Une réunion de concertation régionale réunissant les ministres et experts financiers de la communauté se tient depuis ce vendredi 5 juillet 2019 au siège de la Beac à Douala.
Réunion de concertation régionale sur les projets intégrateurs dans la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique Centrale (Cemac). Les travaux sont d’une importance manifeste. Les ministres des pays de la région Afrique Centrale, le président de la Commission de la Cemac, les présidents des institutions communautaires…les experts des six Etats membres de la Cemac n’ont pas pu bouder les travaux des 5 et 6 juillet au siège de la Beac à Douala. Ils sont bien conscients que l’Afrique Centrale peine à décoller. Comme l’a indiqué le Professeur Daniel Ona Ondo, le président de la Commission de Cemac, cette rencontre est une recommandation de la 14ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et du Comité de pilotage du Pref-Cemac (Programme de reformes économiques et financières de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique Centrale).
«L’exigence de cette réunion trouve sa justification dans les défis qui nous interpellent face au faible taux d’intégration physique et commerciale des Etats de la zone Cemac. Avec le plus faible réseau d’infrastructures ainsi que le plus faible taux des échanges commerciaux intracommunautaires, moins de 3% contre une moyenne de 10% pour les autres communautés économiques, régionales sur le continent, l’intégration régionale peine à devenir le moteur de croissance et de développement des économies de la zone Cemac», situe Pr. Daniel Ona Ondo. Il reconnaît aussi que jusqu’ici, les travaux du Programme économique régional (Per), n’ont abouti à rien. Le Per est la principale plateforme où sont listés les projets fédérateurs à même de développer les pays de la sous région. Cependant, fustige le président de la Commission Cemac, «près de vingt ans après son adoption, par la Conférence des Chefs d’Etat à Bangui, nous ne pouvons-nous satisfaire de l’état de sa mise en œuvre. Au terme de sa première phase opérationnelle sur la période 2011-2015, les résultats atteints ont été si mitigés qu’il a été nécessaire d’adopter une approche plus pragmatique et inclusive qui a donné lieu à la conception du Plan opérationnel 2017-2021 (Per phase2)».
Maturité des projets
Pour que le Per 2 ne soit pas un flop et que les bailleurs de fonds s’engagent à financer les projets de développement retenus par le Pref-Cemac, les dossiers doivent être on ne peut plus matures. Pour la première phase du Per, les projets retenus n’étaient «pour la plupart qu’au stade d’idées de projets, sans étude de faisabilité préalables pour juger leur bancabilité, leurs impacts socioéconomiques et environnementaux», dénonce le président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique Centrale (Bdeac), Fortunato-Ofa Mbo Nchama. Et d’ajouter : «En Afrique Centrale, notre plus grande faiblesse dans la mise en œuvre des projets de développement réside dans la disponibilité à bonne date des études de faisabilité. Nos délais de passation de marchés et de réalisation des études sont extrêmement longs, en moyenne trois ans» et peuvent s’étendre sur six ans.
Les experts du Cameroun, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, du Congo, de la Centrafrique et du Tchad doivent donc plancher sur les projets intégrateurs à prioriser, parmi les treize identifiés. Pendant ces deux jours, ils devront notamment «passer en revue les projets communautaires et les projets nationaux donc le caractère intégrateur et le niveau de maturité sont avérés, ponctue le ministre d’Etat Gilbert Ondongo, par ailleurs président du Comité de pilotage du Pref-Cemac. Vos travaux doivent permettre de dresser un ordre des projets intégrateurs, s’assurer de leur état de maturité à ce jour, apprécier l’impact de ses projets une fois mis en œuvre dans les pays, actualiser en temps de besoin l’évaluation financière des projets, mettre à jour les fiches de présentation des projets pour faciliter la recherche des financements…» Au rang des treize projets, on note la construction d’une dorsale régionale de télécommunications en ligne, la construction du satellite Afrique centrale, la production et l’interconnexion électrique régionale, la construction de trois ports secs, la construction de la boucle ferroviaire Cemac.
Valgadine TONGA