La précarité de l’emploi au Cameroun pousse de plus en plus certaines personnes à redoubler de stratagèmes pour abuser des jeunes à la recherche d’un travail.
La voie qui mène à l’emploi au Cameroun est de plus en plus parsemée d’embûches. Et, elles sont nombreuses les personnes qui tirent profit de l’ignorance et du désir de la quête de l’emploi des chômeurs à des fins douteuses. De plus, grâce à l’expansion du numérique et la multiplication des réseaux sociaux notamment, Facebook et Whatsapp, les arnaqueurs profitent de ces plateformes pour répandre leurs informations.
Il y a quelques mois encore, Pierre Kaldadak, Directeur général de la Cameroun Postal Services (Campost), annonçait dans un communiqué un démenti de recrutement de 120 jeunes à la Campost. « Depuis un certain temps, il est diffusé avec insistance par des réseaux sociaux mal intentionnés, l’information selon laquelle une opération de recrutement de 120 jeunes à la Campost serait en cours. Le Directeur général oppose un démenti formel à cette information. Il appelle à la vigilance des uns et des autres et les invite à la prompte dénonciation de ces arnaqueurs », avait alors indiqué Pierre Kaldadak dans un communiqué de presse en date du mois d’aout 2016.
Arnaque virtuelle
L’usage des noms d’entreprises locales ou étrangères pour faire répandre des offres d’emplois erronées est devenue monnaie courante. Et ce n’est pas la délégation régionale du ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (Minefop) qui dira le contraire. « Nous avons fait ce constat. Seulement nous ne disposons pour l’instant d’aucun moyen pour attester la véracité. Si ce n’est que nous nous fassions interpeller sur le sujet», relève Roger Tongo N., Chef de service de la régulation de la main d’œuvre à la délégation régionale du Minefop.
Pour comprendre pourquoi, les chercheurs d’emploi se laissent aller à ces pièges, Alain Hakou, conseiller éducatif explique que les victimes seraient en réalité aguichées par de belles propositions affichées sur la toile. «Certaines opportunités sont trop belles pour être vraies. Et, sur le web les chercheurs d’emplois trouvent différentes offres de bourses d’études venant de l’Occident notamment du Canada. Lesquelles offres promettent aux candidats d’effectuer un voyage tous frais payés pour continuer les études dans une université canadienne de son choix ou encore des recrutements des Organisations non-gouvernementale (ONG). Il s’en suit en règle générale un premier contact et lors du second, un interlocuteur demande un paiement par virement ou Western Union de frais de dossier. Il s’agit alors sans aucun doute d’une arnaque », explique le conseiller éducatif.
A cette illustration, Lucien Mahim, étudiant en sait d’ailleurs quelque chose. Il a déjà été confronté à ce genre de situation. « Je m’étais intéressé à une offre d’emploi proposée par une entreprise canadienne. J’étais prêt à envoyer mes dossiers. Mais après, j’ai eu un brin de doute. J’ai fais quelques recherches sur l’entreprise en question je n’ai rien trouvé. Mais je suis tombé sur un message envoyé par un anonyme qui nous demandait de ne pas postuler, en prétextant que c’est de l’arnaque », raconte-t-il. Depuis lors, il est resté plus vigilant. Et, ausculte soigneusement les propositions faites sur le web, même si selon lui, ces individus usent toujours de nombreuses astuces pour abuser des nécessiteux.
Sites de recrutement de référence
Comme quoi, lorsque les entreprises choisissent de publier des offres d’emploi sur des sites de recrutement de référence, des officines copient et collent ces offres dans des groupes Whatsapp ou autres et se présentent comme en charge d’une présélection. En échange de cette présélection, non demandée par l’entreprise, ces officines demandent aux candidats de payer pour des frais médicaux, des tests de présélection ou des frais de participation, etc. Pourtant, un cabinet de recrutement sérieux ne demande pas aux candidats de payer. Si le candidat est intéressé par l’offre, il peut directement postuler sur le site en suivant les procédures indiquées. Comme l’explique Owen Cabon, ancien Directeur de Jumia Jobs, site de recrutement au Cameroun : «Le principe d’un site de recrutement est que le service est parfaitement gratuit pour le candidat. Chez Jumia Jobs, nous considérons qu’il est important de sensibiliser le chercheur d’emploi sur le sujet. C’est pourquoi nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux où nous informons des arnaques les plus répandues ».
A la délégation régionale du ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (Minefop) du Littoral, l’on apprend qu’aucune disposition n’a encore été prise pour réguler ce secteur. Pour l’instant, les agents du Minefop se contentent d’interpeller les entreprises et les personnes victimes des offres d’emploi frauduleuses en ligne. « Ce que nous faisons, c’est passer des communiqués, pour plus de vigilance. Lorsqu’on voit des annonces d’offres d’emploi publiées sur les réseaux sociaux ou encore sur les plateformes de publicité physique, on essaye souvent de prendre contact avec les entreprises concernées», avance Roger Tongui, également administrateur principal du travail.
G.D.