Président Directeur Général de ITGStore qui a compétence dans la sous-région Cemac, Gabriel Fopa, est présent à la réunion statutaire du 41ème conseil et la conférence de l’Association de gestion des Ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Agpaoc, qui se tient du 29 novembre au 3 décembre 2021 à Douala. Dans cette interview accordée à La Voix Du Koat, Gabriel Fopa parle de la place de la digitalisation dans la place portuaire.
Parlez-nous de ITGStore…
ITG Store est une entreprise d’intégration de services informatiques parmi les leaders de la sous-région Cemac. Elle est une entreprise à capitaux Camerounais avec plus 125 ressources. Nous disposons d’un siège au Cameroun, une agence au Congo, (Brazzaville), une agence à Niamey, une agence en Guinée Conakry. Nous intervenons dans les solutions de la digitalisation, donc de l’automatisation des processus de production. Ça veut dire qu’on envisage l’informatique comme un moyen qui permet de gérer l’information pour optimiser les systèmes de production. Produire plus rapidement, produire de manière automatique, produire de manière sécurisée. L’objectif étant pour les entreprises privées de cibler l’augmentation, l’optimisation des revenus quand il ne s’agit pas de la protection des revenus. Ça voudrait également dire qu’on envisage l’entreprise comme un système d’information consolidé, sécurisé et agrégé, mis ensemble dans lequel système, il y a des règles d’étanchéité permettant ainsi l’accès de chaque périmètre d’information exclusivement aux ayant-droits c’est-à-dire les acteurs ou les services concernés. Par exemple, les données financières ne doivent pas être vues par des collaborateurs. Tout cela, ce sont des exigences que l’informatique sait porter. En tant qu’intégrateur des services informatiques, d’infrastructures informatiques, de plateformes de services informatiques, nous sommes associés à l’un des leaders mondiaux de logiciel de gestion de système d’information portuaire, Portel. Ce partenariat stratégique porte en lui à la fois les compétences de l’ingénierie infrastructurelle qui constitue le socle d’appui permettant l’évolution des logiciels métiers comme le système d’information portuaire. Il s’agit d’orchestrer de manière intelligente et performante au sein d’un même consortium, le savoir-faire dans l’urbanisation des systèmes et des infrastructures d’une part, et d’autre part, l’axe verticale métier associée à la gestion du système d’information portuaire, ici animée par Portel.
http://www.itgstore-consulting.com/
A quoi servent les logiciels de système ?
Les logiciels de système d’information portuaire sont des logiciels convergents qui permettent d’automatiser toute la production, mais dans le contexte des activités d’un port. Qui va aller jusqu’au référencement des bateaux qui rentrent, la qualification de leur calibrage, de leur contenance, la gestion des escales navires, la gestion des terminaux, la gestion des marchandises, le déchargement des conteneurs qui peut être automatique, le chargement qui être automatique, la gestion des hangars, la gestion des stocks, jusqu’à la facturation, la gestion de la capitainerie, la gestion électronique des interfaces avec les partenaires (j’entends par là les consignataires, les acconiers, les agents maritimes y compris les organismes coopérants comme le Guce, la douane etc). Ceci intègre aussi la gestion domaniale, les systèmes d’information géographiques et le maillage électronique avec des capteurs appropriés de toutes les zones sensibles portuaires. C’est tous les métiers qui constituent un environnement portuaire. Et c’est en cela que la digitalisation a du sens, parce qu’on vient au service de toutes les entreprises pour cibler comment optimiser les systèmes de production afin de les rendre les plus productifs, plus performants et dans la maîtrise des coûts et de la qualité. Et l’expérience de l’usager est tout autant aussi optimisé sans compter la sécurisation de l’ensemble des revenus générés par les opérations au sein du port.
Lire aussi :Jean Marcel Belinga Belinga : «Le Port de Kribi est un bon élève en matière de digitalisation»
De manière concrète et simple, peut-on avoir quelques exemples de l’avantage de la digitalisation dans l’activité portuaire ?
On peut commencer par la gestion de l’entrée des camions. On peut considérer qu’un camion quand il s’enregistre au port, quand il vient demain, il n’a plus besoin de mettre un badge. Avec l’image et la reconnaissance de sa plaque, le portail s’ouvre automatiquement. On n’a plus besoin d’une intervention manuelle pour gérer cet aspect. Deuxièmement, prenons un autre exemple basique, à partir du moment où un conteneur a été déchargé d’un bateau et localisé quelque part dans un hangar du port, une fois que toutes les actions de dédouanement ont été opérées et que le visa de sortie est disponible, il va falloir localiser où il se trouve. Tout cela c’est la digitalisation. Où se trouve le conteneur, c’est une information. Je le récupère comment ? C’est de l’information. Avant de le stocker, j’ai besoin d’avoir une vision globale du lieu de stockage. Quels sont les espaces disponibles ? Est-ce-un conteneur qui contient des produits dangereux ? Tout cela ce sont des informations. Ainsi tout système d’information est là pour aider à une meilleure prise de décision. On peut aller encore plus loin, de manière basique. C’est qu’il faut être connecté au monde. Quand un armateur est basé en Allemagne, il faut pouvoir communiquer par messagerie électronique. Il peut aussi communiquer par visioconférence. Il peut aussi travailler dans une réunion collaborative où, il y a la voix, il y a un partage de documents avec un système de messagerie instantanée comme le tchat. C’est ce qu’on appelle communication unifiée dans lequel la messagerie intervient, la gestion des documents intervient etc. C’est très vaste. Il n’y pas un seul domaine dans lequel la digitalisation n’a pas sa place.
Est-ce qu’on peut dire que la digitalisation a déjà marqué de son emprunte dans la sous-région Cemac ?
Je crois que le Port autonome de Douala est leader dans la Cemac dans l’impulsion, voire sa vision de la digitalisation et l’automatisation. Il me semble que l’actuel management du Pad, a une vision très claire par rapport à cela et mène plusieurs actions visant à une très grande digitalisation. Si on revient à sa définition de l’optimisation du système de production, on finira par arriver à un moment où tout le processus de dédouanement, de l’entrée du conteneur jusqu’à sa sortie peut être réduit à un temps le plus minimal possible. Là où il y a une chambre de contrôle manuel, avec l’inconvénient que l’être humain selon qu’il est en santé, selon ses états émotionnels, lorsqu’il contrôle, il peut avoir des moments de fragilité avec des conséquences néfastes sur la qualité de la production. Alors que lorsqu’on met un système de contrôle automatique, non seulement c’est rapide, c’est fiable et c’est sécurisé. Lorsqu’on voit ce qu’est le port aujourd’hui par rapport aux années antérieures, il y a un processus qui est en cours et ce processus a besoin d’être soutenu, d’être accompagné. Nous devons considérer qu’aujourd’hui la digitalisation est un moyen de faire de grands sauts en termes de système performant de production. Le Port autonome de Kribi, en cela à son échelle, est une référence dans la sous-région. Le Port de Kribi a conduit son projet de digitalisation avec une intelligence qui lui a été très profitable en termes de transfert de technologies et d’expériences. Le Pak a eu l’avantage de ne pas avoir un historique qui était en dehors de la digitalisation, pour dire qu’elle a initié son initialisation en intégrant la digitalisation comme un pilier essentiel de son système opérationnel et de son système de production.
Comment voyez-vous les travaux de l’Agpaoc ?
L’organisation d’un tel séminaire qui offre une tribune de partage d’expériences, de grands questionnements et d’ateliers de revus de stratégies, est une excellente idée pour le développement de tout le continent. J’entrevois d’ailleurs enfoui au sein de cette initiative, l’esquisse du projet du panafricanisme qui est aujourd’hui ardent au cœur de ceux qui aiment véritablement l’Afrique.
Entretien avec Valgadine TONGA