Le Premier ministre a créé un comité interministériel «chargé d’examiner et de proposer des solutions aux préoccupations soulevées par les syndicats des enseignants» en grève depuis lundi.
Vendredi 18 novembre 2016, le ministre de l’Enseignement supérieur (MINESUP), Jacques Fame Ndongo, président du comité interministériel créé par le Premier ministre chef le 8 novembre 2016, a convoqué une rencontre entre les parties concernées. Le Quotidien de l’Economie indique qu’il était entouré des représentants des services du Premier ministre, des ministres des Enseignements secondaires (MINESEC) Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, de l’Education de base (MINEDUB) Youssouf Adidja Alim, et de l’Emploi et de la Formation professionnelle (MINEFOP) Zacharie Perevet. Le ministre des Sports et de l’Education physique (MINSEP) Pierre Ismaël Bidoung Kpwatt, s’est fait représenter pour des raisons évidentes de préparation de l’ouverture de la CAN féminine prévue le lendemain.
En face, il y avait neuf syndicats d’enseignants tant du supérieur que du secondaire et une coalition des organisations de la société civile. 28 points ont été examinés. Il en est ressorti cinq saillants. Le comité a indiqué que l’unique contrainte d’admission d’un étudiant est de remplir les conditions fixées par la règlementation en vigueur. «En outre, dans l’optique de faciliter l’accès aux universités de tradition anglo-saxonne aux étudiants francophones et vice-versa, le comité recommande aux recteurs et vice-recteurs des universités d’Etat, le renforcement des programmes de capacitation des étudiants dans les deux langues», peut-on lire dans le compte rendu.
Formation des enseignants
Les «participants ont constaté à l’unanimité que, jouissant de leur pleine autonomie administrative et financière, les universités de Buea et de Bamenda recrutent prioritairement les enseignants et personnels d’appui ressortissants des deux régions anglophones, sans exclure les francophones méritants». Concernant le principe de l’équilibre régional, le comité interministériel a indiqué qu’il ne saurait exister d’Ecole Normale Supérieure exclusivement réservée aux ressortissants d’une seule Région. Il a été recommandé qu’un accent soit mis sur la densification des programmes d’enseignement, la maximisation de la formation des enseignants et la sensibilisation des parents et des élèves du secondaire afin de susciter assez de candidatures anglophones dans certaines filières, notamment les mathématiques. Le comité interministériel a reconnu «la nécessité d’appliquer les dispositions de l’article 16 de la loi n°98/004 du 4 avril 1998 portant orientation de l’éducation au Cameroun, à savoir un premier cycle de 5 ans et un second cycle de 2 ans, sanctionnés par des diplômes relevant du sous-système anglophone». Concernant les mutations des anglophones dans les établissements scolaires francophones, les participants ont convenu de voir les effets de la nouvelle politique de mutations des lauréats des écoles normales actuellement en cours d’implémentation au MINESEC en vue de leur rationalisation.
La colère des avocats
La grève des enseignants arrivent au moment où les avocats anglophones crient aussi leur colère. Les avocats d’expression anglaise qui constituent à peu près le tiers des membres du Barreau du Cameroun ont manifesté devant la Cour d’Appel de Bamenda en octobre. Ils annoncent d’ailleurs la création d’un nouveau barreau uniquement pour les anglophones. En fait, ils s’opposent à l’inexistence dans leur pays d’une version anglaise des Actes uniformes de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). A cela s’ajoute l’inexistence des versions anglaises du Code CIMA (Conférence Internationale des Marchés d’Assurance) et de la réglementation de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).
Ces avocats anglophones sont absents de tous les tribunaux du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Une situation qui perturbe le déroulement de nombreux procès en cours ou en gestation.
Lavoixdukoat avec Cameroun-info.net