Le Président Paul Biya s’est exprimé pendant une vingtaine de minutes ce Jeudi 31 Décembre, alors que les Camerounais s’apprêtaient à célébrer un passage à 2021. Un passage quelque peu particulier compte tenu du contexte particulier de l’année qui s’est refermée. Depuis Etoudi, debout sur ses 87 ans dans un physique plus solide que l’âge qu’il porte, le Président de la République a exprimé ses vœux pour 2021. S’il a forcément évoqué l’épidémie de Covid-19 et la bonne gestion de cette crise sanitaire au Cameroun, le Chef de l’Etat dans un discours dynamique, n’a pas pour autant exclu de son message les autres problématiques. Il s’est appesanti sur‘la sécurité et la paix sur toute l’étendue du territoire national, la consolidation du processus démocratique, et la poursuite de la réalisation de notre programme de développement sur les plans économique, social et culturel.’
COVID-19 à l’honneur
Le début du discours de Paul Biya a été consacré à la crise du COVID-19. ‘Vous comprendrez, j’en suis sûr, que je commence ce message traditionnel en vous parlant de l’irruption, sur notre planète, de la pandémie du corona virus.’A-t-il déclaré d’entame. Poursuivant sur ce chapitre, il a ‘salué le dévouement des médecins, infirmiers et, de façon générale, du personnel de santé, grâce auquel de nombreuses vies ont pu être sauvées et continuent de l’être.’
Renouer avec les mesures barrières
Prévenant, le Patriarche comme l’appelle affectueusement les Camerounais, a à nouveau exhorter ses compatriotes à respecter les mesures barrières éditées par le gouvernement. ‘Seul moyen de préserver les vies et de freiner la propagation du virus.’Surtout avec l’annonce de l’apparition ‘d’une nouvelle souche du virus plus contagieuse.’ La maxime ‘better to be safe than sorry’ est ce que conseille Paul Biya a ses concitoyens.
Pour sortir de ce chapitre le Président a mis en lumière ‘La responsabilité de l’homme[occidental], coupable d’exploiter sans modération les ressources naturelles de la planète et de se livrer sans cesse à des conflits générateurs de massacres et de maladies, ainsi qu’à des expériences pour développer des armes nouvelles.’
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Adresse directe aux ennemis
Abordant la question sécuritaire, le Président Camerounais a déclaré. ‘Notre pays fait face à des menaces venant de l’extérieur, notamment à notre frontière orientale et dans la partie septentrionale de notre territoire.’ Sans détour, clair et direct, il a nommé dans cet extrait de sa communion communicationnelle avec les Camerounais, l’origine de la menace : ‘L’extérieur.’ Puis, réédité son appel ‘à la responsabilité des pays qui hébergent les commanditaires et des organisations qui financent et animent, par divers canaux, les bandes armées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.’
Sur cette ligne, il a identifié les foyers de tension qui font que le Cameroun ait été frappé par des assassinats inutiles. Le Nord et l’Extrême-Nord où Boko Haram démantelé, affaibli, procède par ‘des raids isolés ou des tentatives d’attentats-suicides confiés à des adolescents.’ L’Est, qui est le foyer ‘de bandits de grands chemins’ qui dépouillent ‘de paisibles éleveurs de leurs troupeaux.’ Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, ‘où des groupes armés, entretiennent un climat de terreur, attaquent périodiquement des communautés isolées, des établissements d’enseignement pour dissuader les parents d’y envoyer leurs enfants.’ Dont ‘l’un des crimes le plus odieux a été celui commis à Kumba et qui s’est soldé par la mort de 7 écoliers et des blessures infligées à plusieurs autres.’
Protecteur de la Nation
Ces crimes ne resteront pas impunis. Tous ceux qui‘seront identifiés comme donneurs d’ordres ou complices des crimes odieux, devront répondre de leurs actes,’ a-t-il promis. Poursuivant, il a déclaré : ‘ Tous les coupables seront recherchés sans relâche, et traduits devant la justice.’ Paul Biya ne dit jamais ce qu’il ne fera pas. Il a l’a démontré aussi bien avec certains pilleurs des deniers publics qu’avec Boko Haram ou les chefs-terroristes sont actuellement au froid.
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Pour ce front qu’il ouvre, il a plus d’une carte en main. Surtout maintenant que ‘l’opinion publique, et particulièrement celle du NOSO’ s’est rendu compte que ‘ces soi-disant ‘‘sécessionnistes’’ ne sont en réalité que des assassins, et qui plus est, des assassins d’enfants innocents.’
Patriotisme Camerounais salué
Reconnaissant, le Président Biya s’est félicité ‘de l’attitude patriotique de ses concitoyens’ qui dans le NOSO ‘coopèrent de plus en plus avec les forces de défense et de sécurité.’ Mais aussi, ‘entreprennent de lutter courageusement contre ces bandes armées.’ Sur l’ensemble du territoire, il a salué ‘la maturité du peuple Camerounais,’ qui n’a pas suivi les mots d’ordre de marches insurrectionnelles de Kamto. Le piètre des politiques Camerounais et Africains après Ouattara, son modèle.
Soldats sanctifiés
Dans un discours mettant en avant la puissance des armées dans la lutte contre la barbarie et le morcellement du Cameroun, il a poursuivi avec un hommage aux gendarmes, policiers, militaires mobilisés pour assurer la sécurité des citoyens. Puis ‘salué la bravoure des forces de défense et de sécurité qui n’ont pas failli à leur devoir de protection de l’intégrité du territoire nationale, des personnes et des biens.’ Légaliste, attaché à la vie, il a demandé aux soldats‘à persévérer et à demeurer une force républicaine, respectueuse des droits humains.’
Une réponse pré-ante au Cardinal Christian Tumi qui dans un livre invite ‘l’armée[à] prendre le pouvoir dans le pays pendant une courte période’ afin ‘d’imposer [la dictature] de l’ordre et de la discipline.’ Une méconnaissance de la loyautéide ce corps aux Institutions. Un corps-de-métier qui‘mérite le respect et la considération de tous,’ conseille le Chef d’Etat Camerounais.
Paternel
Paul Biya, en chef de famille, a appelé les terroristes qui commettent de temps en temps des exactions et des crimes à déposer les armes et à rejoindre les DDR Centers (Désarmement, Démobilisation et Réintégration), lieux où ils pourront être pris en charge et réinsérés dans la société.
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Père de tous les Camerounais, il ‘n’a jamais cessé d’apporter la preuve de sa volonté d’ouverture’ afin d’assainir le climat social. Ainsi, il a organisé le ‘dialogue’, ‘libéré de nombreux ex-sécessionnistes et facilité leur réinsertion dans la société.’
Démocratie appliquée à la constitution
Mettant en évidence les progrès accomplis dans le champ démocratique, le Président Biya a cité entre autres le renouvellement du mandat des sénateurs en Mars 2018 ; l’élection en Octobre 2018 du Chef de l’Etat ; les élections législatives en Février 2020 ; les élections à la même date des municipales mettant fin au système des délégués du gouvernement dans les grandes villes, désormais gérées par des Maires élus. Les élections régionales tenues en Décembre 2020 parachevant le processus de décentralisation.
Au ‘candidat de l’étranger,’ ‘dont les ambitions avaient été déçues lors de la dernière élection présidentielle,’ le Patriarche a ‘rappelé qu’en démocratie, l’accès aux responsabilités politiques est assuré par la voie des urnes et non par la rue, par certains médias ou par les réseaux sociaux.’
Un message qui s’adresse aussi à ceux qui invitent l’armée dans le jeu politique. Et toute la racaille politique qui est entrée en rébellion contre la Présidence, le Conseil Constitutionnel, le Code électoral, l’armée…Tout ce qui régit la vie de la Nation.
Chiffres témoins
Evoquant la situation économique, le Président Biya a relevé l’impact négatif du COVID-19 sur les différents secteurs du système économique camerounais. En dépit du contexte difficile, ‘l’économie Camerounaise a conservé une certaine capacité de rebond’, a-t-il affirmé. Expliquant que le Cameroun a ‘dû prendre des mesures de consolidation budgétaire et de soutien à l’économie afin de passer ce cap difficile et de rendre possible une politique de relance en 2021.’
Sur ce volet, il a tout particulièrement insisté ‘sur le lancement récent de [la] Stratégie Nationale de Développement (SND) qui remplace le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) arrivé à son terme.’ Nouveau compas économique qui ‘définit les grands axes de planification [de la dynamique économique du Cameroun] jusqu’en 2030.’ Stratégie conçue pour faire ‘passer [les indicateurs économiques] à la vitesse supérieure pour lutter contre la pauvreté, le chômage et la persistance du secteur informel’, a informé le Chef d’Etat Camerounais.
Aspect linguistique
De cette allocution, nombreux sont les Camerounais et commentateurs qui n’ont retenu que la structure classique de ce type de message. Ce que certains appellent ‘discours-bilan.’ Structuré généralement en trois points principaux—Politique, social, économie. En extra, le volet sécurité selon le contexte du moment.
Les linguistes décortiqueront les sous-entendus du discours du Chef d’Etat Camerounais. En attendant, nombreuses sont les personnes qui ont pleinement pris acte du fait que ce discours est parcouru des mots ‘Je,’ ‘nous,’ ‘notre,’ ‘nos,’‘moi.’
‘Je.’ Le Président l’a utilisé quand il prenait ses responsabilités ou montrait que l’acte posé ou à poser est de son chef. Ou quand il témoignait son amour pour son peuple. ‘Je voudrais saluer la bravoure de nos forces de défense et de sécurité.’ Pour féliciter : ‘Je saisis cette occasion pour saluer le dévouement de notre personnel de santé.’ Pour conseiller : ‘Je vous exhorte de nouveau à porter vos masques, à vous laver régulièrement les mains.’ Si le Président Biya a revendiqué ses choix politiques, il en a attribué les succès aux Camerounais en s’adressant directement à eux par les ‘nous,’ ‘notre,’ ‘nos.’ Ces ‘nous,’ ‘notre,’ ‘nos,’ montrent la communion entre le Président Camerounais et son peuple.
Le Chef d’Etat Camerounais a utilisé le ‘moi’ une seule fois pour mettre en garde les ennemis de son pays. ‘C’est le moment pour moi d’en appeler à la responsabilité des pays amis.’ Une personnalisation du discours pour indiquer qu’a lui revient le devoir d’assurer la protection de ses concitoyens. De la hauteur.
FEUMBA SAMEN