Dans cette interview accordée à La Voix Du Koat, le sénateur Undp, Pierre Flambeau Ngayap explique les avantages de la loi de finances rectificative qui vient d’être adoptée par les deux chambres du parlement camerounais ; et qui permet de réévaluer le budget 2022 de l’Etat.
LVDK : C’est quoi le principe de la loi de Finances rectificative ?
Hier (lundi 27 juin 2022), le parlement a voté la loi de Finances rectificative du budget 2022. La loi de Finances rectificative est une loi qui rectifie la loi de Finances initiale en cours d’exécution. Il y a deux modalités de révision de la loi de Finances. On peut la réviser par ordonnance présidentielle ou par projet de loi de Finances rectificative. Par ordonnance, le président de la République prend une ordonnance, dans l’urgence. Cette ordonnance reste un acte réglementaire tant qu’il n’a pas été ratifié par le parlement. Le président de la République a pris une ordonnance le 2 juin 2022, modifiant la loi de Finances 2022 et l’a soumise au parlement pour ratification. Cette ratification est intervenue hier (lundi 27 juin 2022). La loi de Finances qui transite par la voie parlementaire, c’est comme la loi de Finances initiale, qui va directement au parlement et qui est adoptée comme une loi de Finances normale. Le gouvernement a choisi la voie de l’ordonnance.
LVDK : Que retient-on de cette loi de Finances rectificative qui vient d’être adopter par le parlement ?
L’essentiel de cette loi de Finances rectificative 2022, c’est que le budget est passé de 5600milliards Fcfa à 6000milliards Fcfa. Il y a un accroissement d’environ 400milliards, dû principalement au renchérissement du coût du pétrole depuis le début de l’année. Le Cameroun étant un producteur et vendeur de pétrole, il encaisse un plus de recettes qu’initialement prévu. Il y a donc 400 milliards qui arrivent dans le budget de cette année.
LVDK : A quoi seront affectés ces milliards supplémentaires ?
Le gouvernement a décidé d’affecter une grande partie à la satisfaction des revendications des enseignants. Et une autre partie par anticipation, à la revalorisation de la situation des personnels de santé. C’est en gros ce qu’on peut retenir de cette loi de Finances rectificative. Les enseignants rentreront en possession de leurs dus qu’ils réclament depuis les grèves des mois de février-mars. Ils ont déjà commencé à percevoir et cela s’étalera sur environ deux ans. Ce qu’on a dégagé permet d’assurer les promesses de 2022.
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LVDK : Et pour les années à venir ?
En 2023, il y aura une dotation de 66 milliards Fcfa pour les enseignants et les personnels de santé.
LVDK : Dans une interview accordée à La Voix Du Koat récemment, un économiste craignait que cette réévaluation du budget de l’Etat ne fasse grimper les prix du carburant, de la bouteille de gaz… Qu’est-ce qu’il en est exactement ?
Les 400 milliards engrangés de manière inattendue servent à continuer de subventionner le carburant à la pompe. Le Cameroun s’est engagé à ne faire augmenter aucun prix, le prix d’aucun produit dont il maîtrise les prix. Cela fait 20 ans que le prix du litre de super est à 630 Fcfa et le prix du pétrole à 450 Fcfa. Il n’y a pas à s’inquiéter pour cela. C’est toujours dans cette palette additionnelle que le ministre du Commerce a annoncé, il y a quelques jours, que pendant pratiquement un mois, des marchés spéciaux vont être installés dans des grandes métropoles pour vendre des produits de première nécessité au prix coûtant, c’est-à-dire plus bas que les prix habituels. Si un commerçant achète un produit à 500 Fcfa pour le revendre à 600 Fcfa afin d’avoir son bénéfice de 100 Fcfa, le gouvernement achète à 500 Fcfa pour le revendre à 500 Fcfa. Tout cela, afin de lutter pour que les prix ne gonflent pas, et contenir l’inflation.
LVDK : Passée l’adoption du nouveau budget, reste le débat de l’orientation budgétaire…
Le débat de l’orientation budgétaire est le moment le plus important de la session de juin. Il consiste en ce que le gouvernement vient demander aux parlementaires, l’orientation souhaitée pour préparer le budget de 2023. C’est ce débat qui permet au gouvernement de prendre le pouls des besoins de la population, représentée par les parlementaires. Le débat commence d’ici vendredi. Tout commence à l’Assemblée nationale et trois quatre jours plus tard, le débat se poursuit au sénat. Les parlementaires travaillent avec les Organisations de la société civile, qui font remonter les problèmes de la population parce que nous ne sommes pas forcément au courant de tous ces problèmes. De plus, la société civile est organisée par secteur.
Entretien avec Valgadine TONGA