Après le succès de son EP Mr Njoka Expérience, Smelo, le natif de Deido franchit une nouvelle étape dans sa carrière musicale avec la sortie de son premier album Looking for Love.
Looking for love, au-delà de son essence romantique, traduit une quête bien plus profonde et introspective, celle de la compréhension de soi, de l’autre, et du monde qui l’entoure. En neuf titres d’une richesse sonore et linguistique inédite, Smelo nous plonge dans une fusion d’Afropop et d’Afro-urbain. Un métissage musical et culturel, où les frontières du son se confondent pour mieux interroger notre époque.
Dès les premières notes de l’album, l’artiste invite son auditeur à un voyage multisensoriel. Son univers est composite, riche de mélodies et de rythmes empruntés aux cultures qui ont forgé son identité. En chantant en Beti, Duala, mélodieuses langues qui ont bercé son enfance, le natif de Deido chante aussi en anglais, et en français, pour tisser des ponts entre les langues et les peuples. L’album devient une conversation entre les voix de la diaspora et celles restées sur le sol natal, créant un dialogue unique où chaque mot, chaque mélodie, résonne comme un témoignage vivant de son parcours.
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Les titres Once upon a time et Water don finish for our eyes incarnent cette volonté d’engagement profond face à la crise anglophone au Cameroun. Né dans une famille francophone, ayant grandi au cœur de Douala et Yaoundé, Smelo n’a jamais été étranger aux tensions qui secouent la région de son encrage linguistique. Le nom « Bamenda« , qu’il porte fièrement comme un surnom d’antan, est un rappel de son attachement à cette terre, aujourd’hui dévastée par les conflits. À travers ces morceaux, il interroge les origines de cette guerre dans un pays qu’il considérait comme un modèle de paix et d’harmonie. « Je ne comprenais pas les affres de cette guerre dans ce merveilleux pays de paix que j’avais laissé », confie-t-il. Une réflexion poignante qui trouve écho dans la douleur de millions de vies brisées par la violence.
Un conte musical
Les morceaux Ebandolo et Looking for Love ouvrent et ferment l’album comme deux portes d’un monde à part, où l’imaginaire et la réalité s’entrelacent avec une élégance rare. Dans ces titres, Smelo nous plonge dans un univers féerique, où l’évangile de ses parents, acteurs et passionnés de scène, se mêle aux rêves et aux réalités de son quotidien. L’artiste puise dans la culture théâtrale, dans l’essence même de l’histoire vivante, pour offrir un spectacle sonore qui va au-delà de la simple chanson, et qui tissent des récits où les frontières entre le magique et le réel deviennent floues, laissant l’auditeur emporté par une vague de poésie visuelle et sonore. Le titre Water don finish for our eyes s’impose comme la chanson clé de l’album, en tant que métaphore poignante d’une société où les ressources, tant matérielles qu’émotionnelles, semblent s’épuiser.
Une Quête Spirituelle et Musicale
Profondément religieux, Smelo ne cache pas sa foi en un Être supérieur, créateur et guide. Dans Nzambeu et Ma keu ma yeux, il s’adresse à Dieu, dans un cri de détresse, afin qu’il apaise les souffrances de ses enfants. Ces titres, imprégnés de spiritualité, témoignent de la recherche de sens face à un monde en perpétuel tumulte. La musique devient alors une forme de prière, un langage sacré pour transcender les épreuves. Cependant, Looking for Love n’est pas uniquement une quête de rédemption spirituelle. L’album témoigne également de l’amour profond de Smelo pour l’art musical et les rythmes du terroir. Dans My Brother, il explore la pluralité rythmique, touchant au Mbole, et démontre sa maîtrise de la musique comme un terrain d’expérimentation sans fin. L’album devient ainsi une célébration de la diversité des sons et des influences musicales qui composent son identité, tout en restant fidèle à ses racines camerounaises. À travers Looking for Love, Smelo ne se contente pas de livrer un album. Il offre une expérience immersive, un voyage à la fois intime et universel, où chaque chanson devient une escale dans un monde fait de rêves, de luttes et d’espoirs. Avec une plume aussi poétique que lucide, il parvient à fusionner esthétique musicale et engagement personnel, invitant son public à réfléchir tout en se laissant emporter par la magie des rythmes et des harmonies. C’est dans cette quête de l’amour, mais aussi de la vérité, que Smelo fait rayonner la puissance de son art, comme un phare dans un océan de tumultes.
Cheikh Malcolm RADYKHAL EPANDA
