Elles ont exprimé leur indignation au cours d’une messe œcuménique, samedi 31 octobre à Douala à l’occasion du deuil national décrété en mémoire des victimes du massacre de Kumba.
L’émotion est grande en cette matinée de samedi 31 octobre à la place des fêtes de Bessèkè à Douala. Les populations de la capitale économique sont en noir et rouge, en première ligne les femmes leaders du Littoral. Certaines, assises à même le sol se lamentent. Elles sont venues partager la douleur de la nation toute entière. Plus particulièrement avec leurs sœurs de Kumba qui ont perdu leurs enfants dans l’attaque du Mother Francisca School, à l’origine de cette journée de deuil national décrétée par le Chef de l’Etat.
Entre chants, prières, pleurs, louanges, toutes les homélies des différents hommes religieux (imams, prêtres, pasteurs) présents tournent autour du pêché, du pardon, de la condamnation et de la paix. Des déclarations poignantes et interpellatrices, les unes comme les autres.
«Ce qui attire le malheur sur un peuple c’est la mort. Et le salaire du péché, c’est la mort. Ces enfants de Kumba ont-ils pêché plus que nous pour mériter une telle mort !», s’interroge le pasteur Ymen Martin. Le révérend père Martin demande la faveur du Très-Haut «car si nous sommes arrivés à l’issue de cette barbarie, c’est parce que nous les hommes avons failli», déclare-t-il.
Les homélies s’enchaînent. A la suite desquelles, une centaine de femmes leaders du Littoral effectuent une petite procession suivie de lamentations pour manifester leur mal être avec des écriteaux en mains. On peut lire : ‘‘Ça suffit’’, ‘‘Trop c’est trop’’, ‘‘Nous ne voulons plus de morts’’, ‘‘Il faut que cela cesse’’…
A l’initiative de cette cérémonie, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua précise : « Ce culte est la mise en application du décret du Chef de l’Etat qui a fait de cette date, une journée de deuil national. Vous avez vu toutes ces mamans spontanément se joindre à nous. Nous adressons nos supplications à l’Éternel pour que cesse ce satanisme à ciel ouvert. Nous pensons que lui qui agit dans l’invisible va ramener la paix et l’ordre dans les cœurs meurtris.» Comme le gouverneur de la région du Littoral, plusieurs femmes sont aussi soucieuses. «Nous sommes venues exprimer notre désarroi et notre grande anxiété. Quand on touche déjà à nos enfants et petits enfants, ça nous inquiète. Surtout que nous ne connaissons ni les tenants ni les aboutissants de cette affaire. Nous prions pour que cette situation cesse et que notre pays devienne ce qu’il était il y a dix ans», conjure Odile Moukouri Soppo, juriste et femme leader du Littoral.
« Ce que j’ai aimé dans cette initiative, est le fait pour nous les femmes leaders qui représentons la majorité des associations de la ville de s’être mises ensemble au-delà des opinions partisanes pour pleurer ces enfants et dénoncer cette barbarie. Ça prouve que nous avons toutes un seul objectif, la paix », se réjouit Marlyse Douala Bell, femme politique.
Félix EPEE