Dans un contexte africain francophone marqué par des échéances électorales cruciales, un atelier régional sur les élections à l’intention des institutions nationales des droits de l’homme francophones s’est ouvert ce mercredi 30 juillet 2025 à Yaoundé.
Organisé par l’Association francophone des Commissions nationales des Droits de l’homme (AFCNDH) en partenariat avec la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC), l’atelier régional sur les élections à l’intention des institutions nationales des droits de l’Homme qui se tient les 30 et 31 juillet à Yaoundé, répond à une urgence. Plusieurs pays de la région s’apprêtent en effet à vivre des scrutins présidentiels dans les prochains mois. Le Cameroun avec la présidentielle du 12 octobre 2025, la Côte d’Ivoire le 25 octobre 2025, le Bénin en avril 2026.
L’ouverture de l’atelier a été l’occasion de rappeler le paradoxe des périodes électorales en Afrique francophone. Alors que le droit à la participation politique est un pilier démocratique consacré par les engagements internationaux et les constitutions nationales, ces moments clés sont trop souvent émaillés de tensions extrêmes, de polarisation, d’allégations de fraude, de violences, de restrictions des libertés et de désinformation. Ces phénomènes menacent directement la crédibilité des scrutins et la stabilité des nations, rappelle Barbara Dotanta de l’AFCNDH.
Face à ces défis, le renforcement du rôle des INDH apparaît comme une nécessité impérieuse. Comme l’a souligné avec force le Pr Mouangue Kobila, Président de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC), « consciente que les processus électoraux sont au cœur de la démocratie, de l’État de droit et des droits de l’Homme et que les INDH (Institutions Nationales des Droits de l’Homme) peuvent y jouer un rôle clé en raison de leur mandat large de promotion et de protection des Droits de l’Homme, l’AFCNDH en partenariat avec la CDHC a tenu à organiser cet atelier… Il s’agit d’un atelier de renforcement des capacités et de partage d’expériences pour promouvoir des élections pacifiques, alignées sur l’idée même de la démocratie qui renvoie à l’un des modes pacifiques de dévolution du pouvoir.»
Le Pr Kobila a rappelé l’étendue des responsabilités des INDH à savoir le suivi du cadre juridique, l’observation des partis politiques et des organes électoraux, la surveillance des inscriptions, de l’environnement médiatique, de l’inclusion des groupes vulnérables, du déroulement du vote, des contentieux et de la publication des résultats.
L’atelier qui réunit des représentants des INDH des quatre pays, des experts en droits humains et gouvernance électorale, des membres d’organes de gestion des élections (comme Elecam pour le Cameroun), des parlementaires, des ministères concernés, des agences onusiennes (Centre des Nations Unies pour les Droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale) et des organisations de la société civile, vise des résultats concrets notamment le renforcement des capacités sur les normes africaines et internationales applicables aux élections, faciliter le partage d’expériences et de bonnes pratiques en matière de surveillance des droits humains et de plaidoyer électoral, outiller les participants en techniques de suivi électoral, rédaction de rapports et mécanismes d’alerte précoce.
Yahaya IDRISSOU