L’opération de destruction a commencé le 21 août aux environs de 8 heures du matin.
Les habitants du lieu-dit Mongo Tsf n’ont pas eu un réveil brutal ce mardi matin. Ils ont été réveillés par les bruits d’un camion de démolition dès les premières heures de la matinée. L’arrivée de l’engin fait suite à la sommation de 48heures adressée aux habitants, une sommation qui intervient quatre ans après l’avis de libérer les lieux. Hélas, beaucoup n’ont pas cru en cette mise en demeure. Par conséquent, ils n’ont pas respectés le délai prescrit. C’était la confusion totale lorsqu’ils ont vu arriver le démolisseur accompagné d’un important déploiement de forces de maintien de l’ordre.
Conscients de leur tort, quelques habitants supplient les gendarmes et policiers de leur permettre de récupérer leurs effets importants. «Depuis deux jours qu’on vous a prévenu pourquoi n’avez pas pris vos dispositions ? », leur demande un des agents. Les minutes d’après, l’engin broie de ses dents sur les maisons. C’est la débandade totale. Chacun se bat pour récupérer et sauver ce qu’il y a lieu de l’être. Ustensiles de cuisine, réfrigérateurs, congélateurs, matelas, lits, téléviseurs,…). La rue principale du côté de Nkongmondo qui dessert la zone, ainsi que les rues voisines du côté de Bonapriso sont inondées de bagages créant de fait un embouteillage inhabituel.
On assiste à des va-et-vient des tricycles et camions sollicités par quelques victimes des casses pour transporter leurs effets en lieux sûrs. D’autres, par contre, ne sachant pas où aller, sont restés assis auprès de leurs bagages. Infirmière et mère de trois enfants, Aïcha est sous le choc. «Mon frère, on n’y peut rien c’est la vie», soupire-t-elle, épuisée par tous ces mouvements de la journée. La tension est montée d’un cran le deuxième jour des casses. Les populations ont tenté d’opposer une résistance aux forces de l’ordre qui se sont vu contraints de faire usage des bombes lacrymogènes.
Le reste des constructions de cet espace en dehors de quelques maisons isolées appartenant à l’Etat disparaîtra de la carte. Ce domaine public était illégalement occupé, pour certains, pendant plus de trente ans et transformé en véritable bidonville en plein cœur de Bonapriso. Il était par ailleurs devenu un refuge de petits brigands et de gangsters qui, à partir d’une certaine heure de la soirée devenaient une terreur pour les populations des quartiers voisins.
Félix EPEE