L’Association Initiative de changement de perspective a procédé samedi, 29 octobre dernier, à l’ouverture officielle de Anlu bibliothèque, qui a pour but de décoloniser la mémoire collective africaine.
La problématique sociale qui a conduit les initiateurs du projet de la bibliothèque d’Oyack porte la marque de l’éthique et de l’altruisme. L’artiste de rap Hobskur Le Petit Soldat, nous explique que dans ses multiples tournées artistiques et face à son engagement social, il s’est toujours posé une question : « Qu’est ce qui explique et justifie en 2022, le désintérêt de la jeunesse à toute action d’intérêt commun ? » C’est ainsi qu’il se lance depuis 2010, avec son Association, dans une vaste campagne à travers le pays pour mobiliser et encourager les gens à participer au processus électoral. Cette aventure aura l’effet d’un pétard mouillé car ne pas fonctionnera. « Chaque fois on nous posait des questions de savoir ce qu’il faut faire. Nous nous sommes rendu compte que les populations n’ont pas conscience de leur part de responsabilité. Elles attendent qu’on leur dise qui voter. Alors, nous nous sommes dit qu’il faut former d’abord les jeunes. Et dans le processus de formation, nous avons commencé par les associations à la citoyenneté. Il nous fallait donc un espace de rencontre pour mettre en commun nos idées afin que nos opinions puissent aussi compter.» C’est alors que nait le projet de la Anlu bibliothèque, afin que les jeunes puissent apprendre.
Un bien social
La Anlu bibliothèque c’est 99% de littérature Négroafricaine et Afrodescendante, un rayon de manuels scolaires pour aider et soutenir les enfants n’ayant pas de manuels. Le quartier Oyack situé dans l’arrondissement de Douala 3ème, se caractérise aussi par le paupérisme des habitants. La bibliothèque Anlu qui a été inaugurée le samedi 29 octobre 2022, comprend aussi des rayons de divertissement pour enfants. En somme, des livres pour tous, essentiellement basés sur l’Afrique. Hobskur explique ce penchant par le fait que : « Nous essayons à notre niveau, de décoloniser la mémoire collective. Il faudrait que nous évitions de continuer de nous identifier aux occidents. La Anlu bibliothèque essaie donc d’apporter sa contribution à l’éducation. Il faut que les gens sachent l’origine même du nom Anlu pour pouvoir aussi comprendre notre action. Anlu est un nom qui vient du Nord-ouest du Cameroun. Ce nom désigne un instrument avec lequel les femmes rendaient justice. En dénommant notre bibliothèque Anlu, nous avons voulu que ce soit un endroit qui restitue la justice à la population. »
Le 1er adjoint de la commune de Douala 3ème a salué l’œuvre de l’Association Initiative Changement de Perspective, qui n’est pas à son premier acte social. Pour lui, il s’agit d’une action innovatrice. « Si nous sommes là, c’est pour soutenir et accompagner cette équipe composée de jeunes qui, au regard de cette action, apporte un plus dans l’éducation de notre jeunesse. La bibliothèque contribue de manière significative, à l’édification de chaque citoyen à travers une diversité d’ouvrage qu’il convient pour notre jeunesse de s’en approprier. On est mieux cultivé qu’à travers la lecture. Mais c’est surtout la bonne semence que nous devons planter dans nos communes ainsi que dans nos quartiers. De mémoire de citoyen et d’habitant de la ville de Douala 3ème ainsi que de Douala tout entier, c’est la première fois qu’on assiste à une pareille cérémonie. Douala 3ème en général et le quartier Oyack en particulier est devenue une référence», affirme Victor Joseph Ateba. Et de poursuivre : «La jeunesse d’Oyack a décidé de former et de consolider le peuple, de former la jeunesse et de promouvoir le citoyen de demain en mettant sur pied une bibliothèque. C’est chose rare dans nos villes aujourd’hui. La mairie de Douala 3ème elle-même n’a pas de bibliothèque municipale. Oyack est donc une référence. Il sera donc question pour la mairie de Douala 3ème de vous accompagner et de vous appuyer dans ce projet. Considérez que vous êtes désormais un partenaire sûr de la mairie de Douala 3ème. J’invite toute la population à bien vouloir s’abreuver. La mairie essayera donc du mieux qu’elle pourra, à encadrer et capitaliser cette initiative dans les prochains jours. Ce projet mérite qu’on le soutienne car il concerne notre jeunesse entière.»
Malcolm Radykhal EPANDA
