Face à la progression alarmante des cancers masculins, la campagne « Novembre Bleu » se déploie dans le Littoral avec un mot d’ordre : briser l’omerta par le dépistage précoce. Les autorités sanitaires et les urologues mobilisent la population autour d’un enjeu vital : transformer le dépistage en réflexe pour sauver des vies.
Littoral – Le coup d’envoi de la campagne « Novembre Bleu » a été donné ce mardi dans l’enceinte de la Délégation régionale de la Santé publique. Sous l’égide du Délégué régional, le Dr Ngo’o Mebe Saurel, ce mois est entièrement dédié à la santé masculine, avec un focus sur les cancers de la prostate et des testicules, ainsi que la prévention du suicide. Une initiative cruciale pour une région confrontée à une hausse alarmante des cas.
Le dispositif, déployé sur trois jours – mardi, mercredi et jeudi –, repose sur un double pilier : la sensibilisation et l’action. Des campagnes de dépistage gratuit sont ainsi organisées dans l’ensemble des centres hospitaliers de la région. « Notre objectif est clair : sensibiliser parce que le cancer de la prostate reste méconnu. Nous profitons de ce mois symbolique pour inciter au dépistage, un geste qui doit devenir un réflexe pour tous », a martelé le Dr Ngo’o Mebe Saurel en ouverture des travaux.
Un fléau en chiffres
L’urgence est chiffrée : le Cameroun enregistre environ 2 200 nouveaux cas de cancer de la prostate chaque année, avec une progression inquiétante de 17% sur les cinq dernières années. « C’est le premier cancer masculin au monde, le plus fréquent, mais aussi le plus sournois », a alerté l’urologue Dr Adaito Bermendora. « Il est souvent sous-diagnostiqué parce que les symptômes sont discrets, voire absents au début. Et les hommes hésitent à venir consulter. »
Face à ce constat, les spécialistes présents ont uni leurs voix pour porter un message unique : le dépistage précoce est la clé. « Un cancer dépisté tôt est un cancer mieux pris en charge. C’est tout l’enjeu de cette sensibilisation », a expliqué le Dr Linda Boupda, médecin du travail et point focal de l’événement. Elle insiste sur les signes d’alerte, souvent banals : « Du sang dans les urines, des troubles de la miction… Devant ces symptômes, il ne faut pas consulter les voisins, mais le médecin. Seul un professionnel peut poser un diagnostic. »
Pour lever les barrières financières, les consultations et certains examens sont offerts ou proposés à prix réduit durant cette période. « La consultation est gratuite ce mois de novembre dans la plupart des structures, et les examens sont à prix réduits pour une meilleure accessibilité », a confirmé le Dr Adaito Bermendora. Une mesure essentielle, alors que le Délégué régional a rappelé que le coût des traitements, bien que désormais disponibles au Cameroun, « reste très élevé et n’est pas à la portée de tous ».
La campagne ne néglige pas le cancer du testicule, qui frappe une population plus jeune. L’urologue Dr Meuke François a dédié son intervention à ce sujet : « Contrairement à celui de la prostate, ce cancer est plus rare, mais il cible les hommes de 15 à 30 ans. Le ‘gold standard’ ? L’autopalpation, à la recherche d’une masse dure, unilatérale et non douloureuse. Toute sensation de pesanteur doit amener à consulter. »
Le silence reste le premier allié de la maladie. Face aux cancers masculins, chaque jour perdu dans le tabou est une vie potentiellement sacrifiée. Novembre Bleu lance son cri d’alarme, mais c’est désormais aux hommes, semaine après semaine, de répondre par le geste qui sauve : ce dépistage qui pourrait bien leur offrir vingt ans de vie supplémentaire. Ainsi, en associant parole d’experts, données épidémiologiques et accès facilité aux soins, Novembre Bleu se veut bien plus qu’une campagne : une mobilisation générale pour briser l’omerta sur des maladies qui tuent encore trop souvent par silence.
Cheikh Malcolm Radykhal EPANDA






