La question d’un retour à l’innocence première, source de l’art nègre, était au centre d’un talk organisé en marge de l’exposition Masque à Masque de la troisième Edition Hin’Art Expo. Une initiative de l’hôtel Akwa Hin.
Depuis le début du 20ème siècle, la culture noire s’est rendue visible et est entrée dans l’horizon du public européen, grâce à l’art noir. Alors que la génération des détenteurs du savoir de cet art s’en va, c’est tout un pan de la culture africaine qui risque s’éteindre. C’est donc conscient de ce risque et soucieux de conserver notre patrimoine culturel que, dans le cadre de la troisième édition de l’exposition HIN ART de l’Hôtel Akwa Hin, Sarah Temgoua a axé la thématique autour de Masque à Masque.
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L’atelier a réuni Koko Komegne, un doyen de l’art africain, et de nombreux étudiants qui sont en majorité des filles. Pour Louise Abomba, la commissaire de l’exposition « L’idée est d’accompagner les femmes non pas dans la posture de la revendication, d’exigence ou de reconnaissance. Mais de pouvoir accéder à des choses qui parfois ne sont pas toujours attribuées. Parce que la statue africaine est destinée à l’homme. C’est l’homme qui fait les masques qui sont ensuite utilisés dans les rituels. Ici, l’idée était de pouvoir rendre accessible cette technicité».
L’innocence première
En marge de l’exposition Masque à Masque, un talk a été organisé jeudi 2 février à l’Hôtel Akwa Palace. Si l’atelier Masque à Masque met en avant la femme dans un domaine spirituel dont le pouvoir est détenu par l’homme, Louise Abomba nous fait savoir que « désormais tout est possible et qu’il suffit juste d’oser et d’y mettre de la manière.» Car on remarque depuis deux décennies, qu’il n’y a pas de femmes dont le médium est la statuaire, le bois ou le masque. « Il est donc impératif qu’on transmette ces valeurs aux femmes et qu’elles s’approprient ce médium», affirme-t-elle.
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Koko Komegne qui rejette toute forme d’esclavage artistique, où le travail de l’artiste est commandé et imposé à l’avance. «Nous devons sortir de toute forme d’esclavage. Les artistes plasticiens et ceux de l’art contemporain sont livrés à une sorte d’esclavage. On ne commande pas l’esprit. L’artiste ne doit donc pas céder à l’esclavage des réseaux, des marchands d’art, des musées d’art. Toute démarche artistique doit se fonder sur la liberté. On ne doit pas faire de l’art pour plaire à un quiconque», soutient-il pendant le talk. Et de poursuivre : «Nous n’avons pas les mêmes critères d’excellence que l’occident chrétien. Nous n’avons pas les mêmes référentiels que les occidentaux qui sont par excellence des Carpe Diem, c’est-à-dire, vivre aujourd’hui comme si j’allais mourir demain. L’Africain ne vit pas pour lui, sinon pour l’autre.»
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L’exposition Masque à Masque se poursuit jusqu’au mois de mars qui est un mois dédié à la femme.
Malcolm Radykhal EPANDA