’organisation des grands évènements au Cameroun est toujours l’occasion de réaliser des projets liés à leur succès. Jamais avant, l’on ne pense à aménager des structures, construire des routes, réfectionner les bâtiments, veiller au rehaussement des standards des hôtels. On laisse tout tomber en décrépitude, on regarde les routes se dégrader, les bâtiments prendre de la moisissure, les poteaux électriques tomber, pour ne citer que ces quelques exemples. L’habitude est bien connue. Le Cameroun ne balaie la maison que le jour où un invité est annoncé. Dans l’improvisation et  l’impréparation, rien n’est fait à temps, ou ce qui semble être fait n’est en réalité que du bricolage. Ajouté aux retro commissions, aux enveloppes de dessous de table qui conditionnent toujours les grands projets, l’à peu près est assuré à la fin. S’agissant de la Coupe d’Afrique des nations football, il y a des pays qui n’ont pas attendu que l’organisation de la compétition leur soit attribuée pour construire les infrastructures. Ils les réalisent naturellement, d’abord pour l’amélioration des conditions de vie de leurs populations, pour leur prestige, et ensuite si cela peut leur permettre d’accueillir des grands évènements, c’est leur image qui est davantage rehaussée.

Le Cameroun ne balaie la maison que le jour où un invité est annoncé. Dans l’improvisation et  l’impréparation, les infrastructures de la Can 2019
Roland Tsapi.

La dernière édition de la Can jouée au Cameroun était en 1972, il y a 45 ans aujourd’hui. Depuis lors, le Cameroun n’a cessé de monter en puissance dans le domaine du football. Vainqueur de la coupe en 1984, 1988, 2000, 2002 et 2017, le Cameroun  est devenu le deuxième pays le plus titré, derrière l’Egypte qui a remporté la coupe 7 fois, et devant le Ghana avec quatre trophées. Dans le même temps, les joueurs camerounais n’ont cessé de rayonner sur la planète football, de sorte qu’aujourd’hui pour parler du Cameroun à l’étranger ont fait référence au pays de Roger Milla, Thomas Nkono, Bell Joseph Antoine, des frères Kana, de Rigobert Song Bahanag, Samuel Eto’o Fils, Christian Bassogog pour ne citer que ceux-là. Malgré ces performances, le Cameroun a été paradoxalement incapable de faire preuve d’un sursaut d’orgueil, en organisant au moins une de ces coupes qu’il remportait à tout de bras. L’Egypte qui a remporté le trophée 7 fois a déjà organisé la compétition quatre fois, même nombre de fois que le Ghana qui n’en a remporté que 4 fois jusqu’ici, moins que le pays de Paul Biya.

Les enfants de la rue règnent en maitre

Le Cameroun est resté à la traine. Pendant ce temps, on n’a même pas pensé développer des infrastructures sportives à l’image du rayonnement et des succès d’années en années. Au contraire, les stades existant sont progressivement tombés en ruine. Le stade omnisport de Douala qui avait abrité la finale de 1972 offre aujourd’hui une image pitoyable. Lors des matches, on loue des chaises en plastiques à l’extérieur pour venir les placer dans une tribune présidentielle au toit suintant. Le stade Mbappé Leppé qui a fait la fierté du pays est devenu un champ de ruine où les fumeurs de chanvre et les enfants de la rue règnent en maitre. A Yaoundé, le stade Ahmadou Ahidjo a tout perdu, même son identité à un moment. Il ne portait plus le nom de l’ancien président de la République, encore moins son prestige. S’il ressemble encore à un stade aujourd’hui, c’est juste parce qu’il a été réhabilité en catastrophe pour accueillir la Can féminine en 2016. Pour la Can 2019, il a encore besoin d’une bonne toilette, alors qu’à ce jour il devait être plutôt un acquis. Après donc l’édition de 1972, le Cameroun, à défaut d’avoir accueilli d’autres éditions, devrait au moins être prêt à ce jour pour organiser avec brio et suffisance une édition, quel que soit le nombre d’équipes qui prendront part. C’est une question de fierté. Mais qu’avons-nous fait de ces différents succès du football camerounais sur le plan mondial tant collectivement qu’individuellement ? Mis à part la Can et les stades qu’elle impose, dans quel arène un Eto’o Fils par exemple inviterait ses coéquipiers, anciens et nouveaux à venir jouer, s’il se décidait à offrir un match de gala aux Camerounais ? Que font au fil des années les différents détenteurs du portefeuille ministériel des Sports ? Quelle est la vision du gouvernement en matière sportive au Cameroun ?

Depuis 1983, 14 ministres au total sont passés par ce ministère, dont la dénomination a changé, passant du ministère de la Jeunesse et des Sports au ministère des Sports et de l’Education physique, à partir de la réorganisation du gouvernement du 7 décembre 2014. 14 ministres en 34 ans, et l’actuel ministre Pierre Ismael Bidoung Mkpwatt qui boucle déjà sa troisième année depuis sa nomination en octobre 2015, est celui qui aura passé le plus de temps à ce poste, puisqu’il l’avait déjà occupé entre 2000 et 2004.  Le Décret n° 2005/098 du 06 avril 2005 portant organisation du Ministère des Sports et de l’Education Physique, institue en son article 56 une sous-direction des infrastructures et des équipements sportifs. Elle est chargée de la conception et de l’élaboration du plan d’acquisition des infrastructures et des équipements sportifs ainsi que de la préparation des projets d’investissement y afférents, du contrôle des infrastructures et équipements sportifs ; de l’agrément et de l’homologation des infrastructures et équipements sportifs ; de la tenue du fichier national des infrastructures sportives ; de la maintenance des infrastructures sportives ; de la recherche de partenaires nationaux et internationaux dans la réalisation des programmes de construction et de réaménagement des infrastructures sportives.

Comme on le voit, tout est prévu pour que les infrastructures sportives évoluent au Cameroun avec le temps, et n’eut été l’impréparation et le défaut d’anticipation qui caractérisent notre administration, on ne serait pas là aujourd’hui à se faire taper sur les doigts par la Caf. Mais comme on dit, les structures ne valent que par ceux qui les animent.

Roland TSAPI, Journaliste

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