Dans une volumineuse lettre adressée à la Caf, et surabondamment répandue sur les réseaux sociaux, le membre du comité exécutif de l’instance, annonce qu’il démissionne du Comité d’urgence et de la présidence de la Commission d’organisation du Championnat d’Afrique des nations (Chan) non sans décrier les dérives autoritaires du président de l’instance.
The game is over ! Membre du comité exécutif de la Confédération africaine de football, Musa Bility avait surpris tout le monde en déclarant en décembre dernier que le principe du glissement des Can n’avait jamais été entériné par le Comex de la Caf. Et depuis, les relations entre le Libérien et le président de l’instance panafricaine, Ahmad Ahmad, ne sont pas allées en s’arrangeant. Au contraire… Dans un courrier daté du 1er février, Bility annonce à ses supérieurs qu’il renonce à deux de ses fonctions, président de la Commission d’organisation du Championnat d’Afrique des nations (Chan), et membre du Comité d’urgence de la Caf, en tirant à boulet rouge sur le Malgache qu’il accuse d’abus de pouvoir et d’autoritarisme. « Je pense que nous sommes dans une situation pire qu’il y a deux ans », s’est inquiété l’homme en faisant référence à l’élection d’Ahmad, qui avait mis fin à 30 ans de règne d’Issa Hayatou. « L’ironie dans tout ça, c’est que c’est la raison pour laquelle nous nous sommes battus pour que les choses changent », a déploré Bility avant d’expliquer en détails les raisons de sa colère.
Pour lui, très clairement, la Caf marche sur la tête. « Le pouvoir exécutif de la Caf est conféré au comité exécutif. En d’autres termes, vous (le président Ahmad) ne pouvez pas assumer des prérogatives que vous n’avez pas. Chaque décision du président de la Caf doit être approuvée par le Comité exécutif. Or, ce n’est clairement pas le cas actuellement. » « Je ne peux plus supporter le fait de travailler à ces postes face aux lubies et aux caprices d’un président qui, je pense, est en train de diriger cette noble institution dans la mauvaise direction », a encore taclé le dirigeant qui tire aussi la sonnette d’alarme en évoquant une somme de 200 000 dollars virés sur le compte d’une obscure entreprise en Pologne. « J’espère que ma démission servira de réveil afin que nous restions fermes et que nous assurions que la Caf soit dirigée comme il faut, en accord avec les statuts, de manière à apporter un réel changement au football africain. C’étaient nos lignes directrices lors de notre quête de changement. Ne laissons pas notre mission et notre vision détournée en plein vol », a-t-il exhorté.
Enterrer la hache de guerre

En rappel, l’ex-patron de la Fédération libérienne de football (Liberia FA) n’en est pas à son premier bras de fer avec un président de la Caf. En 2012, c’est lui qui avait saisi le Tribunal arbitral du sport (Tas) contre une modification des statuts de la Caf empêchant de facto l’Ivoirien Jacques Anouma de se présenter face à Hayatou, président du foot africain. Le Tas avait donné tort à la Liberia FA. Musa Bility avait par la suite tenté d’enterrer la hache de guerre lors de la réélection (par acclamation) du Camerounais, en 2013 à Marrakech. Mais Hayatou lui avait répondu devant l’assistance : « Surtout, vous auriez dû vous abstenir de faire ça. » En 2015, lorsque le Libérien s’était lancé dans la course à la présidence de la Fédération internationale de football (Fifa), le « Comité exécutif de la Caf [avait] décidé à l’unanimité de ne pas [lui] apporter le soutien réclamé […], tout en lui souhaitant bonne chance ».
Musa Bility avait ensuite été écarté de la liste des candidats pour la Fifa, après avoir échoué à un examen sur l’intégrité de sa candidature. Ce dernier s’était alors évertué à faire élire le Suisse Gianni Infantino, contre le favori de la Caf et d’Issa Hayatou, le Sheikh Salman. Sa suprême revanche, Musa Bility l’a toutefois obtenu le 16 mars 2017 lorsqu’Ahmad a délogé le baobab camerounais du pouvoir, après 29 années d’exercice. Depuis, un fossé s’est néanmoins creusé entre le Malgache et l’anglophone. Ce dernier a notamment pris de court la présidence en assurant que, le 30 novembre, la Can 2021 n’a pas été retirée à la Côte d’Ivoire pour être attribuée au Cameroun. La réponse d’Ahmad est donc désormais attendue.
Daniel NDING avec Afrik-foot