Après des arrêtés, des décisions, correspondances du 1er ministre et du ministre des Arts et de la Culture (Minac) prescrivant la fusion Cmc/Socam, le Minac a signé un communiqué-radio-presse jeudi 20 juillet 2017, annulant la fusion. Le Minac parle plutôt de la création d’une nouvelle société. A quoi riment ces rétropédalages ? Sam Mbende, Pca sortant de la Cmc et président de l’Alliance panafricaine des auteurs-compositeurs réagit au communiqué du ministre Narcisse Mouelle Kombi.
Quelle est la valeur du communiqué du ministre des Arts et de la Culture ?
Ce communiqué radio-presse du ministre des Arts et de la Culture vaut ce qu’il vaut. Il nous apprend par ailleurs qu’il a tenu des réunions avec le Premier ministre chef du Gouvernement et que celui-ci aurait validé un principe de création d’une société. En même temps il dit que le Premier ministre a approuvé la proposition de la convocation d’une Assemblée générale mais chose curieuse, il parle de la fusion qui doit s’élargir à d’autres tendances. Je ne sais pas s’il y a des tendances dans l’art musical. Nous ne sommes pas en politique. En plus ce communiqué est superflu parce que le communiqué parle en même temps d’une assemblée générale consensuelle. Il n’appartient pas au ministre de la Culture d’organiser le fonctionnement des sociétés privées. Nous sommes des entités privées. Il appartient aux acteurs du secteur de s’organiser eux-mêmes. En plus, il suspend une assemblée générale prévue le 28 juillet par l’entité Cmc/Socam pourtant elle n’est pas convoquée en ce qui concerne en tout cas l’entité Cmc/Socam. Comment peut-on suspendre quelque chose qui n’est pas convoquée ? Et même si elle était convoquée, elle se serait tenue parce qu’il n’a pas qualité à suspendre l’assemblée générale d’une société privée. Si je me réfère à ma mémoire, j’ai plutôt l’impression qu’il s’agit d’un canular.
Comment expliquer cette sortie du Minac qui rompt avec tous les arrêtés, décisions du Premier Ministre et du Minac prescrivant la fusion absorption de la Cmc par la Socam ?
Le 24 Mai 2017, le Premier Ministre a traduit, par instruction du Chef de l’Etat la volonté et la position officielle du gouvernement. Il s’agissait de la fusion par absorption, sur instruction du Chef de l’Etat. Le même ministre de la Culture a transmit à la commission de contrôle, pour exécution, la mise en place de cette fusion. C’est dans ce cadre là que le 11 juillet, nous avons procédé à la signature du projet de traité de fusion. Si maintenant le même ministre sort un communiqué pour dire qu’il s’est réuni avec le Premier Ministre et que celui-ci a validé plutôt autre chose, c’est très grave pour une République. Le communiqué vaut ce qu’il vaut. C’est lui qui dit mais l’administration étant écrite, il faut bien qu’à un moment, le ministre des Arts et de la Culture nous donne le document qui permet d’avoir autant de contradictions. Vous voyez que vous me demandez de réagir par rapport aux atermoiements d’un gouvernement. Je n’ai pas qualité. J’observe comme vous qu’on va de l’avant et on essaie de reculer. Il ne parle pas de la fusion dans sa lettre alors qu’il admet le principe de la fusion. C’est ça le communiqué du ministre. Il est confus parce que dans son communiqué il ne parle pas de fusion. Mais dans la lettre où il fait des propositions au Premier ministre, il parle de la fusion Cmc/Socam élargie aux autres tendances. Ça crée la confusion. Du coup les gens pensent qu’il n’y a plus fusion, mais la création d’une nouvelle société. Dans tous les cas, je vous ai déjà expliqué que la fusion aboutit à une nouvelle société, qu’elle soit par absorption ou parce que les deux entités se sont retrouvées pour créer une nouvelle société. Je ne sais pas où il y a débat. Est-ce que c’est la sémantique ? Est-ce que s’est la Cmc qui gène comme d’habitude? Est-ce que c’est ma personne ? Je m’interroge.
A côté de la Cmc et de la Socam, le communiqué parle aussi de la Scacem. C’est une nouvelle société ?
Je ne connais pas l’existence de cette entité té. Il dit que c’est une qui est en gestation. Si elle est en gestation ça veut dire qu’elle n’existe pas. Ça veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas, et ça ne va pas au sein de ce ministère des Arts et de la Culture. Je crois qu’il y a un sérieux problème au sein de ce ministère. Il parle de quelque chose qui est en gestation, il annule une assemblée générale qui n’est pas convoquée…c’est autant d’incohérences. Je ne veux pas être celui qui va expliquer les atermoiements de ce ministère. Il faudrait peut-être le ministre des Arts et la Culture refasse un communiqué plus clair parce que celui-là est vraiment confus, touffu. On n’y comprend rien du tout. Même vous qui n’êtes pas juriste trouvez qu’il n’est pas normal qu’il parle d’une société qui n’existe pas.
Concrètement, y aura-t-il fusion Cmc/Socam ?
Je voudrai être le plus ferme possible. Seul le président de la République peut revenir sur ses instructions. Je prends le gouvernement camerounais au mot. Il a écrit le 24 mai 2017 en nous écrivant qu’il s’agit des très hautes instructions du chef de l’Etat qui prescrivent la fusion par absorption. Le même chef de l’Etat n’a pas validé le principe de ce que monsieur Mouelle a écrit. Aussi longtemps que le chef de l’Etat ne va pas revenir sur ses prescriptions et ses instructions, la fusion de la Cameroon music corporation et de la Socam suit son cours. Et il y aura assemblée générale de la fusion, quitte à ce que le ministère crée sa société. Nous allons demander l’agrément et on verra à qui le gouvernement va donner l’agrément.
Entretien avec Valgadine TONGA