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Maximilienne Labe : « La scolarisation des jeunes filles est un véritable problème dans le Septentrion »

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Présidente de l’association Agir pour le développement (Adel), basée dans l’Extrême-Nord du Cameroun, Maximilienne Labe contribue à la mise en œuvre de la campagne #AfricaEducatesHer (L’Afrique éduque sa fille), lancée en septembre 2020 par le Centre International de l’Union Africaine pour l’éducation des filles et des femmes en Afrique.

 

Dans le cadre de votre association, que faites-vous pour promouvoir l’éducation des jeunes filles ?

La scolarisation des jeunes filles est un véritable problème dans le Septentrion. La rentrée scolaire est une période très difficile pour la plupart des parents, et surtout un véritable calvaire pour ceux qui ont été victimes des exactions de Boko-Haram et victimes des inondations. Pour certaines filles vivant dans cette zone, cette période représente un moment d’inquiétude, voire d’abandon des études par manque de moyens. L’école publique étant gratuite, jusque-là, les parents n’ont pas la possibilité de payer les fournitures scolaires. C’est pour pallier à toutes ces difficultés et soulager un peu les parents dans le besoin que l’association Agir pour le développement (Adel) entreprend chaque rentrée scolaire d’offrir des dons aux élèves.

Nous menons également chaque année des campagnes de sensibilisation auprès des parents qui gardent encore les filles à la maison. À travers nos relais communautaires, nous nous rendons dans les lieux de culte et sur les marchés périodiques pour sensibiliser les populations.

Lire aussi :Education : la Côte d’Ivoire et l’Ouganda lancent officiellement la campagne #AfricaEducatesHer  

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de vos activités ?

Les stéréotypes culturels jouent un rôle crucial dans la sous-scolarisation des filles dans la partie septentrionale du Cameroun. Ici, des normes et des croyances culturelles profondément enracinées influencent la perception et la valorisation de l’éducation des filles. Les gens continuent de penser que la place d’une femme est au foyer et que les filles qui prolongent leurs études n’auront pas de maris, etc. Ces croyances réduisent la priorité accordée à l’éducation des filles et favorisent leur retrait précoce de l’école. C’est un point important qui nous freine dans notre élan. Ceci est beaucoup plus perceptible dans les zones reculées.

Il y a aussi les moyens. Les parents pauvres ont de la peine à envoyer tous leurs enfants à l’école. La priorité est le plus souvent donnée aux garçons. Il y a aussi le manque d’infrastructures éducatives, qui sont même inexistantes dans certaines localités.

À cause de la distance, les familles privilégient l’éducation des garçons, considérant les filles comme devant se préparer davantage au mariage et aux tâches domestiques qu’à étudier.

Lire aussi : Égalité des sexes dans l’enseignement : le combat de l’Union Africaine 

Quels sont les conséquences de cette sous scolarisation de filles ?

Les conséquences sont énormes, d’abord au niveau de la famille. On sait que la femme, c’est elle qui s’occupe de la famille, de la maison. C’est la femme qui prend soins des siens. Donc, si une jeune fille n’est pas scolarisée, imaginez l’impact social ! L’impact même au niveau économique car, elle ne pourra pas contribuer financièrement dans la famille… Pourtant, une jeune fille scolarisée peut avoir une activité génératrice des revenus et par là, aider financièrement les autres membres de la famille.

Sur le plan social, nous disons très souvent que la femme est la mère de l’humanité, et c’est vrai car une femme instruite, c’est toute une communauté qui va en bénéficier… Elle pourra contribuer au développement d’une société, d’une communauté. Les femmes ont toujours été de grands décideurs même au niveau macro : on le voit quand on a des femmes députés, maires, ministres, l’impact qu’elles ont.

Quels conseils donneriez-vous aux parents réticents ?

Je leur dirais simplement de laisser les filles aller à l’école. Ils doivent savoir que sans scolarisation, il n’y a pas de développement. Ces parents doivent savoir que l’absence de développement est liée à l’absence de scolarisation. Seule l’éducation permet de doter un pays des compétences dont il a besoin pour consolider durablement son économie et améliorer la qualité de vie de sa population. C’est la raison pour laquelle notre association a mis en place plusieurs mesures et activités en collaboration avec d’autres associations afin de sensibiliser les parents à l’importance de laisser leurs filles aller à l’école. En effet, l’éducation est un facteur clef du développement durable.

Qu’est-ce Adel fait pour accompagner les filles dans leur scolarité ?

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont contribué à cette œuvre si importante pour Adel. Nous savons que, dans cette partie du pays, la plupart des filles ne terminent pas leur scolarité ou, pour certaines, s’arrêtent après le CM2. Pour encourager ces jeunes filles à aller à l’école, nous avons une équipe locale qui, en collaboration avec les directeurs des écoles, assure le suivi après la rentrée scolaire. Notre objectif est que toutes les filles puissent réussir leur année scolaire et poursuivre leur cycle secondaire dans les meilleures conditions.

Anicet MAPOUT

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