Annoncé à gros coups de publicité, le goléador Samuel Eto’o ne s’est pas montré au show de l’an 10 du groupe X-Maleya au musée national. Une fausse note qui a entaché le spectacle du 8 février dernier.

Les instants de gloire du trio Roger, Auguste et Hais ont été vécus, ce soir du 8 février 2017, sur le site du musée national à Yaoundé à l’occasion de la célébration du 10ème anniversaire du groupe X-Maleya. Environ deux heures de concert ont suffi pour tenir en haleine de milliers de personnes massées autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ce site symbolique. Sans relater, in extenso, le récital de belles sonorités offertes par ce groupe fort adulé, aimé et sublimé par la foule en liesse totale et en extase, il est possible d’en présenter, au moins, les 10 images marquantes de ce concert-événement ayant drainé des catégories sociales d’ici et d’ailleurs. 10 images fortes pour coller à l’an 10 de la carrière musicale de X-Maleya ce 8 février 2017.
- La symbolique du Vert-rouge-jaune exaltée à travers la mise en vitrine du drapeau du Cameroun sur la façade du podium où prestait fièrement le groupe X- Maleya. Le drapeau tricolore, vecteur de l’appartenance à la communauté camerounaise, signe de l’être-ensemble et du vivre-ensemble des ressortissants des aires culturelles hétérogènes.
- L’hymne national du Cameroun entonné et sonorisé au début du concert par Roger, Auguste et Hais qu’accompagnait le grand public décidé, tous azimuts, à adopter, collégialement, la station debout. Histoire d’accréditer ce geste civique et patriotique, lequel traduit l’amour viscéral pour la patrie, l’intérêt ardent pour la nation et l’attachement inlassable aux valeurs républicaines. Quel symbole!
- L’interaction permanente entre la foule en pleine allégresse et l’orchestre du groupe qui a diffusé, à la faveur de la prestance du trio, des sonorités didactique et pédagogique. Ce lien interactif s’est bien ressenti du début jusqu’à la fin tant le répertoire des cinq albums a été revisité. Partant de « Yelele » jusqu’à « Mariage » en passant par « Doumba », « Tchokolo », « Tous ensemble », « Révolution », etc, les trois esthètes de l’art musical ont fait des émules grâce à ces morceaux choisis fort captivants.
- Le dévoilement des instrumentistes de l’ombre au grand public a permis de savoir que derrière le groupe X-Maleya, se dissimulent des acteurs bien rompus à la tâche qui s’échinent, au quotidien, et ce depuis 10 ans, à construire une entité forte et puissante en dépit des pesanteurs sociétales qui jonchent leur trajectoire. Ainsi avons-nous découvert, ce soir, Ruben Binam Bikoi aux claviers, Marcien Oyono à la guitare, Paul Ndébi à la batterie, Jean-paul Litcheu, Master Kul plus connu sous le pseudonyme de Dj René aux platines. A ces instrumentistes avérés et patentés se subordonnent des danseurs virevoltants (Nelly et Kurtis), qui ont séduit plus d’un au point de faire susciter des cris stridents de la foule bigarrée en jactance singulière.
- La modeste contribution des jeunes artistes-musiciens, tels que J-Junelle ayant presté en levée de rideau et ayant « chauffé » la scène s’est accompagnée, durant le concert, de l’entrée en scène de Mister Léo à la voix langoureuse et au chant trépignant, et de Soukouss Makoul, dont les pas de danse fascinants ont littéralement incliné de nombreux mélomanes à s’esclaffer au regard de la corpulence de l’homme digne d’un bulldozer sur la piste. L’apport de cette brochette d’artistes témoigne, sans conteste, de ce que l’union fait véritablement la force. Qui dit mieux?
- L’observation du décor époustouflant et féerique du podium, la chorégraphie impeccable et originale des acteurs scéniques, la sonorisation tonitruante parfois assortie des bruits assourdissants qui obstruaient minimalement les timbres vocaux du trio, les chants assortis de messages sains, la gestion scénique ordonnée sont, entre autres, images ayant participé à mettre une cerise sur le gâteau des Maleya puissance 10.
- La vénération des Lions indomptables ayant gagné la toute récente Coupe d’Afrique des nations au Gabon fait aussi partie des images captées. D’ailleurs, bien de mélomanes présents arboraient fièrement le maillot des rois de la forêt. Question de contempler les cinq étoiles du Cameroun juchées sur la couronne des indomptables.
- L’apport mérité et salué des Hommes de médias ayant joué un rôle infatigable dans la réalisation de concert-événement; Ivo Partem; Alain Dexter; Francis Jamel La Plage; Kelly Whyte; Paulin Yanga; sont, entre autres, des figures bien visibles.
- L’organisation reprochable du comité a été constatée tant il n’y avait pas une distinction entre les fans qui détenaient des billets d’entrée, les personnalités qui avaient des billets Vip et les Hommes de médias qui avaient des badges. Une faible présence du personnel des relations publiques pour conduire des grappes d’individus. Tous étaient entremêlés dans une foule compacte différenciée. Pourtant, un tel événement nécessite un cadrage permettant segmenter et sérier les espaces destinés à chaque catégorie de convives. Peut-être cela est-il dû aussi, hélas, à la configuration du musée national. Concert hautement sécurisé. Toute chose qui se justifie, éventuellement, par la crainte des débordements populaires connaissant les mentalités parfois rétrogrades de certains.
- L’absence de Samuel Eto’o, tête emblématique du sport-roi camerounais, attendue et annoncée en grandes pompes, mais jamais venue au musée national. Pour quelle raison? Mystère. L’on dirait que l’image du goléador a été soigneusement instrumentalisée pour faire office de marketing culturel. Histoire d’attirer et de séduire le corpus de mélomanes et de ses admirateurs. Jusqu’à la fin du concert, dont la transition a été mal agencée, personne n’a vu l’image de Eto’o. La montagne du concert a, in extremis, accouché d’une souris au point où certains jeunes ulcérés par cette fausse note musicale ont exprimé leur courroux sans vergogne. Malgré tout, les forces de l’ordre ont veillé au grain et quiconque est rentré chez soi. En dépit de cette légère insuffisance, c’était un beau concert. Joyeux anniversaire au groupe X- Maleya!
Serge-Aimé Bikoi