Dans le cours de géographie de l’école primaire, nous avons appris que le Cameroun est un pays de 475.442 km2 situé en Afrique, au cœur du Golfe de Guinée, entre l’équateur et les confins du Sahel. Son ouverture sur l’Océan Atlantique, les variations de sa géographie, la richesse de ses ressources naturelles et la diversité sociologique de sa population, valent à cet espace le qualificatif élogieux d’Afrique en miniature. D’autres diront plaisamment le continent 237, allusion faite à l’indicatif téléphonique de notre pays.
Plus tard, nous réaliserons qu’avec le volume de sa production industrielle et agricole, l’importance de son réseau hydrographique, le Cameroun dispose du potentiel nécessaire pour être à la fois le grenier et la centrale électrique des pays de son voisinage, en plus de servir de couloir commercial avec le monde à nombre d’entre ceux-ci.
Tous ces arguments réunis vaudront à notre pays d’être considéré comme l’Etat pivot de la sous-région Afrique-Centrale. Une stature et un statut enviables, mais qui ne suffisent pas à satisfaire notre désir d’auto-détermination, le mouvement d’un pivot étant par essence commandé par une influence extérieure.
De là les efforts fournis, les investissements consentis, visant à faire accéder notre pays au niveau supérieur sur l’échelle du positionnement global. Il s’agit de tirer le meilleur parti d’une position avantageuse par la grâce de la nature, position possiblement stratégique, à travers la fertilité de nos cerveaux, la force de nos bras, et surtout, l’inflexible détermination de nos volontés.
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Simplement parce que pour légitimes, pacifiques et souveraines qu’elles soient, nos ambitions ne vont pas manquer de se heurter aux visées d’acteurs beaucoup moins portés sur des rapports d’égalité. De farouches compétiteurs qui ne sont nullement enclins à tolérer l’émergence de nouvelles puissances, ne serait-ce qu’en latence.
L’audace entrepreneuriale de notre pays lui sera d’autant moins pardonnée, que la multidisciplinarité de son tissu académique, élément précurseur indispensable dans la valorisation du potentiel de son sous-sol, lui permet de se projeter au-delà de la production des matières premières, vers la manufacture de produits finis, notamment ceux utiles à la transition énergétique, un thème d’une brûlante actualité par ces temps de réchauffement du climat.
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L’émergence de notre pays, et plus tard son statut en tant que puissance, même régionale, passent nécessairement par la capacité de souffrance, autrement dit le degré de résilience dont nous ferons preuve, face à une adversité impitoyable, surtout à l’endroit des velléitaires. Car, sous les apparences affables et les discours rassurants, des conflictualités permanentes, sournoises et globales font rage et ravages entre d’une part les tenants de l’hégémonie éternelle, et d’autre part, les aspirants à l’autonomie. Des conflictualités qui, fort heureusement pour nous, ne peuvent se gagner avec les seules armes à feu, que nous ne fabriquons d’ailleurs pas.
Cette guerre pas toujours larvée qui nous est imposée, nous pouvons en sortir victorieux et nous faire une place de choix dans le concert des nations, par la qualité de notre patriotisme intellectuel, économique, civique et, plus que tout, la solidité de la cohésion de notre société.
Le fait que ce dernier élément soit la cible de toutes les manœuvres de déconstruction de l’identité nationale, en dit long sur son importance. A nous de veiller à le préserver des agressions, si nous voulons devenir une grande Nation.
Par ATONFACK GUEMO
Capitaine de Vaisseau,
Chef de Division Communication – MINDEF