Précédemment en 2018, nous avions effectué une pesée de l’offre des programmes politiques de candidats à l’élection présidentielle. En 2025, ces programmes seront probablement enrichis par les différents candidats.
EN 2018 C’ÉTAIT « NOS BALLONS D’OR » : MAURICE KAMTO ET SERGE ESPOIR MATOMBA, DES VISEURS LUCIDES SUR LE SPORT CAMEROUNAIS.
Deux hommes politiques se démarquaient nettement lorsqu’on observait la place qu’ils accordaient au sport dans leur programme : Maurice Kamto et Serge Espoir Matomba. Tous deux partageaient une vision ambitieuse, moderne et structurée du rôle stratégique que peut jouer le sport dans le développement du Cameroun.

Maurice Kamto : le sport comme levier d’unité et de transformation
À l’époque candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto considérait le sport comme un instrument puissant de cohésion nationale et un vecteur central de développement. Là où d’autres se contentent de déclarations d’intention, le Professeur Kamto avait chiffré ses engagements : 100 milliards de FCFA investis sur cinq ans pour doter les 360 communes du pays d’infrastructures sportives de proximité.
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Mais l’ambitieux programme ne s’arrêtait pas à la construction de stades. Il projetait une réforme en profondeur de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS), qui deviendrait une École Supérieure de Management des Organisations Sportives. Objectif : former une nouvelle génération de professionnels qualifiés dans les domaines du droit du sport, du marketing sportif et du management, capables de hisser le Cameroun au rang de référence continentale. Maurice Kamto entendait également redéfinir la relation entre l’État et les fédérations sportives, via l’instauration de contrats de performance et de mécanismes d’évaluation rigoureux. L’école n’est pas oubliée : il prévoyait de généraliser les lycées et collèges sport-études dans les cycles primaire et secondaire. Seule limite de son programme : une absence notable d’initiatives autour du sport comme instrument diplomatique ou levier d’emploi massif pour les jeunes. Nous espérons que dans son programme 2025, il enrichira ces points.
Serge Espoir Matomba : le sport comme hygiène nationale et moteur d’inclusion
De son côté, le leader du PURS proposait une vision audacieuse, presque révolutionnaire : faire du sport une obligation citoyenne. Dans son projet, chaque entreprise devrait consacrer au moins deux heures par semaine à la pratique sportive pour son personnel, et tout Camerounais physiquement apte y sera également astreint. Pour soutenir cette ambition, il prévoyait de créer des clubs sportifs dans toutes les collectivités territoriales décentralisées. Son approche du sport-études, largement inspirée du modèle nord-américain (NBA), reposait sur un équilibre strict entre performance académique et excellence sportive : pas de progression dans la carrière d’un athlète sans résultats scolaires probants. Chaque département devra disposer d’un lycée ou collège sport-études, ancré dans cette logique d’excellence double.
Matomba va encore plus loin en abordant la question de la reconversion des athlètes. Son programme 2018 prévoyait des dispositifs d’intégration dans les entreprises, les médias, les clubs et les établissements d’enseignement spécialisés. Il était d’ailleurs le seul candidat à accorder une place concrète aux agents sportifs, souvent oubliés dans les politiques publiques. Il annonçait la création de 500.000 emplois directs et indirects liés au sport, un objectif séduisant mais qui soulève des questions de faisabilité : quel modèle de financement ? Quelle organisation structurelle ?
Autre promesse ambitieuse : organiser la Coupe du Monde de football au Cameroun, une perspective qui, en 2018, semblait relever plus de l’aspiration que du réalisme, au vu des difficultés rencontrées par des pays comme le Maroc malgré des décennies d’efforts. Cependant, le programme de Matomba avait le mérite d’évoquer l’économie du sport — un domaine souvent ignoré — même si le développement de ses propositions restait sommaire.
Surtout, il était le seul candidat de 2018 à mettre en avant les disciplines sportives traditionnelles nationales telles que la lutte, la course de pirogue ou la course de chevaux, montrant une sensibilité rare au patrimoine culturel camerounais.
Conclusion : Deux projets qui méritaient ’être salués
Dans une scène politique où le sport est souvent relégué au rang de divertissement secondaire, Kamto et Matomba faisaient figures d’exception. L’un structurait, l’autre bousculait. L’un bâtissait, l’autre mobilisait. Mais tous deux posaient en 2018 le sport comme une pièce maîtresse dans la construction d’un Cameroun plus uni, plus fort, plus moderne.
Mercredi 6 août prochain, nous présenterons nos ‘BALLONS DE BRONZE 2018″.
Par Nasser NJOYA
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