Echo Chamber. C’est le nom du huitième album du célèbre vocaliste international d’origine camerounaise, Gino Sitson. A quelques heures de la sortie officielle, Gino présente en exclusivité à La Voix Du Koat son nouveau bébé de quatorze titres.
LVDK : Vous préparez la sortie de votre 8ème album, qui arrive dans ce 22 mars. Pourquoi ‘‘Echo Chamber’’ ?
Gino Sitson : Echo Chamber est le titre de cet album et aussi l’un des morceaux. Il est polysémique dans la mesure où, d’une part, je fais un clin d’œil à la musique de chambre et, d’autre part, cette pièce parle des personnes prisonnières de leurs «bulles de filtrage», qui ne prennent en considération que leur point de vue. Ces êtres humains qui communiquent essentiellement avec les gens qui sont d’accord avec eux… Ce morceau évoque le manque d’ouverture de certains. Ceux qui ne se réfèrent qu’à ce qu’ils connaissent ou à ce qu’ils prétendent connaître. Ce thème est une invite à un monde plus inclusif d’opinions, d’idées et d’environnements différents.
LVDK : Quels sont les thèmes développés dans cet album ?
Gino Sitson: Les thèmes abordés dans Echo Chamber s’inspirent du quotidien, de ma vie, de nos vies respectives. J’évoque l’amour, le malheur, la tristesse… À travers le titre Aladin Memories, je rends hommage à Jean Bikoko Aladin – décédé en 2010 – père de l’Assiko. Dans cet album, je reprends aussi le titre Makalapati qui parle de la corruption, sujet tristement d’actualité dans le monde. Morceau que j’ai composé il y a un certain temps déjà, qui a connu un grand succès, et que j’ai réarrangé pour cet album, lui donnant une qualité musicale toute autre.
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LVDK : Y a-t-il des particularités dans cet album, que ce soit au niveau de la musicalité, des messages, du nombre de titres ?
Gino Sitson: La particularité de ce 8ème album réside essentiellement dans l’orchestration. C’est de la musique de chambre. Avec Jody Redhage au violoncelle, Lev « Ljova » Zhurbin à l’alto et Mike Mc Ginnis à la clarinette. À ces trois musiciens remarquables formant avec moi un quartette de musique de chambre, viennent se joindre sur quelques titres le légendaire Manu Dibango au marimba, le talentueux René Geoffroy au bouladjel guadeloupéen, la brillante Maria João au chant, et l’excellente Sara Caswell au violon.
LVDK : Vous faites dans plusieurs styles et rien que votre voix est un cocktail de sonorités où on entend du Jazz, de l’afrosoul… Comment définiriez-vous votre musique si on vous posait la question ?
Gino Sitson: Je dirais que ma musique est le reflet de mon histoire. De tout ce qui m’a nourri spirituellement. De rencontres musicales, littéraires, humaines… De l’empreinte des pays dans lesquels j’ai vécu (Cameroun, France, États-Unis…). Et de tous ceux que j’ai découverts au fil de mes nombreux voyages à travers la planète. Il m’est difficile de coller à cette musique une quelconque étiquette. Cependant pour les besoins de marketing, on pourrait parler d’Afro-chamber-jazz. Mais je trouve dans certains cas réducteur de nommer une démarche artistique.
LVDK : Qu’est-ce qui est au menu de votre agenda culturel dans les jours et les mois à venir?
Gino Sitson : Je serai en tournée promotionnelle en Europe à l’occasion de la sortie de ce 8ème album Echo Chamber, du 21 mars jusqu’à mi-avril. Je serai par ailleurs en tournée sur le continent africain en fin d’année. Le Cameroun sera bien entendu au menu (sourire). À signaler aussi, la parution d’un ouvrage issu de mes travaux académiques au courant de cette année 2019. Vous pouvez avoir plus d’informations sur www.ginositson.com
LVDK : On remarque dans vos différents albums qu’il y a presque toujours quelques titres en votre langue natale, le Medumba. Pourquoi ?
Gino Sitson : Je chante essentiellement en Medumba, ma langue maternelle. La langue est le véhicule de la pensée humaine. Celle que j’utilise dans ma musique traduit le mieux mes émotions, mon histoire… Cette langue m’est précieuse. Et il me semble essentiel de non seulement la cultiver et l’entretenir mais aussi de la partager, même avec ceux qui ne la comprennent pas, car une langue, au-delà du sens des mots, c’est également une musique à laquelle tout être humain peut être sensible. Ceci étant dit, à mes yeux, il ne suffit pas seulement de chanter dans cette langue maternelle. Il faut surtout la transmettre. Ce que je fais avec ma fille. C’est fondamental. Et cela relève tout simplement du bon sens. Il s’agit ici de faire montre de cohérence avec soi-même.
Entretien avec Valgadine TONGA
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