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AccueilCamerounVictor Fotso : Fô Wa Gabigung est mort ! Vive le roi ! 

Victor Fotso : Fô Wa Gabigung est mort ! Vive le roi ! 

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Homme d’affaires, capitaine d’industries, maire de la commune de Pete-Bandjoun et non moins ami du président de la République, le célèbre bâtisseur est décédé hier vendredi 20 mars 2020, dans la ville de Paris en France des suites de maladie. La région de l’Ouest perd l’un de ses baobabs.

Le dernier soupir d’un patriarche ! Bandjoun pleure son roi. Le Koung-Khi est inconsolable. Affaibli par le poids de l’âge et la maladie, les derniers jours de sa vie sur terre trahissaient une fin de règne prévisible. Inspiré sans doute par une force divine, Victor Fotso agissait comme s’il savait que le Créateur le rappellerait bientôt à lui. Le dernier acte historique du capitaine d’industries remonte au 19 janvier dernier. Construit en 2012 sur fonds propres, l’immeuble futuriste abritant les services de la commune de Pete-Bandjoun a été gracieusement remis au gouvernement. L’acte de donation a été signé par le bienfaiteur qui présentait des signes de fatigue au ministre de la Décentralisation et du développement local. L’Etat devenait donc le propriétaire d’un R+2 évalué à un peu plus de 4 milliards de Fcfa.

Peu avant ce bel exemple de patriotisme, le milliardaire avait laissé parler son cœur en remettant au mois de juillet 2019, le chèque d’un milliard de Fcfa à Mgr Dieudonné Watio, évêque du diocèse de Bafoussam, pour la construction de la nouvelle cathédrale. Un don mirobolant qui avait créé la polémique dans la communauté Bamiléké non sans alimenter les débats. Pour les uns, il était excessif, compte tenu de la philosophie de l’Eglise qui ne vise pas le luxe mais la piété, la simplicité. De ce point de vue, ce don devait appauvrir les chrétiens dans la mesure où ils devront se préparer pour financer l’entretien au quotidien de leur cathédrale. D’autres au contraire saluaient et célébraient le geste exceptionnel, signe de la fidélité à Dieu.

Parti de rien…

Ces quelques clichés témoignent à suffire que le nom de « Fô Wa Gabigung » (le Chef qui partage),             attribué à l’homme d’affaires n’était pas qu’un titre pompeux. La générosité du patriarche Victor, 94 ans, a transformé ce grand village en ville moderne. Ici comme dans le reste du pays, on apprécie cet homme discret et sérieux, qui s’est enrichi dans le commerce et la manufacture après avoir quitté l’école à 15 ans, sans diplôme. Archétype de la première génération des riches Bamilékés, qui vivent chichement, sont patients, fiers mais pondérés. A preuve, il n’y a pas un seul édifice public, pas une seule administration, encore moins une seule couche de bitume à Bandjoun, qui ne porte l’empreinte de Victor Fotso. Obnubilé par le désir de développer le village qui l’a vu naître, l’homme y a consacré une grande partie de sa fortune. Ecoles, hôpitaux, institut universitaire, stade de football, infrastructures routières et hôtelières, l’infatigable maire, a consacré toute sa vie au bien-être des populations de ce qui n’était avant qu’un simple chef-lieu de district. Reconnu pour sa générosité et son combat pour la solidarité entre les fils et les filles du Koung-Khi, le patriarche a écrit les plus belles pages de l’histoire d’un département qui lui doit tout. Parti de rien, il a réussi à bâtir un empire qui force le respect et l’admiration. Hier, petit commerçant de brousse, il est devenu un des hommes les plus riches d’Afrique.

Ses affaires prospérant, il se diversifie après 1960 dans les transports et, en association avec le français Pierre Castel, le patron des Brasseries et Glacières internationales (Bgi), dans l’importation de vins et spiritueux. Quelques années plus tard, un autre français, Jacques Lacombe, alors directeur général de la Société industrielle et forestière des allumettes (Sifa), une filiale de la compagnie du midi, lui ouvre les portes de l’industrie. Avec l’aide de ce polytechnicien, disparu en 1996, Victor Fotso étendra progressivement ses activités. Propriétaire en 1970, de la modeste Société de fabrication de cahiers (Safca),  il se trouve un quart de siècle plus tard, à la tête d’une dizaine de sociétés dans les domaines les plus variés : piles électriques (Pilcam),  hôtellerie (Ibis Douala), allumettes (Unalor et Cis), emballage (Fabasem), chimie (Fermencam), agro-industrie (Proleg), alimentation (Sopral), et depuis 1997, la Commercial Bank of Cameroon (Cbc-Bank), le premier établissement indépendant de la place créée avec l’assistance technique du Crédit commercial de France (racheté par Hsbc).

L’ami intime de Paul Biya

Victor Fotso se lance en politique avec l’avènement de la démocratie au Cameroun au début des années 90, avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Qualifié d’ami proche du président de la République, il contribuera à la victoire du parti au pouvoir à Bandjoun et sera élu maire de la commune rurale aux élections municipales 1996. L’illustre défunt a publié en 1994, son autobiographie intitulé, « le chemin de Hiala ». Entre autres, M. Fotso fait don en 1992 à l’État du Cameroun des bâtiments du Collège laïc polyvalent Fotso Victor qui deviendra plus tard l’Institut universitaire Fotso Victor. Il fera également don de plusieurs églises réparties sur l’étendue du triangle national, des salles de classe dans la région de l’Ouest, des foyers Bandjoun dans différentes régions du pays et du bitumage de certains tronçons de route à Bandjoun.

Le célèbre homme d’affaires tire sa révérence, le cœur en paix puisque les forts liens d’amitié qui existent entre le chef de l’Etat, Paul Biya et le milliardaire Fotso Victor ont largement contribué à l’évacuation sanitaire de son fils et non moins ancien Directeur général de la Cameroon Airlines (Camair), le 19 août 2019. Très malade, l’homme qui a été embastillé dans le cadre de l’Opération Epervier, est depuis cette date, hospitalisé au Centre d’oncologie Al-Azhar, à Rabat. L’industriel, qui finançait le parti au pouvoir, a d’ailleurs écrit une lettre de remerciement au président de la République pour avoir autorisé l’évacuation sanitaire de son fils au Maroc. « Le cœur d’un père a rencontré celui d’un autre père, et vous avez apaisé ma douleur en donnant de très hautes instructions pour la libération de mon fils, Yves-Michel…Vous dire merci ne traduirait pas toute la déférence avec laquelle un cœur aussi meurtri que le mien s’est senti battre à nouveau et c’est pourquoi je convoque les esprits de nos ancêtres pour vous protéger sans relâche et à Dieu Tout-Puissant, de vous accorder santé, longue vie et toujours plus de sagesse pour continuer à vous guider dans la conduite des affaires de l’Etat », écrivait-il.

Lire aussi :Affaire Yves Michel Fotso : Maroc, la terre promise ?

Péril sur l’empire Fotso

Son seul regret, c’est de partir en ayant presque la certitude que l’empire qu’il a bâti de sa sueur et de son sang, ne lui survivrait pas. Un empire familial présent dans l’industrie, l’agroalimentaire, la banque et les services. L’infortune de l’héritier, choisi par Victor Fotso au sein d’une fratrie comptant une bonne centaine d’enfants, enhardit certains de ses frères et sœurs, qui ont tout mis en œuvre pour le déstabiliser. Pris en étau entre les vieilles rancunes familiales et les rivalités professionnelles exacerbées, Yves-Michel Fotso a été poussé vers la sortie et officiellement « mis en réserve » de l’entreprise. Face aux déboires de son fils prodige, le patriarche maire de Bandjoun a vite compris qu’il fallait se débarrasser de certaines de ses entités industrielles. C’est ce qui justifie le fait que le milliardaire de Bandjoun ne faisait plus partie du classement du magazine Forbes des Hommes les plus riches de l’Afrique francophone.

Aussi, et au vu des guéguerres entre frères de même père, de son vivant, Victor Fotso avait cru bon d’organiser d’ores et déjà son départ. Pour celui qui était réputé avoir plus d’une centaine d’enfants et une quarantaine de femmes, il ne lui a pas été possible d’y arriver sans coup férir. La gestion de la Cbc, la banque emblématique du groupe Fotso étant retirée à Yves-Michel depuis 2009 date du début des problèmes du golden boy, puis la vente de certaines entreprises déficitaires du Groupe comme Fermencam, était présentée comme une sorte de bouée de sauvetage du patriarche pour tenter de sauver ce qui était encore possible de son patrimoine.

Daniel NDING

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