La vague de suspension infligée à 17 arbitres camerounais mardi dernier pour contribution volontaire à de mauvais résultats, remet au goût du jour la problématique du corps arbitral et les rapports incestueux que les « Hommes en noir » entretiennent souvent avec les dirigeants de clubs.

Des hommes en noir sur une liste rouge ! A l’ouïe, le jeu de mots peut être bluffant mais cela peint à suffisance le tableau noir de l’arbitrage au Cameroun. La première sanction de la Ligue du football professionnel du Cameroun (Lfpc) à l’encontre des hommes en noir est tombée ce mardi 12 avril 2017. Elle touche 17 arbitres et arbitres assistants, qui écopent d’une suspension à titre conservatoire, jusqu’à nouvel ordre de toutes les activités organisées par la Lfpc. Dix-sept arbitres principaux et assistants, accusés d’avoir « volontairement contribué à fausser les résultats de rencontres», ont été donc suspendus). La note, signée de la secrétaire général de l’institution, Thérèse Pauline Manguele, précise que cette sanction est sans préjudice des procédures administratives et disciplinaires qui pourraient être engagées par la fédération nationale de la discipline (Fécafoot) à leur encontre.
Pots de vins, dessous de table …
La goutte d’eau ayant fait déborder le vase, indiquent des sources introduites, est intervenue en fin de semaine dernière lorsque les officiels de la rencontre Canon de Yaoundé-Union de Douala (1-0) sont sortis du stade sous forte escorte policière, le public ayant décidé de leur faire la peau après avoir refusé un but et un penalty jugés évidents à l’équipe visiteuse. Au début de la saison en cours, rappelle-t-on, la Ligue avait, pour les mêmes raisons, sanctionné huit hommes en noir pour les mêmes faits de laxisme ou de corruption. Les rapports incestueux entre les arbitres et les dirigeants de clubs sont pour beaucoup dans cette dérive. On parle de pots de vins, de dessous de table, de matchs truqués, de négociation et d’arrangement sans que cela n’émeuve personne. La saison dernière, ils étaient une vingtaine à passer sous l’échafaud ; cette saison, ils sont 17 alors que les championnats de Ligue 1 et Ligue 2 n’ont même pas encore franchi la dixième borne.
Sauver le soldat « arbitre »
C’est dire que l’arbitrage camerounais est malade. Très malade même. Il est régulièrement contesté dans différents stades de la République. Chose qui fait baisser la côte des hommes en noir en qui on accorde désormais moins de crédit. La médiocrité des arbitres camerounais est telle qu’elle n’échappe pas aux instances dirigeantes du football au niveau international : Fédération internationale de football association (Fifa) et confédération africaine de football (Caf). Ce n’est donc pas un hasard si les hommes en noir du pays de Roger Milla ne sont pas très présents sur la scène internationale. Cette situation pose aussi le problème de salaire des arbitres. Selon certains, les arbitres ne peuvent que compter sur les primes des matchs qu’ils arbitrent, soit 30.000 Fcfa. Il est donc temps plus que jamais de sauver le soldat arbitrage dans notre pays !
D.N.