Sur hautes instructions une nouvelle fois du Président de la République, le ministère des Finances doit débloquer ce montant pour le paiement des frais de correction des examens de juin 2000 et 2021. De la pisse de chat pour le mouvement OTS.
Depuis plusieurs jours, les élèves du Cameroun n’ont pas entendu le son de craie sur le tableau noir, suite au mouvement de grève observé par leurs enseignants. A Ebolowa, chef-lieu de la région du Sud, les élèves, sevrés des enseignements, n’ont pas emprunté le chemin des classes ce lundi, 7 mars 2022. Visiblement solidaires des revendications de leurs enseignants, ces apprenants, vêtus de leurs uniformes et de leurs cartables, se sont rendus dans les services du gouverneur de la région, Félix Nguélé Nguélé, pour demander que des solutions soient apportées aux revendications exprimées par les seigneurs de la craie. Dans d’autres lycées de Douala, et Yaoundé, les élèves se filment avec des messages écris sur format : «Payez nos enseignants… On a Trop Supporté… Nous voulons fréquenter…»
La grève se poursuit dans les établissements scolaires à travers le pays malgré les rencontres qui ont eu lieu vendredi, 4 mars 2022 au premier ministère entre le ministre, secrétaire général des services du Premier ministre, Séraphin Magloire Fouda et certains syndicats d’enseignants en vue d’apporter des solutions aux revendications exprimées par les enseignants. Réunion qui malheureusement n’a pas réussi à obtenir la fin de grève. A en croire certains syndicats d’enseignants, notamment le mouvement « On a Trop Supporté», (Ots), les solutions adoptées lors de cette rencontre sont loin d’être satisfaisantes, indique-t-il dans leur communiqué du dimanche 6 mars 2022 demandant la reconduction de la grève. Regrettant une fois de plus, n’avoir pas été associé à cette rencontre, le collectif relève à la lecture du rapport dressé à l’issue des assises, les insuffisances de ces solutions préconisées à savoir : «Le manque de précision sur l’échéancier de paiement de rappels de compléments salaires, du non logement et des avancements ; le collectif désapprouve la date arrêtée pour le payement des avancements fixé pour le début du mois du juin qui ne correspond pas à leurs attentes ; et par-dessus tout, le collectif dénonce la non- évocation dans ce rapport du statut particulier de l’enseignant au Cameroun qui pourtant est un élément central» de leurs revendications. Ce mouvement pense que « le gouvernement ne mesure pas le degré de mécontentement des enseignants et préfère multiplier des réunions dont les résolutions ne sont pas de nature à répondre efficacement à nos revendications.»
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Pour eux la levée du mot d’ordre de grève dépend d’un échéancier clair et précis n’excédant pas trois mois l’épuration de la dette due aux enseignants. Il est notamment question de la prise en charge complète et totale des enseignants qui depuis des années n’ont ni salaires, ni matricules, ni décret d’intégration ; le paiement des arriérés liés aux examens 2020-2021, de l’Office du Baccalauréat du Cameroun entre autres entre.
Cette dernière revendication pourra être résolue dans les prochains jours. Selon une correspondance du 7 mars 2022, du ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, le président de la République a instruit le ministre des Finances de procéder en urgence à la levée du blocage de précaution budgétaire au profit du ministère des Enseignements secondaires et du ministère de l’Education de base afin de régler certaines des revendications formulées par ces derniers. Cette démarche, indique la correspondance devra permettre de disposer d’une enveloppe de 2,7 milliards de Fcfa qui servira au paiement des arriérés dus aux enseignants mobilisés pour la correction des examens de l’Obc au titre des sessions de juin 2000 et 2021.
Sur les réseaux sociaux, les enseignants et leaders du mouvement OTS critiquent ce montant. «2,7 milliards ce n’est pas ce que nous réclamons. Ceci est une distraction pure et simple pour ramollir les enseignants ! Notre argent et ce que nous réclamons va au-delà. OTS jusqu’à la gare», martèle un enseignant au pseudonyme de Ewondo, sur twitter. Pour d’autres, les enseignants et les élèves sont «du pure bétail» pour le gouvernement. Ils se réfèrent à l’obligation qui avait été faite aux élèves et au corps enseignant de réduire les horaires de cours, pour assister aux matchs de la Can. «Sur très hautes instructions de Monsieur le Président de la République, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, informe la communauté nationale que, pendant les jours de la tenue des rencontres de la CAN les activités scolaires et académiques se tiendront de 7h30 à 13 heures», disait la note.
Pour rappel, dans leur correspondance du 14 février 2022 au Chef de l’Etat, les enseignant avouaient être «tous au courant que vous n’êtes pas informé que plus de 25.000 enseignants sont en attente de complément salaire, 90.000 en attente de validation de leurs avancements. Plusieurs d’entre nous vont déjà à 07 ans sans complément de salaire vivant ainsi sous le poids de la misère.»
Blanchard BIHEL