En visite de travail à Douala, la ministre a constaté avec amertume le retard accusé dans les chantiers du Chan et de la Can. Une réalité en inadéquation avec les rapports qui lui parvenaient.
Furieuse ! Le vocable n’est pas suffisamment puissant pour qualifier l’ire de la ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu). Ulcérée par le constat qu’elle a elle-même fait sur le terrain, Célestine Ketcha Courtès qui a poursuivi sa visite de 48h à Douala à l’effet de vérifier l’évolution des chantiers des voies d’accès et des voies de contournement, ainsi que des voies secondaires nécessaires à la mobilité urbaine, en est sortie les nerfs à fleur à peau. Des drains derrière le marché Sandaga au Buns Bonanjo Cnps, en passant par le chantier Routd’ Af à Bonabéri, Entrée lycée Polyvalent, chantier Arab à Bonateki, Rond Point Dakar… la ministre, du haut de ses Compensées, a pris son temps pour voir, écouter les employés, les riverains et maitres d’oeuvre ce samedi 3 août 2019,
A plusieurs reprises, le délégué régional du Minhdu, Christophe Fomen et le délégué du gouvernement de la Communauté urbaine de Douala, Fritz Ntonè Ntonè, ont essuyé la colère de l’ancienne maire de la commune de Bangangté, très pointilleuse en matière d’exigences relatives à l’aménagement de la ville. Le courroux de cette dernière se justifie par le fait que ses collaborateurs se sont visiblement permis le luxe de lui envoyer des rapports en déphasage avec la réalité. Une attitude inacceptable pour la nouvelle patronne du Mindhu. «Monsieur le délégué du gouvernement, vous aviez dit que cette route était achevée», tempête-t-elle par endroit. Au Carrefour St Michel, son indignation réjouit la population, au grand dam du Dr Fritz Ntonè Ntonè. Le magistrat de la ville de Douala est sans voix. Le délégué régional du Minhdu bricole quelques explications, sans convaincre sa tutelle.

Le bluff de la prorogation de délais
Le débriefing qui va suivre va permettre à Célestine Ketcha Courtès de sonner le glas de la récréation. Au délégué du gouvernement : «Nous avons vu l’envahissement des trottoirs par les commerces. Votre ville accueille le Chan 2020 et la Can 2021. Il faut prendre des mesures exceptionnelles pour soigner l’image de la ville et libérer les commerces sur les trottoirs ; encadrer les entreprises du secteur pour la destruction du mur qui empiète l’ouvrage (au niveau du carrefour Saint Michel, ndlr) ; saisir d’urgence le régisseur pour le déplacement du panneau en plein axe du chantier d’Arab Contractor au plus tard lundi, et soumettre un plan d’action pour résoudre les problèmes d’insalubrité dans le cadre de la préparation de la Can.»
Concernant les entreprises de Btp, elles ont, dans la grande majorité, sollicité une prorogation de délais, soit en décembre prochain. Une attitude qui n’a pas plu au ministre. Elle a encore en mémoire, les promesses à elle faites lors de sa première descente sur le terrain, en février dernier, après sa nomination au gouvernement. L’ancienne maire de Bangangté avait alors constaté avec stupéfaction que plusieurs chantiers étaient en arrêt. Les entreprises qui accusaient toutes le problème de paiement, avaient par la suite reçu des financements, sur instruction sur président Paul Biya. Pour ces nouvelles prorogations sollicitées, Ketcha Courtès a été claire avec les entreprises adjudicataires : «Soumettez-moi dès lundi, un engagement écrit, sans incidence financière, que vous livrerez les chantiers en décembre».
A Bonamikano dans l’arrondissement de Douala 4ème, un projet entamé en 2017 n’a pas été finalisé, sevrant les populations d’eau potable. «Un chantier qui fait que les populations n’aient pas de l’eau pendant un an et demi, c’est vraiment inacceptable. Si on parle de 2017, ça veut dire que c’est depuis cette année que les populations n’ont pas de l’eau. En attendant qu’on vous accorde ce qu’il y a à vous payer, il est urgent de restaurer l’eau dans le secteur», a prescrit l’autorité au maitre d’oeuvre. Il a également été ordonné aux entreprises de Btp de mobiliser la main d’œuvre telle que prévue dans les cahiers de charges, et de recruter beaucoup chez les jeunes des quartiers où les ouvrages sont effectués. Elles doivent aussi : «Mettre les journaux de chantiers des entreprises à jour, les parapher et transmettre copie à Yaoundé tous les lundis pour apprécier l’évolution sur tous les chantiers. Je souhaite qu’il y ait une déviation au niveau de Nyalla que j’ai visité hier (vendredi, ndlr). Je vous préviens que je reviendrai de nuit, cette fois sans motard sans annonce, vérifier l’évolution des travaux. Les retards désormais seront imputables au maître d’ouvrage et à la mission de contrôle.»
Valgadine TONGA
En bref…
Mbanga Bakoko a ses premiers clients
Ils ont attendu des années pour intégrer leurs appartements. C’est désormais chose faite. Le ministre de l’Habitat et du Développement urbain a procédé, vendredi 2 août à la cérémonie de remise des clés des appartements, aux premiers acquéreurs des logements sociaux de Mbanga Bakoko à Douala. Merveille (nom d’emprunt) dit avoir dépensé environ 17millions Fcfa pour sa maison.

«C’est une immense joie pour moi comme pour les autres acquéreurs de recevoir ces clés, parce que c’est depuis 2013 que nous attendons. C’est une lueur pour tous les autres qui ont envie de venir sur ce site et je pense que ça va être le commencement d’une série qui va permettre que cette cité soit véritablement habitée pour le bonheur des Camerounais.» C’est d’ailleurs une promesse du ministre : «Nous sommes à peu près à 51 personnes et tous les quinze de chaque mois, nous allons nous organiser pour que ceux qui sont en cours, au niveau du Crédit foncier, que ces bâtiments qui sont finis et disponibles pour les acquéreurs soient occupés. A Yaoundé c’était une trentaine, aujourd’hui c’est 51 personnes. Presque cent personnes logées ce n’est pas rien. C’est un début. Il était important de montrer que ces logements sont là et disponibles aux Camerounais qui ont besoin d’un logement décent», dixit Célestine Ketcha Courtès.
V.T.