Les dignitaires Sawa invitent, en outre, Paul Biya à répondre à un rituel, recommandé par les ancêtres.

Les autorités traditionnelles Sawa, réunies sous la bannière du Ngondo ont tenu une concertation, le lundi 28 mai 2018 au Palais Dika Akwa à Douala. La réunion extraordinaire a tourné autour du climat sociopolitique actuel, notamment, la sortie discourtoise de l’ambassadeur américain Peter Henry Barlerin. Face aux médias, le diplomate avait invité le président Paul Biya à ne pas se présenter à la présidentielle de 2018. Dans la déclaration qui a censuré sa réunion, le Ngondo dit voir en la sortie de l’ambassadeur la «manifestation flagrante et pernicieuse d’une ingérence étrangère dans la perspective de la prochaine élection présidentielle». Et «condamne avec la dernière énergie, cette regrettable dérive qui porte atteinte aux us et coutumes en matière diplomatique.»
Les dignitaires Sawa félicitent le gouvernement camerounais «pour sa prompte et vigoureuse réaction». Fidèle à sa déclaration du 10 avril courant, où ils demandaient à Paul Biya de briguer un autre mandat, le Ngondo a renouvelé son appel. Il exhorte le président en exercice, leur «fils adoptif à engager courageusement les actions nécessaires en vue de s’assurer une réélection triomphale et indiscutable à la prochaine échéance.» L’invite est également faite au chef de l’Etat de fortifier les liens avec les ancêtres. Il s’agit, selon les autorités traditionnelles, des «interpellations sacrées venues des profondeurs aquatiques ancestrales.» Paul Biya est attendu, «à une date à sa très haute convenance». L’objectif sera de «renouveler et retonifier solennellement le pacte qui l’unit au peuple Sawa depuis plusieurs décennies déjà.»
La déclaration lue par le président en exercice du Ngondo, Sa Majesté Madiba Songue, a laissé les médias sur leur faim. Le fait est que, à l’annonce de la rencontre du Ngondo avec la presse, tous étaient persuadés que la destruction -par le canton Bell- du chantier devant abriter la stèle du héro national Um Nyobe serait le sujet à l’ordre du jour. Que non ! Le Ngondo n’y a même pas fait allusion. Le Ngondo aurait-il lâché le Roi Bell à la vindicte dans cette affaire ? Le Ngondo approuve-t-il ce qui a été fait? Le silence du Ngondo suscite en tout cas moult interrogations.
Valgadine TONGA