L’honneur de juger, le devoir d’écouter
Au SNJC Littoral, l’air est lourd. Et ce n’est pas le climat de Douala qui est en cause. C’est plutôt ce malaise profond qui plane lorsqu’un syndicat censé incarner les valeurs de justice, de solidarité et de liberté, donne l’impression de marcher à contre-courant de sa propre charte morale. L’affaire Didier Ndengue en est une parfaite illustration.
Posons la question simplement : le camarade Didier a-t-il été entendu avant qu’on ne cherche à l’écarter ? A-t-il eu droit à un conseil de discipline ? À une convocation formelle ? À une explication claire des reproches ? À un débat contradictoire ? Des rappels à l’ordre ont-ils précédé cette mise à l’écart ? Non. Silence. Et pourtant, on parle d’un journaliste, d’un membre du syndicat, d’un confrère.( Merci à serge Gauthier ONANINA)
Ce que l’on observe ressemble à une cabale. Une opération savamment déguisée sous les apparences d’un règlement interne, mais qui, à y regarder de plus près, n’a rien d’autre qu’une coloration politique. Didier Ndengue dérange. Il parle. Il questionne. Il conteste peut-être. Et alors ? Depuis quand être un esprit critique dans un syndicat de journalistes est-il devenu un délit ?
Il faut oser le dire : la volonté d’empêcher sa candidature s’apparente à une petite stratégie d’élimination. Une manœuvre. Une exclusion douce, sans dire son nom. Mais dans cette tentative, c’est le SNJC Littoral qui se trahit. Car le syndicat n’est pas une secte. Ce n’est pas une confrérie fermée où l’on règle les comptes dans l’ombre. C’est un espace de débat. De contradiction. De confrontations loyales. Pas une machine à broyer ceux qui ne rentrent pas dans le moule.
Je ne défends pas ici un ami. Je défends un principe : celui du droit à la défense. De la présomption d’innocence. De la transparence. Parce que demain, ce sera peut-être un autre Didier. Ou moi. Ou vous. Et si aujourd’hui on tolère qu’un membre soit écarté sans procédure, alors il n’y aura plus de garantie pour personne.
Chers camarades du SNJC Littoral, ne devenez pas les fossoyeurs de votre propre légitimité. Redonnez au syndicat son souffle démocratique. N’ayez pas peur du débat. N’ayez pas peur de Didier Ndengue. Car un syndicat fort, c’est un syndicat où même la voix discordante a droit de cité.
On peut juger un homme. Mais on ne le condamne pas sans l’avoir écouté.
Pierre Laverdure OMBANG
Journaliste, Ex- futur membre du SNJC
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