Du 27 au 30 novembre 2025, la troisième édition du Salon du Livre de Douala a déployé ses couleurs au Palais de la Culture Sawa. En seulement trois éditions, l’événement s’impose désormais comme l’un des carrefours littéraires majeurs du Cameroun, porté par un souffle nouveau où innovations, ouverture internationale et démocratisation du livre se conjuguent avec une assurance grandissante.
Après la Salle des fêtes d’Akwa en 2021 et le Canal Olympia en 2023, le choix du Palais de la Culture Sawa marque une véritable montée en puissance du Salon du livre de Douala. Ses volumes généreux ont permis une circulation fluide des visiteurs, une meilleure répartition des stands et une programmation plus dense. Pour en faciliter l’accès, les organisateurs ont instauré un service de navettes en partenariat avec un transporteur local, une attention logistique qui a contribué à renforcer l’attractivité du Salon, surtout en soirée lorsque les activités atteignaient leur sommet.
Au cœur de cette édition du Salon, les Olympiades du Savoir ont fait figure d’éclaircie neuve. Dictées — y compris en langues locales — quiz littéraires, ateliers de lecture et d’écriture ont constitué un véritable laboratoire de dynamique culturelle. Une initiative pensée pour retisser le lien entre le livre et les publics jeunes, mais aussi pour rappeler que la langue et la lecture peuvent être des terrains de jeu, de découverte et de dépassement.
Penser la chaîne du livre dans son intégralité
Parmi les moments forts, la conférence-débat sur la chaîne de production du livre a suscité un vif intérêt. L’échange a bénéficié de la présence du Dr Ekobena Marie-Joseph, de Matchadje et de Léonel Akosso. Ce dernier a particulièrement marqué les esprits en rappelant une réalité trop souvent tue : un livre n’existe vraiment que s’il est visible. Il a plaidé pour un véritable investissement dans le marketing du livre, estimant que l’objet littéraire doit assumer son statut de produit culturel marchand. Publicité, affichage, usage stratégique des médias classiques et numériques : selon lui, les entrepreneurs littéraires doivent prendre des risques, adopter une démarche commerciale assumée et s’approprier les méthodes de communication utilisées par les autres industries culturelles afin de transformer les lecteurs potentiels en lecteurs réels.
Un Salon résolument tourné vers l’Afrique
L’édition 2025 a également consolidé sa dimension internationale. La Tunisie, pays invité, a apporté une tonalité méditerranéenne et africaine stimulante, symbolisant la volonté du Salon de dialoguer avec d’autres scènes littéraires. Des auteurs comme Jean-Célestin Edjangue et Jeanne-Louise Djanga ont honoré l’événement de leur présence, tandis que le Dr Pascal Bekolo, parrain de cette édition, a accompagné l’initiative avec bienveillance et exigence. Le maire de Douala, Dr Roger Mbassa Dine, a salué la qualité des rendez-vous proposés et la cohérence d’un programme qui tisse désormais la ville à la littérature avec un fil plus solide.
Lire aussi : Littérature : la Cud lance le Salon du livre de Douala
Véritable rampe de lancement pour la jeune création camerounaise, le concours Matila O Duala a une fois de plus honoré trois auteurs de 18 à 35 ans, récompensés par des dotations allant de 200.000 à 500.000 FCFA. Les dix meilleurs textes feront l’objet d’un recueil collectif distribué gratuitement, preuve tangible de l’engagement du Salon à soutenir la relève littéraire et à diffuser les voix émergentes bien au-delà des frontières nationales.
Un bilan rayonnant
Au terme de quatre jours d’effervescence culturelle, les organisateurs dressent un bilan largement positif. Les visiteurs sont venus nombreux, les professionnels ont joué le jeu, et les partenaires ont renouvelé leur confiance. Derrière chaque stand, chaque discussion et chaque atelier, une conviction s’est affirmée : le livre doit redevenir un compagnon quotidien, un objet familier, un outil d’émancipation pour les ménages, les élèves et l’ensemble des citoyens.
Cette édition 2025 aura donc été bien plus qu’un rendez-vous littéraire. Elle aura été un signal : celui d’une ville qui croit en sa capacité de bâtir une véritable économie du livre, et d’un pays qui fait de la lecture l’une des promesses les plus solides de son avenir culturel.
Léonel AKOSSO






