Le comité d’organisation de cette première édition de la Semaine camerounaise du handicap était face à la presse ce lundi 4 juillet 2022 à Douala.
Ingrid Misse Bebe est une chef d’entreprise, coach, conférencière internationale, sophrologue. Pendant son enfance à Douala, «j’avais un voisin qui était handicapé et de ce fait, très maltraité par sa famille. Je ne connaissais pas encore ce que c’était qu’un handicap ; mais j’étais très proche de lui parce que sa situation me touchait», se souvient-elle. Des décennies après, la situation n’est pas plus reluisante. «Les personnes vivant avec un handicap sont considérées comme inexistantes au Cameroun. On donne l’impression qu’elles ne valent pas grand-chose, pourtant c’est tout le contraire.» C’est ainsi que celle qui a quitté le Cameroun depuis plus de trente ans a décidé de s’investir également dans le soutien des personnes souffrant d’handicap au Cameroun. Ingrid Misse Bebe était devant la presse ce lundi 4 juillet 2022 à Douala.
La présidente de l’association Women’s Story, Ingrid Misse Bebe était surtout face aux médias pour parler du premier projet de Synergie Handicap dont elle est l’initiatrice. Comme l’explique Coco Bertin, président fondateur de l’association Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun, Synergie Handicap est une plateforme qui regroupe différentes associations qui travaillent pour la valorisation de la personne victime d’handicap. Synergie Handicap organise du 6 au 10 juillet 2022, la semaine camerounaise du handicap. L’occasion de parler de fond en comble de la situation matérielle, psychique, physique des handicapés dans la société camerounaise, afin de l’améliorer. «L’objectif pour nous est que les gens sachent que le handicap n’est pas une fatalité. J’ai un enfant autiste qui est un bon musicien. Etre handicapé ce n’est pas une malchance ou de la sorcellerie. Nous voulons aussi que nos autorités trouvent des solutions aux réalités des personnes victimes de handicap», explique Alix Ndjock, membre de l’association Espoir Educ Enfant vivant avec les troubles de développement infantiles.
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La semaine camerounaise du handicap s’ouvre le 6 juillet par une campagne sanitaire gratuite de deux jours. Une quinzaine de médecins spécialistes (pédiatres, psychologues, ophtalmologues, cardiologues) seront à la disposition des personnes handicapées et de leurs proches. Suivra dans la soirée du 8 juillet, le salon sur la sexualité de la femme en situation de handicap à la Salle des Fêtes d’Akwa. «Nous avons constaté que les jeunes femmes en situation d’handicap sont souvent prises pour des objets sexuels. Le samedi 9 juillet à la Salle des Fêtes d’Akwa, il y aura une foire entrepreneuriale, autour du thème : L’emploi des handicapés au Cameroun : un défi pour un développement inclusif. Plus tard dans la soirée, le président de l’association FreshLine, Junior Nteppe animera la soirée récréative», précise Ingrid Misse Bebe.
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A la Villa des Fées à Deido, aura lieu, le 7 juillet, le grand diner-débat avec pour fil conducteur : La prise en compte du facteur handicap dans les collectivités territoriales décentralisées : enjeux et entraves. Président de l’Association nationale des jeunes handicapés du Cameroun (Anajecam), Jean Pierre Fopa martèle : «Les aides que l’on apporte souvent aux personnes handicapées en fin d’année sont souvent les chaises roulantes, les cannes blanches. Nous, personnes handicapées avons besoin de formation, d’emplois, d’initiative à long terme. Nous voulons que l’administration et les collectivités tiennent compte de nous car nous constituons 15% de leurs administrés. Les maires et l’administration doivent venir à ce débat pour écouter ce que nous avons à dire.»
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Pour accompagner les personnes handicapées dans l’entreprenariat, elles seront coachées par Ingrid Misse. Et bénéficieront de séances de travail notamment sur l’apprentissage du montage d’un business plan avec les chefs d’entreprises. La finalité étant l’insertion de quelques-uns dans des entreprises.
Après cet évènement parrainé par Coco Bertin, Deza Nguembock et son Excellence Roger Milla, Synergie Handicap veut créer un centre de repos. «Le handicap brise des familles, crée des divorces. Il y a des couples qui ont peur de concevoir, après avoir eu enfant handicapé. Les familles ne supportent pas le handicap, donc si on arrive un jour à avoir un centre de repos pour les enfants handicapés, question de permettre aux parents de souffler, le temps d’un weekend, ce serait bien pour les parents ; parce que s’occuper d’un enfant handicapé tous les jours, c’est énorme pour les parents. Ils ont besoin de souffler et de laisser les enfants dans un centre d’accueil. Ce genre de centre n’existe pas encore chez nous», indique l’initiatrice de Synergie Handicap, Ingrid Misse Bebe. Non sans appeler à la solidarité de tout un chacun.
Valgadine TONGA