A l’initiative de Shaking Africa et de Mtn Cameroon, le rossignol de la rumba congolaise a offert aux mélomanes de Yaoundé, un concert populaire de haute facture, le samedi 10 août au palais polyvalent des sports.
Imposant dispositif sécuritaire à l’entrée du Palais polyvalent des sports. Il faut montrer patte blanche pour avoir accès à l’intérieur. De nombreux fans sont à l’extérieur, impatients de prendre d’assaut la salle de spectacle et surtout, vivre en direct le show de Ferré Gola. Mais avant, tout le monde est soumis à une fouille méticuleuse. Normal ! Le staff de la star n’a voulu aucune approximation. Tout est réglé comme sur du papier musique. Il est 22h lorsque le rideau est levé. C’est une salle qui sonne presque creux qui va accueillir la première artiste du contingent camerounais. Nicole Mara puisqu’il s’agit d’elle, va annoncer les couleurs. Alors qu’on s’attend à un playback, la « matter du Makossa » va performer sur ses titres à succès. Qualité de la voix impeccable, notes et accords irréprochables, symbiose parfaite entre la star recouverte du drapeau du Cameroun et les musiciens. « Homme marié, Lele Mba, sponsor » vont enflammer la salle. Et pour célébrer les valeurs d’hospitalité, de paix et de vivre-ensemble, chers au Cameroun, Nicole Mara va servir au public, une reprise cuisinée à la sauce Duala de la célèbre chanson « Yolélé » du regretté Papa Wemba. Pour un plat d’entrée, c’est un régal !
Nyangono du Sud
Viendra ensuite, l’imposant Soukouss Makhoul qui fera également recette auprès du public à travers ses danseuses aux coups de reins électriques. Le clou de cette première partie est réservé à Nyangono du Sud qui débarque sur scène, recouvert d’une étoffe de couleur blanche et perché sur une espèce de trône entourée des jeux de lumière. L’entrée pour original qu’elle est, suffit à faire le buzz. La preuve, les spectateurs applaudissent à tout rompre avant même d’écouter la moindre chanson. Stimulé par cet accueil des plus chaleureux, le créateur du « Foup-fap » qui arbore fièrement une couronne, va commencer son show avec le titre devenu il y a peu « l’hymne national » au Cameroun. Accompagnés par ses charmantes danseuses au rang desquelles la buldozérine, le « Lion du Sud » met le feu en faisant bouger ses bras à l’image d’un canard qui agite ses ailes à la verticale avec des gestes secs, sans pour autant s’envoler. Les jambes suivent le rythme, mais avec un peu plus d’élégance et moins d’agitation. Même sans ses lunettes fumées, son crâne chauve traversé par une crête basse, parle pour lui.
Où est passé Ben Decca ?
Ceux des mélomanes qui attendaient le doyen Ben Decca rentreront déçus puisque le père de « souffrance d’amour » ne chantera pas. Où est-il passé ? Pourquoi n’est-il pas sur scène ? A-t-il refusé de faire la première partie comme cela se murmurait à la veille du concert ? Des interrogations restées sans réponses. Les organisateurs ont choisi de faire le black out sur ce sujet. C’est à 1h30min que Ferré Gola fait son entrée royale sur scène. Youyous, vivats, cri de joie, applaudissements, le roi de la Rumba peut réaliser l’étendue de sa notoriété. Après l’installation de son orchestre au grand complet, celui qu’on surnomme « Jésus de nuances », retrouve son public camerounais 19 ans après son premier séjour au pays de Manu Dibango, avec le tout puissant Wengue Musica. La fête peut commencer. Sa voix mélodieuse aux accents de berceuses africaines et d’évasions culturelles donne le frisson.
Ferré chante, Ferré berce, Ferré ensorcèle…Sans fausse note. Il enchaîne les titres : « Fautif », « Ekoti Ya Nzybe », « Jugement », « Ma meilleure chemise », ou encore « Pourquoi tu m’as fait ça », « Mea culpa », « Tucheze », « Court circuit », « Monotonie »… Le cocktail de belles mélodies est à la dimension de la célébrité de l’artiste. Le public est debout, dompté, conquis, au bord de l’hystérie. A 3h du matin, Soukous Makhoul retrouve Ferré sur scène. La fête a atteint son paroxysme. La preuve, les danseurs et danseuses se lâchent et vont dans la foule communier avec des fans surexcités. Le « Padre » n’est pas en reste. Il suit le mouvement et s’en va chanter et danser avec ses admirateurs à qui il offre du nectar vocal dont lui seul en a le secret. Après deux heures de show non stop, Ferré Gola boucle la soirée pendant que le public en redemande. Ce sera une autre fois !
Daniel NDING