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Danger chimique : du pétrole dans nos assiettes

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Au Cameroun, comme dans de nombreux pays en développement, la production d’huiles végétales comestibles repose largement sur l’utilisation de solvants chimiques. Parmi eux, l’hexane, un dérivé du pétrole, est largement utilisé pour extraire l’huile de soja, de tournesol, de palme ou d’arachide. Selon le chercheur camerounais Alexis Dzokom, spécialiste en sciences environnementales et fondateur de l’ONG Sahel Nature Consulting for Communities, cette pratique soulève de graves inquiétudes sanitaires, environnementales et économiques.

Fabienne, femme de ménage vivant à Yaoundé, raconte son quotidien avec inquiétude. Chaque matin, elle prépare le repas pour sa famille en utilisant l’huile de cuisson achetée au marché. Récemment, après avoir consommé des repas préparés avec cette huile, elle a souffert de maux de tête persistants et de troubles nerveux légers. Ses voisins rapportent des symptômes similaires. Ce fait divers illustre la réalité quotidienne de l’exposition des Camerounais aux résidus chimiques, souvent invisibles mais potentiellement dangereux, et met en lumière le lien direct entre pratiques industrielles et santé des consommateurs.

L’hexane, un solvant efficace mais dangereux

L’hexane est prisé par l’industrie agroalimentaire pour son faible coût, son rendement élevé et sa rapidité d’extraction. Toutefois, comme le souligne Alexis Dzokom, son usage n’est pas sans conséquence. Des études montrent que des résidus d’hexane peuvent rester dans les huiles après raffinage, exposant les consommateurs à des risques de neurotoxicité, notamment des troubles moteurs et sensoriels liés à une exposition prolongée, même à faibles doses. L’hexane est reconnu comme polluant dangereux par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) et suscite des inquiétudes similaires au sein de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Une menace pour l’environnement

L’impact de l’hexane dépasse la santé humaine. Son utilisation industrielle contribue à la pollution de l’air et de l’eau, en particulier par l’émission de composés organiques volatils (COV) qui favorisent la formation d’ozone troposphérique et la dégradation des écosystèmes. Dans les régions où les réglementations environnementales sont faibles, les risques de contamination des sols et des eaux de surface sont particulièrement élevés.

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Un marché camerounais

Au Cameroun, le marché des huiles végétales est composé de consommateurs urbains et ruraux, de petites et moyennes entreprises locales et d’autorités publiques chargées du contrôle alimentaire et sanitaire. Les consommateurs, souvent peu informés des risques chimiques, sont exposés quotidiennement aux huiles traitées à l’hexane. Les entreprises locales, elles, privilégient le solvant pour sa rentabilité immédiate, ignorant parfois les coûts indirects liés à la santé publique et à l’environnement. Les autorités publiques ont le rôle crucial de réguler ces pratiques, mais leur capacité de contrôle est limitée par des ressources humaines et financières insuffisantes, ainsi que par la complexité des analyses chimiques nécessaires pour détecter l’hexane dans les produits alimentaires.

Vers des alternatives plus sûres

Alexis Dzokom préconise une réévaluation urgente de l’usage de l’hexane au Cameroun. Des solutions alternatives existent, telles que l’extraction mécanique ou enzymatique, moins polluantes et plus respectueuses de la santé humaine. Bien que ces méthodes offrent des rendements légèrement inférieurs à court terme, elles réduisent significativement les risques sanitaires et environnementaux. Pour Dzokom, la transition vers ces technologies plus propres représente un enjeu stratégique : protéger les consommateurs, préserver les écosystèmes et soutenir une économie alimentaire durable.

En définitive, le constat est clair : l’hexane, un dérivé du pétrole, est aujourd’hui présent dans nos assiettes, et ses effets sont multiples et préoccupants. Entre rentabilité immédiate pour les industriels et risques sanitaires pour la population, le Cameroun se trouve à un carrefour décisif. Comme le souligne Alexis Dzokom, seule une approche multidimensionnelle, combinant régulation stricte, sensibilisation des consommateurs et adoption de techniques d’extraction plus sûres, permettra de concilier sécurité alimentaire, protection de l’environnement et développement économique.

Léonel AKOSSO

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