Avec leurs fresques et graffitis, deux peintres camerounais ont transformé l’espace commercial en lieu de rêve où règne beauté et harmonie.
On a l’habitude de le voir en pleine rue, sur les murs d’édifices, mais rarement dans un lieu espace hôtelier. Cette forme d’expression artistique relevant de l’urbain dont l’exposition est en cours sur les murs de l’hôtel Onomo à Douala, passe pour être une révolution.
Ce bouleversement des règles est l’œuvre de deux artistes camerounais, Arnaud keuleu et Guy Kouekan. Deux énergies aux sensibilités différentes qui ont fusionné pour laisser échapper leur génie en faisant transparaître beauté et visage africain de rêve.
Adama et Eva, l’espace restaurant de cet établissement, en référence au jardin d’Éden en est une parfaite illustration de cette créativité. Des symboles épousant les visages et les motifs sous forme de hiéroglyphes dans un langage subtil qui mettent en avant le savoir ancestral africain. «Nous nous réapproprions à travers ces œuvres une partie de notre vaste savoir oublié et dilué», déclare Guy Kuekan, l’un des exposants. Une grandeur d’antan que nos deux artistes voudraient revaloriser. Dans le même sillage, leur patrimoine culturel dans sa modernité et sa diversité. «C’est une forme de retour aux sources», souligne Arnaud Keuleu, Keulion de son nom d’artiste.
Baladis est le nom de l’Expo, en même temps celui d’un peuple issu du Soudan égyptien dont ils se réclament originaires. Un mélange d’ancestralité et de modernité qui a séduit Didier Toko, commissaire de l’exposition et initiateur du projet Baladis. «J’ai été frappé par l’originalité et la créativité de ces artistes qui mettent l’humain au centre de leurs œuvres. J’ai senti qu’en mettant les deux ensemble, l’un tradi et l’autre contemporain, cela allait créer quelque chose de magique», nous confie-t-il.
Cette combinaison à la sensibilité urbaine selon le bédéiste Jacques Claver Biba alias Bibi Benzo, permet de présenter aux amoureux de l’art une autre façon de nous approprier nos espaces de vie et les rendre agréable aux yeux. «Cet expo dans un tel espace pas accessible au commun du mortel, permet de diluer le clivage social dans le public de l’art», argue-t-il.
Après le vernissage du 5 novembre 2020 à Douala, Baladis reste pérenne sur les murs de cet hôtel.
Félix ÉPÉE