La campagne baptisée Les Afro Gourmands, qui a court à Douala, dresse sur les tables, des plats issus de mélange d’ingrédients d’ici et d’ailleurs.
Avez-vous déjà dégusté du ‘‘Duo terre et mer Djolof royal’’, du ‘‘Crémeux de gingembre et son Sablé au fonio’’, du ‘‘duo bœuf plantain et colombo à la crème de gingembre’’… ou encore un plat de ‘‘crevettes d’ici et purée d’ignames au bleu d’auvergne’’ ? Comme le témoignent leurs appellations, ces repas sont de chefs-d’œuvre de mélanges savamment étudiés de saveurs européennes et africaines. La particularité du Chef Christian Abégan c’est toujours cet alliage de produits laitiers dans ses recettes qui font voyager les papilles gustatives entre les pays et les continents. Cet ambassadeur de la gastronomie africaine a sublimé les palais des journalistes, conviés à la première édition de la campagne Les Afro Gourmands.
Pendant deux jours, du 23 au 24 juillet 2019 à Bonapriso-Douala, les professionnels et apprentis cuisiniers vont être coachés sur l’utilisation des produits laitiers européens dans la gastronomie africaine. En face d’eux, deux génies à la dextérité affinée et confirmée. D’abord, le Camerounais Christian Abégan connu notamment pour son exaltation de la gastronomie africaine, par ailleurs Chef de cuisine, consultant hôtelier, conseiller culinaire et de l’art de la table. Ensuite, le Français Pierre Gay, meilleur ouvrier de France Fromager.
La vedette de cette édition, c’est le fromage. Il est dans toutes les recettes, même dans les délicieuses purées de prunes. «J’aimais beaucoup ce petit goût fumé qu’on a dans le poisson fumé. Ce petit goût fort, je le retrouvais dans le fromage. C’est ainsi que j’ai commencé à associer le fromage dans mes travaux. Ces recettes permettent de découvrir l’Afrique culinaire», explique Christian Abégan. Qui roule pour une cuisine participative. Il s’agit de «conserver l’Adn culinaire africain, trouver l’ouverture nécessaire et rester sur une gestion d’équilibre. On a besoin de vivre ensemble comme on dit. Le monde entier utilise le poivre de Penja maintenant. Les ingrédients ont toujours voyagé. Il s’agit de voir ce que l’autre fait de très bien, et de l’améliorer. C’est tout un travail d’études que j’ai mené et j’ai publié mon livre sur ‘‘Le Patrimoine culinaire africain’’ aux éditions Michel Lafon où j’explique la démarche qu’on peut amener. L’objectif est que les jeunes s’initient à cette cuisine. Le livre pourra les aider dans leurs travaux. Ils doivent savoir respecter l’équilibre des produits. Il y a les produits qu’on ne peut pas mélanger.»
S’il y a un ramdam médiatique autour des produits laitiers européens ces dernières années, il serait mal venu de penser que l’Afrique les découvre aujourd’hui. Le Chef Christian Abégan ponctue : «l’Afrique revendique son art culinaire. On a 5000 ans d’histoires culinaires. On a réduit l’Afrique à un pays. L’Afrique c’est 54 pays. Quand vous allez en Afrique du Sud il y a une culture où on consomme tous ces produits laitiers, les fromages. Le fromage est beaucoup utilisé en Afrique de l’Ouest, dans une tradition laitière où les gens ont des vaches, prennent le fromage le matin, cuisinent même des fromages. Il faut juste garder l’esprit d’ouverture.»
La campagne Les Afro gourmands a mis le cap sur le Cameroun après l’étape du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Ce programme lancé par la Commission européenne et le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière va s’étendre sur trois ans. L’objectif étant de valoriser le savoir-faire, la diversité et l’excellence des produits laitiers européens, au service de cuisine africaine.
Valgadine TONGA