Le ministre délégué à la Présidence en charge de la Défense a été dépêché d’urgence pour une visite de travail dans le Septentrion.
Depuis quelques semaines, la secte Boko Haram a refait surface dans le Septentrion, avec son lot de désolation sur son passage. Entre kidnapping, incendie des villages, séquestration, meurtre, vol, les populations notamment de l’Extrême-Nord payent le lourd tribu de ces malfaiteurs sans foi ni loi. L’armée compte hélas ses morts aussi. Le Président de la République a dépêché le ministre délégué à la Présidence en charge de la Défense sur le terrain.
Joseph Beti Assomo effectue depuis ce jeudi 23 juin 2022, une visite de travail de deux jours. Avant la réunion de sécurité au Poste de Commandement de la Troisième Région Militaire interarmées à Garoua dans la région du Nord, le ministre a mis le cap en matinée sur l’Extrême-Nord, dans le département du Mayo Tsanaga, à la préfecture de Mokolo.
Avant son allocution, une minute de silence a été observée en mémoire des victimes de la nébuleuse boko haram. «Le Chef de l’Etat nous a dépêchés, non seulement pour venir vous présenter son réconfort, vous exprimer la solidarité de l’ensemble de la nation. Mais il nous a demandé également de venir apprécier au plus près la conduite de l’opération contre Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord en général, et le département du Mayo Tsanaga en particulier», a expliqué Joseph Beti Assomo.
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Pour avoir le cœur net sur la situation, le ministre a rencontré un peu plus tôt, des chefs traditionnels, des élites et des responsables de comités de vigilance.
Durant l’entretien à huis clos avec le Mindef, ils ont chacun exprimé leurs remerciements à l’endroit de l’armée et du Chef de l’Etat. «Ils ont également formulé un certain nombre de doléances et de suggestions, pour que le travail qui se fait déjà ici soit amélioré. Vous n’êtes pas seuls, contrairement à ce que nous avons cru entendre. Certaines outrances sont allées jusqu’à affirmer des termes comme l’abandon du Mayo Tsanaga, le délaissement du Mayo Tsanaga…toute une littérature dangereuse, de nature à jeter le trouble dans les esprits et à décourager les hommes en opération ici. Heureusement qu’ils ont le moral solide», s’est réconforté le Mindef. Non sans inviter la population à faire corps avec le combat de l’armée. «Les cercueils des militaires sont partis d’ici. Certains corps de militaires ont été enterrés ici. Cette armée est votre armée. Lorsque survient une attaque, il y a des pleurs, des grincements de dents parce qu’il y a eu mort d’homme. Mais il faut savoir raison garder. Parce que si cette armée n’était pas là, je pense que le drapeau de Boko Haram flotterait déjà ici depuis longtemps. L’armée travaille pour vous. Elle n’est pas en villégiature.»
Le combat continue
En se camouflant dans deux pays, le Cameroun et le Nigéria, Boko Haram se veut difficilement neutralisable. Mais la forte coopération de défense et de sécurité qui lie les deux Etats n’a pas dit son dernier mot. «Les Boko Haram, s’ils sont là dans la foule -parce qu’il est possible qu’ils soient infiltrés ici-, seront pris en tenaille par les armées des deux pays. Nous n’allons pas vous donner ici les détails de ces opérations, mais croyez-moi, elles vont avoir lieu incessamment. Le Chef de l’Etat ne nous a pas envoyés ici pour nous promener. L’armée va poursuivre son travail avec énergie, en fonction des moyens mis à sa disposition par le gouvernement.» Il est d’ailleurs à remarquer que «certains de nos compatriotes se sont organisés en groupes de grand banditisme, qui attaque, vole, pie et tue. Mais on met tout sur le compte de Boko Haram parce que c’est Boko Haram qui a favorisé ce climat d’insécurité.»
En félicitant le travail des comités de vigilance, le Mindef a invité le préfet à veiller au grain pour éviter des agents doubles de Boko Haram dans lesdits comités, car «le Boko Haram qui entre dans un village et qui sait qu’il y a de l’argent dans telle maison, des sacs de mil chez X, ou que tel personne a de l’argent parce que sa fille a été doté la semaine dernière…c’est qu’il a été renseigné par quelqu’un du village. Si Boko Haram sait qu’il y a de l’argent dans x domicile, c’est qu’il a reçu la bonne information par quelqu’un qui peut être du comité de vigilance.»
La journée de vendredi va conduire le ministre Joseph Beti Assomo et toute sa suite dans la région de l’Adamaoua.
Valgadine TONGA