Expert culturel et président de l’association Sandja, Michel Ndoh Ndoh s’investit depuis plus de quatre ans, avec l’association Marocaine Afrikayna pour la collecte et la valorisation des instruments de musique traditionnelle de toute l’Afrique. Le projet est baptisé «L’Instrumenthèque d’Afrique». Michel Ndoh Ndoh revient d’ailleurs du Rwanda. Il y était sur invitation de l’Académie Rwandaise de la Langue et de la Culture et de la Fédération Rwandaise des Musiciens. Dans cet entretien accordé à LAVOIXDUKOAT, l’expert culturel présente ce projet culturel panafricain.
Vous revenez du Rwanda où vous avez effectué un travail de terrain avec vos partenaires Marocains sur la musique traditionnelle africaine. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Merci de me donner l’occasion d’en parler. Effectivement notre Equipe de travail (Afrikayna et Sandja) a séjourné au Rwanda pendant deux semaines pour la collecte des instruments de musique traditionnelle de ce pays. Nous avons fait des captations d’image et de son, pour mieux préparer le travail de l’organologie de ces instruments. Nous nous sommes rendus dans plusieurs villes du pays en dehors de Kigali la capitale et avons rencontré des fabricants et joueurs de ces instruments. Nous avons même acheté une dizaine de ces instruments pour enrichir notre collection existante.
Quelles sont les parties prenantes de votre projet ?
L’Association Afrikayna avec ses partenaires locaux financent entièrement ce projet depuis bientôt 4 ans. Nous travaillons également avec l’Association Malienne Festival sur le Niger. L’Association Sandja est co-initiatrice de ce projet et j’assure la coordination scientifique.
Quelle est votre vision générale pour ce projet ?
A travers ce projet de valorisation de notre patrimoine musical africain, nous voulons préserver et renforcer la chaîne de transmission des savoirs et savoir-faire, souvent menacés d’extinction et maintenir en vie c’est-à-dire garder en mémoire ce que nos ancêtres ont transmis de génération en génération. Nous proposons de faire découvrir de près les instruments de musique qui la constitue d’en savoir sur leur histoire, leurs matériaux de fabrication, leurs sonorités et leurs évolutions.
Quel est l’intérêt du Cameroun dans ce projet ?
Ce que gagne le Cameroun dans ce projet, c’est d’abord sa visibilité dans ce musée panafricain, par la présence de ses instruments de musique traditionnelle. Par ailleurs, nous avons prévu une descente de terrain similaire à celles du Mali, du Sénégal et du Rwanda en 2020. Ceci permettra au reste du monde de mieux connaître la richesse organologique des instruments de musique traditionnelle de notre terroir. Mon vœu le plus cher est que ce musée en gestation, accueille le maximum d’instruments des pays d’Afrique.
Les pouvoirs publics camerounais devront jouer le jeu…
Je souhaite également que le Cameroun soit davantage présent et que nos pouvoirs publics facilitent les descentes de terrain prévues pour 2020. Je souhaite également que tous les pays d’Afrique adhérent à ce projet parce que, en Afrique la culture est avant, pendant et après. «La finance n’enrichit pas tout le monde, mais la culture enrichit chacun de nous ». Le vrai pétrole de l’Afrique c’est sa culture, riche et diversifiée.
Entretien avec Valgadine TONGA