La sortie du Président de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun s’inscrit dans le cadre de la journée africaine des droits de l’Homme et des Peuples. Ci-dessous, la déclaration du Pr. James Mouangue Kobila.
DÉCLARATION DE LA COMMISSION DES DROITS DE L’HOMME DU CAMEROUN À L’OCCASION DE LA JOURNÉE AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES
21 octobre 2025
Thème : Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers des réparations
La Commission souligne que la commémoration annuelle du 21 octobre constitue une occasion privilégiée de réflexion et d’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre des instruments africains relatifs aux Droits de l’homme et des peuples, ainsi qu’un appel à l’action renouvelée en faveur de leur effectivité, notamment à travers le thème annuel retenu par l’Union africaine (UA) qui oriente les priorités régionales et nationales dans le domaine des Droits de l’homme et des peuples.
La Commission accueille favorablement le thème retenu par l’UA cette année, à savoir Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers des réparations, un thème qui souligne l’engagement de l’UA à lutter contre les injustices historiques et leurs conséquences actuelles, principalement la traite transatlantique des esclaves, le colonialisme, l’apartheid et le génocide, en s’appuyant sur des décennies de plaidoyer et de collaboration visant à favoriser l’unité et à mettre en place des mécanismes de justice réparatrice à l’échelle mondiale.
La Commission salue les actions menées par le Gouvernement et ses partenaires visant à reconnaître, réparer et compenser les injustices historiques subies par les Africains et les personnes d’ascendance africaine, à promouvoir l’égalité, la justice et l’inclusion dans tous les secteurs sociaux et économiques autant qu’à instaurer un environnement propice à la dignité, à la protection des Droits et au plein épanouissement de tous les citoyens concernés.
La Commission salue la mesure présidentielle, relayée le 22 juillet 2025 par le ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République au ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (MINMIDT), prescrivant que l’exploitation du minerai d’or du site de Kambélé, Département de la Kadey, Région de l’Est, initialement concédée à la Société Jamb’s avenir Sarl, soit exclusivement réservée aux artisans autochtones dudit site ; une initiative emblématique de justice réparatrice et de réhabilitation économique des communautés autochtones spoliées de leurs ressources.
La Commission salue également l’organisation, les 5 et 6 mai 2025 par le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF), de sa Conférence annuelle des services centraux et déconcentrés sur le thème Genre, paix et sécurité en Afrique, en vue de contribuer au renforcement de la mise en œuvre de politiques de genre, principalement celles orientées vers la justice sociale et la réparation des inégalités structurelles subies par les femmes africaines.
La Commission se réjouit du lancement, le 18 mars 2025 à Yaoundé, par le MINEDUB, ses homologues du MINPROFF, du ministère de la Justice (MINJUSTICE) et de la Banque mondiale de la seconde phase de l’opération spéciale d’établissement et de délivrance des actes de naissance aux élèves du primaire dont le financement s’élève à 2 400 000 000 de francs CFA – une initiative visant à corriger l’injustice liée au non-enregistrement d’enfants à la naissance, renforçant ainsi leur accès effectif aux Droits fondamentaux, notamment à l’éducation et à la protection juridique – avec pour objectif l’établissement des actes de naissance à 1 038 699 élèves de la SIL/class one au cours moyen deuxième année/class 6 en 2025.
La Commission se réjouit également de l’organisation, par le MINPROFF, le 30 décembre 2024 à Yaoundé, de la cérémonie de signature des contrats avec 12 municipalités pour faciliter l’enregistrement de 14 222 enfants à l’état civil, une initiative de justice réparatrice destinée à corriger l’injustice liée à l’absence de documents d’identité et à garantir l’accès effectif de ces enfants à leurs Droits fondamentaux, à laquelle le MINPROFF a consacré plus de 142 millions de francs CFA répartis entre sept Régions du pays, à savoir : l’Adamaoua, le Centre, l’Extrême-Nord, le Nord, l’Ouest, le Sud et le Sud-Ouest.
La Commission exprime sa satisfaction pour l’organisation, le 21 octobre 2024 au Lycée d’Abang-Nkongoa, dans le Département de la Mefou et Afamba, Région du Centre, par l’association Africa Fact Checking Fellowship Cameroon (AFF Cameroon), d’un atelier de sensibilisation des jeunes apprenants visant à promouvoir un environnement scolaire respectueux des Droits humains et à soutenir la justice sociale pour les générations futures, afin de prévenir les discriminations et les discours haineux qui entravent l’égalité et la justice.
La Commission rappelle que la détention provisoire abusive demeure une préoccupation majeure, engendrant une surpopulation carcérale largement attribuable à la lenteur du traitement des dossiers judiciaires, à la corruption et à la faiblesse de la communication entre le parquet et les établissements pénitentiaires – facteurs qui aggravent des conditions de vie déjà précaires des personnes privées de liberté ; la Commission souligne que la réduction de la détention arbitraire et la réhabilitation des victimes des dysfonctionnements de la justice pénale constituent des formes concrètes de justice réparatrice.
La Commission relève que sur les 220 recommandations acceptées par l’État à l’occasion de l’adoption du Rapport du passage du Cameroun au 4e cycle de l’Examen périodique universel (EPU) le 26 mars 2024, huit sont en consonance avec la thématique de l’édition 2025 de la Journée africaine des Droits de l’homme et des peuples ; elles sont reproduites dans la Déclaration de la CDHC de ce jour, après avoir été ventilées par l’Institution nationale des Droits de l’homme du pays aux structures pertinentes de l’État et aux institutions spécialisées, chacune en ce qui la concerne.
La Commission réitère ses recommandations formulées à l’occasion de l’édition 2025 de la Journée africaine de l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil, de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, de la Journée africaine de la détention provisoire, de la Journée de l’enfant africain, de la Journée de la femme africaine et de la Journée internationale des peuples autochtones, en recommandant de nouveau au ministère de la Communication (MINCOM) d’intensifier et de multiplier les campagnes médiatiques visant à sensibiliser la population sur les dangers de la désinformation, des discours de haine et de la manipulation médiatique, tout en prônant la culture du respect mutuel et du vivre-ensemble harmonieux.
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Professeur James Mouangue Kobila
Président de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun