Après des correspondances restées sans suite, dénonçant la sur taxation douanière, le Groupement de la filière bois du Cameroun annonce la mise en chômage technique de tout le personnel (des centaines de personnes), et l’arrêt des productions.
La filière bois au Cameroun est aux abois. Le Groupement de la filière bois du Cameroun annonce le licenciement de tout le personnel, ce 13 janvier 2023, si l’Etat demeure sourd à leur appel à l’aide. «La Direction Générale, en solidarité totale avec le Groupement de la filière bois du Cameroun (Gfbc), décide jusqu’à nouvel ordre, de la mise en chômage technique de l’ensemble du personnel à compter du 13 janvier 2023. Une indemnité de chômage économique représentant 50% du salaire de base et de la prime d’ancienneté sera versée aux salariés», écrit le Directeur Administratif de la Fabrique camerounaise de parquet, Fipcam.
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Dans sa note de service en date du 11 janvier 2023, la Direction Générale de la Fipcam, explique à ses employés (plus de 600) que leur mise en chômage économique engagée par le Gfbc fait suite «aux dernières augmentations de taxes contenues dans la loi de Finances 2023, des actions entreprises par l’administration des Douanes en vue de revoir à la hausse les valeurs imposables servant de base de taxation et au silence observé par le gouvernement depuis notre préavis de suspension des opérations douanières.»
Effectivement, dans une des correspondances adressée au Secrétaire Général à la Présidence de la République le 10 janvier, et dont nous avons eu copie, la Gfbc dénonce les difficultés inhérentes à la nouvelle loi de Finances. «Les entreprises de la filière bois au Cameroun sont confrontées à la sur taxation depuis un quinquennat : 60% pour l’augmentation de la taxe d’abattage ; 165% pour l’augmentation des droits de sortie des bois transformés ; 243% pour l’augmentation des droits de sortie des bois en grumes. La dernière augmentation contenue dans la Loi de Finances 2023 a été faite en marge des mesures prescrites par le comité interministériel ainsi que des recommandations du Premier Ministre… En dépit des augmentations, l’autre fait fâcheux est que l’administration des Douanes a entrepris de revoir à la hausse, les valeurs imposables servant de taxation ; ce qui nous amènerait à des augmentations pouvant aller à plus de 500%», lit-on dans la lettre signée du Président du Conseil exécutif du Gfbc, Jean Faustin Ngueyep et de la Délégué Générale Blandine Ouoguia.
Les entreprises de la filière bois du Cameroun avouent être dans l’incapacité d’honorer leurs obligations fiscales, douanières, bancaires, sociales, «avec une telle taxation, sans mettre la trésorerie en péril. Il est inadmissible que dans une économie, les produits transformés soient autant taxés à l’exportation.» Le gouvernement n’a plus que quelques heures pour négocier la survie des emplois de centaines de Camerounais, et l’équilibre des recettes de l’Etat.
Valgadine TONGA