Plus d’un an après l’accident de voiture du chanteur camerounais qui a conduit au décès de la jeune fille, les responsables ne sont toujours pas inquiétés.
Le 15 juillet 2021. Cette date restera tristement gravée dans la mémoire et les esprits de la famille Mouliom, des proches de la famille et de l’artiste Tenor. Ce jour-là, dans un violent accident de voiture, la jeune Eurika Mouliom est passée de vie à trépas. Puisque Thierry Mengoumou Ayia dit Tenor était au volant de l’arme du crime, c’est sur lui que s’est abattu tout le fardeau de la peine. Il est poursuivi pour homicide involontaire, et placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de New-Bell à Douala. Tenor obtient des mois après, la liberté provisoire. Mais les interrogations demeurent quant à ses responsabilités dans ce drame.
Jacques Ndéby persiste et signe : «Tenor n’aurait jamais dû être inquiété. Il a été accusé et arrêté par abus, et pour rien parce qu’il est innocent». Administrateur, Directeur-général de AB Certification Afrique Subsaharienne S.A, Jacques Ndéby se dit choqué devant l’omission de la défense de l’artiste Tenor. Les lois sont claires : «La première personne qui devrait être inquiétée c’est le responsable de la boite de nuit Mermoz, dans lequel Tenor et ses amis ont bu avant de prendre la route. Tenor était dans un état d’ébriété avancé. Il n’y aurait pas eu d’accident si on ne l’avait pas laissé partir», explique notre interlocuteur. Et de poursuivre : «Normalement il doit avoir dans les bistrots, boites de nuit…, des salles d’évasion ivre. C’est un espace où les gens se dessoûlent. Ils ont fait le chiffre d’affaires dans cet endroit, donc ils peuvent se dessouler, dormir, vomir, et l’établissement se chargera de nettoyer. Les serveurs sont censés repérer les personnes ivres, puisque ce sont eux qui servent. Ils doivent les signaler au responsable de la sécurité. Maintenant, quand le client ivre veut rentrer, le responsable de la sécurité a l’obligation d’aller discrètement vers le client, lui proposer soit de se reposer dans la salle affréter pour la circonstance, soit lui proposer un taxi pour le ramener. Il a l’obligation de prendre les clés du véhicule du client. Qui passera le récupérer le lendemain.»
Lire aussi :Tpi de Bonanjo : Tenor respire un vent de liberté
Il est évident pour Jacques Ndéby que Tenor «pourrait porter plainte contre la boite de nuit qui l’a laissé partir saoul. La personne doit lui rembourser sa voiture, son honneur qui a été bafoué et son manque à gagner durant sa période d’incarcération. C’est le responsable de la boite qui serait pénalement responsable si la norme relative au métier du temps libre avait été mise au point ! Actuellement ; seul le vocabulaire est d’application obligatoire.» Les responsabilités devraient aller plus loin. «Le responsable de la sécurité et la personne qui s’est occupée du service de Tenor devraient être inquiétés. Tenor a fait la prison gratuitement. Le ministère du Tourisme et des Loisirs est aussi coupable, parce qu’il doit dire, sur quel critère il a accordé l’agrément à ladite boite de nuit. Il devrait s’assurer que les pompiers aient vérifié et donné leur accord quant aux dispositions sécuritaires.»
Lire aussi :Douala : l’artiste Tenor victime d’un accident
Un an après, la tragédie, les familles et proches restent en proie au désarroi. Les ministères et autres responsables du drame, affichent une insensibilité qui laisse pantois. Le pire c’est qu’un an après le drame, on n’a jamais vu le ministère du Tourisme et des Loisirs s’exprimer dans cette affaire. L’avocat de Tenor, le Tribunal, et même les parents de la défunte ne semblent pas s’interroger sur ses différentes responsabilités. Est-ce que des actions préventives seront prises pour éviter pareil situation ? Les instituts d’hôtellerie ont-ils des formations dans les règles de sécurité ? Les agents de sécurité qui reçoivent du public sont-ils formés sur les gestes de sécurité ?
L’Administrateur, Directeur-général de AB Certification Afrique Subsaharienne va plus loin : «Quand une boite de nuit prend feu, il doit avoir parmi les employés des personnes qui savent utiliser un extincteur. Ce devrait est une obligation, mais est-ce que c’est le cas ? Ces établissements doivent avoir des détecteurs de fumée dans les salles, qui ne coûtent que 20.000 Fcfa. Pour cette petite somme, combien de personnes sont déjà mortes ? Vous avez aussi des boules qui permettent d’éteindre les feux instantanément, et elles coûtent 30.000 Fcfa. Ce sont des solutions alternatives que les responsables de ces établissements et même des ministères ignorent», aux dépens de vies humaines parties en fumée à Bastos au Complexe culturel Liv’s Night-club, en janvier 2022.
Lire aussi : Yaoundé : des feux d’artifice causent la mort de 16 personnes
Valgadine TONGA