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Communication institutionnelle : les sites internet en berne

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Au moment où l’information va vite, le portail du ministère de la communication, supposé être la vitrine du pays, présente un visage terne et un contenu à la limite du ridicule.
A l’ère de la nouvelle technologie, de l’internet avec les réseaux sociaux, l’information va à une vitesse exponentielle, obligeant toutes les institutions à aller à ce rythme, si elles veulent rester dans l’air du temps. Cette obligation s’impose davantage aux institutions étatiques qui doivent communiquer sur elles-mêmes pour d’une part promouvoir leurs actions, d’autre part donner l’information officielle qui ferait taire les rumeurs qui se propagent rapidement. Les Camerounais eux aussi courent après l’information, et veulent aujourd’hui savoir ce qui se passe dans les ministères, la version de telle autorité sur tel sujet. Et la source la plus sollicitée est sans conteste le portail internet du ministère ou de l’institution. Sauf que l’animation des sites internet semble être le ventre mou de nos institutions. Pour les départements ministériels camerounais qui en ont mis sur pied, trouver une information là-dedans est une gageure, et cela concerne les ministères les plus insoupçonnés, comme celui de la Communication.
Mincom, le mauvais exemple
Le portail internet du ministère porte-parole du gouvernement, à l’adresse www.mincom.gov.cm est en effet à la limite de la médiocrité, après une visite le 18 décembre 2018 de 12h à 18h. La page d’accueil présente une image statique du chef de l’Etat Paul Biya, avec un lien inactif parlant du résultat de l’élection présidentielle du 7 octobre. Plus loin en bas un titre reprend cette information, et ouvre un texte laconique qui se résume au pourcentage des résultats tels que lu par le président du Conseil constitutionnel le 22 octobre 2018. Absolument aucune information n’est visible ici sur le ministère lui-même, son historique et ses missions. Impossible, pour un étudiant ou simplement un internaute, d’avoir une idée des différents ministres qui ont dirigé ce département, l’organigramme existe comme rubrique, mais avec un contenu vide.

Suite au retrait de la Can Total 2019 au Cameroun, le porte-parole du gouvernement a tenue un point de presse de samedi 1er décembre 2018. Ci-dessous, l’intégralité de sa communication.
Issa Tchiroma

Un clic au hasard sur la rubrique « relations presse », conduit le visiteur à la sous rubrique conférence de presse, et ici le compte rendu le plus actualisé d’une conférence de presse, date du 5 octobre 2018, il y a deux mois et demi. Ce n’est pas ici qu’il faut espérer avoir une information actualisée sur le Cameroun, rien sur la Can 2019, les nominations à la tête de certaines sociétés d’Etat le 14 décembre, rien sur la libération des 289 détenus dans le cadre de la crise anglophone, pourtant ce dernier sujet est l’un sur lequel le patron de ce ministère s’exprime le plus.
Quand la source d’information est mal informée
Le ministre de la communication, patron des journalistes sur le plan institutionnel, ne cesse pourtant de leur rappeler qu’il faut être professionnel, donner une information puisée à la bonne source. Mais dans le même temps rien n’est fait pour faciliter l’accès à cette information, car si sur le site internet du ministère de la Communication d’un pays on ne peut trouver le minimum, où ira ton le trouver ? Quand sur le portail du Mincom il n’est pas possible d’avoir les textes qui réglementent la profession de journalisme, et Dieu seul sait qu’il y en a, si l’on ne peut pas avoir une idée du nombre de médias qui existent dans un pays en visitant le site du ministère de tutelle, à quoi cela sert-il ? Le jeune Camerounais devrait, en un clic, connaître avec exactitude qu’il y ait tel nombre de presse écrite au Cameroun, tel nombres de radios et leur fréquences par arrondissement, département, régions et sur le territoire national finalement, les chercheurs devrait sur le site internet du ministère de la communication, être suffisamment renseigné sur le pays.
Mais ce portail est en définitive le dernier endroit où celui qui cherche une information ramassée sur le Cameroun peut se rendre, là où un simple blog d’un étudiant est plus utile. Pourtant, en dehors du site internet qui devrait être un acquis avec des interfaces interactifs, un ministère de la communication devrait avoir également ses pages officielles Facebook, les comptes twitter, Instagram, Link in et autres, tous ces réseaux sociaux qui permettrait à l’institutionnel d’être présent sur le terrain de l’information, rester offensif.
Mincom, le guide aveugle
Paradoxalement, le ministère de la communication a un rôle d’une importance capitale dans la nomenclature gouvernementale. Dans la définition de ses missions, il est précisé qu’il est chargé de l’élaboration, de la mise en œuvre et de l’évaluation de la politique du gouvernement en matière de communication. Mieux, il apporte son assistance aux chefs de départements ministériels dans la mise en œuvre de leurs stratégies de communication, et apporte son concours au ministre des Relations extérieures dans son activité d’information des gouvernements étrangers et des organisations internationales sur le Cameroun. Et comme tous les autres ministères, il est doté de toute une division de la communication et des relations publiques placée sous l’autorité d’un Chef de Division. Ce dernier coiffe un chef de la cellule de communication et un chef de la cellule des relations publiques.
Sortir de l’archaïsme
Mais que font tous ces chefs de services, pour que les sites internet des ministères soient si pauvres en informations, alors qu’ils sont dotés des ressources financières, matérielles et humaines possibles ? A l’heure des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, la décision même pour les investisseurs étrangers à venir au Cameroun, tient aussi à la possibilité pour eux d’avoir accès au maximum d’informations sur le pays en ligne étant à distance, sans avoir à venir au Cameroun demander des audiences pendant des mois pour rencontrer un ministre, avec tout ce que cela comporte comme tracasseries depuis l’ambassade où il faut demander le visa. En France par exemple, un concept appelé le E-administration a été développé depuis 1997, l’objectif prioritaire étant d’offrir d’une part, un meilleur service à l’usager et, d’autre part, une meilleure information au citoyen. Au Cameroun, L’émergence en 2035 devra aussi être communicationnelle, sauf que ses départements ministériels ne semblent pas l’avoir intégré, le ministère de la Communication en premier.
Roland TSAPI

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