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AccueilChômage, la solution par la consommation camerounaise

Chômage, la solution par la consommation camerounaise

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Consommer camerounais est l’un des slogans qu’utilisent les adeptes du patriotisme économique. Adopter cette habitude selon eux permettrait de valoriser la production locale et par-delà sortir les compétences camerounaises de la précarité dans laquelle elles se trouvent, et surtout sont maintenus de manière consciente ou pas. Un enseignant d’université à la retraite illustre ce phénomène de faible consommation des produits locaux par cette anecdote. Appelé à contribuer à la mise sur pied d’une entreprise locale il y a quelques années, il fait installer un logiciel de gestion développé par ses étudiants en informatique. Le produit marche à merveille, et contribue à la bonne santé de cette structure naissante. L’expérience dure pendant 12 ans, jusqu’au moment où il y a des changements à certains postes de l’entreprise. Les nouveaux arrivants, sans déterminer une défaillance quelconque dans le fonctionnement du logiciel, décide de la remplacer par un autre logiciel importé, le fameux SAGE-Saari, ce logiciel comptable dont la maîtrise est exigée dans les offres d’emploi à bon nombre de comptables au Cameroun. Mais d’où vient ce logiciel ?
Une idée d’étudiant
En 1980, pendant ses études, un jeune informaticien du nom de Graham Wylie, étudiant à l’université de Newcastle au Nord Est de l’Angleterre , fait un stage d’été au sein d’une entreprise dont le but est de développer un logiciel d’aide à la comptabilité pour les petites entreprises. Dans le cadre de ce stage, il développe pour l’entreprise d’impression de David Goldman un logiciel comptable d’émission de devis. En 1981, David Goldman embauche Graham Wylie et un autre universitaire Paul Muller qui travaillait pour la NASA, pour créer l’entreprise Sage à Newcastle upon Tyne. L’entreprise commence par la vente de ses solutions comptables aux imprimeurs locaux, puis étend son activité à toutes les entreprises, indépendamment du secteur d’activité.
Trois ans plus tard, elle met sur le marché un logiciel dénommé Sage Software. Cette année-là, les ventes des solutions Sage décuplent, passant de 30 ventes par jour à 300, et l’entreprise est introduite à la bourse de Londres après 8 années d’existence, en 1989. Deux ans plus tard, Sage s’implante aux États-Unis au travers de l’acquisition de DacEasy, le développement international se poursuit en 1992 avec le rachat de l’entreprise Ciel, qui ouvre à Sage le marché français. En 1994, Sage intègre Saari SA, en France, le tout forme le logiciel Sage Saari qui est aujourd’hui presqu’incontournable pour les services paie et comptabilité, du moins pour ce qui concerne le Cameroun. L’entreprise est allé grandissante chaque année, en s’implantant progressivement sur tous les continents. En Australie, en Afrique du Sud, en Inde, en Malaisie, en Chine, et tout récemment au Brésil, Sage se présente désormais comme un groupe international à la dimension locale. Elle diffuse à ce jour ses logiciels dans plus de 100 pays et compte 23 filiales, chacune développant des solutions pour son marché tout en partageant ses innovations avec les autres. Stephen Kelly, Pdg depuis 2014, continue de développer la vision du groupe avec quelques 12 700 collaborateurs et plus de 6 millions 300 000 entreprises clientes dans le monde. En 2012 le chiffre d’affaires annuel de Sage montait à un milliard 589 millions d’euros avec une croissance de 3%, soit environ mille trente-deux milliards 850 millions de francs Cfa, c’est-à-dire le quart du budget annuel du Cameroun en 2019.
Des actes aux antipodes des discours
Pourtant ce logiciel est simplement l’œuvre d’un étudiant comme on en a au Cameroun, à la différence que les entrepreneurs en Angleterre ont cru et su exploiter ce génie, et les gouvernements ont su valoriser leurs fils. Le pays a su faire confiance au produit de ses universités, des conditions étaient propices pour le développement des affaires, et voilà l’invention d’un étudiant qui aujourd’hui peut acheter le Cameroun. Au pays de Paul Biya, le discours dit vouloir encourager la jeunesse dans l’invention et les créations d’emplois, et en même temps l’on part en Asie acheter les ordinateurs comme dons aux étudiants pour 75 milliards, alors que dans le même temps en Côte d’Ivoire le gouvernement utilise 4 milliards pour mettre sur pied une usine de montage des ordinateurs, qui utilise l’expertise locale et emploi la main d’œuvre nationale.
On parle au niveau gouvernemental de lutter contre le chômage, mais chaque année des centaines de millions sont transférés à l’étranger dans l’achat des meubles importés pour les bureaux ministériels et directoriaux, alors que le Cameroun regorge de fins techniciens du bois en mesure d’innover et de proposer des modèles futuristes qui satisferaient même les plus exigeants. Pour des raisons que seuls les initiés peuvent comprendre, on va fabriquer du béton à l’extérieur pour venir au Cameroun construire des stades, comme si le sable Mungo ou de la Sanaga était inapproprié pour ces ouvrages, comme si au Cameroun même les pauvres maçons du Carrefour maçon à Douala Bonamoussadi étaient incapables de tourner le béton. La lutte contre le chômage, la création d’emploi consisterait aussi et surtout, à commencer par donner de la valeur à la production locale, qu’elle soit intellectuelle ou physique, c’est en cela que l’économie reprendra aussi son souffle. Comme on parle de septennat des grandes opportunités, en voilà une.
Roland TSAPI

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