Le 8 juin 2025, le quartier Ndogpassi II Saint Nicolas à Douala s’est réveillé aux couleurs de l’engagement citoyen. Portés par l’urgence écologique et l’élan communautaire, les jeunes du quartier ont démontré que la lutte pour un environnement sain commence par des gestes simples, mais puissants.
Ils sont venus nombreux. Armés de pelles, de râteaux, de balais et de brouettes, les jeunes de Ndogpassi II Saint Nicolas ont convergé dès les premières heures de la matinée vers les points noirs d’insalubrité du quartier. Ce dimanche 8 juin, en marge de la célébration de la Journée mondiale de l’environnement observée chaque 5 juin, les rues ont été nettoyées, les rigoles curées, les dépotoirs sauvages évacués. Une vaste opération d’assainissement pilotée par l’association Young Protectors of Environment (YPE), composée de jeunes bénévoles, unis par la foi dans une écologie populaire et durable.
Les volontaires, toutes générations confondues, arboraient pour l’occasion de vives chasubles fluorescentes. Ce choix vestimentaire, au-delà de l’aspect pratique, rappelait avec éclat que ces jeunes sont les sentinelles visibles d’un quartier en quête de rédemption environnementale. Leurs outils de travail, instruments modestes mais redoutablement efficaces, traduisaient leur détermination à passer des discours aux actes. L’ambiance était studieuse, rythmée par les bruits des pelles frottant le sol et des brouettes chargées de déchets. « Notre mission consiste à protéger l’environnement et défendre le climat. Si nous sommes à Ndogpassi II, c’est d’abord pas que notre siège s’y trouve, et comme charité ordonné commence par soi, c’est à juste titre que nous avons choisi cette année d’organiser les activités marquant la journée internationale de l’environnement dans notre propre quartier », déclare Claude Kévin Tchouaga, co-fondateur de YPE.
Le choix de Ndogpassi n’est pas anodin. Moins d’une semaine auparavant, un accident tragique y a mis en lumière la fragilité du tissu urbain local, marqué par la pollution chronique et un désordre urbain endémique. Face à cette réalité, les jeunes de YPE ont décidé de faire de leur quartier un laboratoire d’éveil écologique. Cette année, la Journée mondiale de l’environnement, axée sur la lutte contre la pollution plastique, trouve ainsi un écho particulier à Ndogpassi. « Nous avons voulu sensibiliser nos voisins sur la nécessité de recycler les emballages plastiques et de réduire leur usage. C’est une responsabilité collective. La nature se défend mal seule ; elle a besoin d’alliés. »
Tout au long de la journée, les jeunes ont multiplié les actes symboliques : collecte de sachets plastiques, nettoyage des zones à risque sanitaire, mais aussi causeries éducatives improvisées au détour des ruelles. La participation des aînés et des parents a donné à l’événement une dimension intergénérationnelle forte. Un pont fraternel entre les souvenirs d’hier et les espérances de demain.
Pour Tchoua Thierry, président de l’association des jeunes de Ndogpassi II Saint Nicolas, l’émotion était palpable : « C’était une très belle initiative dont j’aimerais voir la pérennité. Nous menons aussi d’autres actions de sensibilisation, notamment autour des lieux de commerce, pour une meilleure propreté et une occupation responsable des trottoirs. Ce combat est noble. Il mérite que nous y tenions sans fléchir. »
L’implication de YPE ne s’arrête pas là. Dans une logique de transmission, l’association mène depuis mai une série de campagnes dans les établissements scolaires du quartier. Les 21 et 22 mai derniers, les membres sont allés à la rencontre des élèves de CM2 et Class 6 pour planter dans les esprits les graines d’une conscience écologique naissante. Un travail de fond, essentiel selon eux, car « éduquer un enfant, c’est préparer un futur citoyen respectueux de la nature. »
Belocke Thomas, aîné du quartier, voit dans cette mobilisation un souffle d’espoir : « C’est une note bien accordée, une symphonie achevée entre les générations. Cette jeunesse consciente et engagée rappelle que notre quartier a besoin de jeunes sains dans la moralité, les habitudes, et même l’apparence, pour mieux impacter leur environnement. »
À Ndogpassi II Saint Nicolas, la défense du climat et la protection de l’environnement ne sont plus des concepts abstraits. Elles s’incarnent désormais dans des visages, des mains calleuses, des regards fiers. Dans l’élan d’un quartier qui, par ses enfants, décide de faire face au tumulte urbain pour réapprendre à respirer.
Cheikh Malcolm RADYKHAL EPANDA
