Sous un soleil éclatant, le canton de Bonkeng-Penja a célébré avec faste la Caravane du Ngondo le samedi, 15 novembre.
Au cœur du pays Sawa, là où la tradition pulse au rythme des générations, une couronne s’est posée pour la première fois sur le front d’une fille du terroir. Le canton Bonkeng-Penja a transformé une simple cérémonie en véritable page d’histoire, mêlant avec grâce, l’éclat d’un sourire royal à la solennité des rites ancestraux. Entre hymnes sacrés et acclamations populaires, entre force des lutteurs et ambition d’une jeunesse promise à l’excellence, ce jour restera celui où tout un peuple a magnifiquement réinventé sa légende.
Dès les premières lueurs de l’aube d’un samedi 15 novembre qui semblait bénir l’instant, une foule en liesse s’est rassemblée sur la terre sacrée de Bonandam, créant une atmosphère électrique où la fierté culturelle se mêlait à l’émotion collective. Le site, préalablement sanctifié par les initiés selon les rites ancestraux, allait devenir le théâtre d’une célébration aussi ancestrale que moderne, mêlant avec une maestria protocolaire héritée des ancêtres le sacré, le social et le politique.
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La journée débuta par une montée en sacralité. Après l’accueil solennel de la délégation du Ngondo à la Cour Royale, l’arrivée progressive des élites, des chefs de village puis des chefs supérieurs illustra la structuration cosmique de la société Sawa. Le rituel de sanctification, l’exécution envoûtante de l’hymne du canton par la cantatrice Matio Eyango Debora, et les incantations ancestrales installèrent une solennité palpable. « Ce jour en est un. C’est avec une émotion authentique et une fierté qui se veut filiale que je prends la parole devant vous, ici, sur la terre sacrée de nos ancêtres », lança le président du comité d’organisation, le Procureur Noé Mouelle dans son allocution d’ouverture, définissant ainsi la symbolique du rassemblement comme « un acte de foi, de cohésion et de transmission ».
Le point d’orgue de cette liturgie sawa a été sans conteste le couronnement de Kris-Aydrey Moulema Moukoko, première Miss Ngondo de Bonkeng-Penja. Cette silhouette élancée de 1,83 m, étudiante en Master de Commerce International et Supply Chain, incarne la nouvelle génération : instruite, trilingue (français, anglais, bonkeng), fière de ses racines et déterminée. « C’est un immense honneur et une grande joie pour moi d’être la toute première Miss du canton Bonkeng-Penja », a-t-elle déclaré, auréolée de sa couronne. « Je pense que ce qui a fait la différence cet après-midi est mon engouement, ma grande joie et ma foi de montrer que les filles du canton, elles aussi, peuvent relever le challenge. »
Portée par cette conviction, la nouvelle souveraine a déjà tracé son sillon. « Mon cheval de bataille sera de revaloriser l’activité économique des femmes du canton Bonkeng-Penja, car nous aussi, nous femmes, nous pouvons montrer que nous pouvons servir dans le Sawa Land », conclut-elle.
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Résolument tournée vers la jeunesse et l’émulation, le canton Bonkeng-Penja a vibré au rythme des compétitions traditionnelles. Le Mulongo duta bolo (tir à la corde) opposa les villages dans un esprit de cohésion vive, couronnant le village Mbwalé face à Njombé Fan après une finale disputée. Puis le Besua (gala des lutteurs) vit s’affronter la relève dans une démonstration de force vitale et de courage, symboles héroïques pour la communauté. Bona Hans du village Moulikam et Lobe Samuel de Mwataba furent sacrés champions dans les catégories poids léger et lourd, sous les vivats d’une foule conquise.
Cet hommage à la jeunesse se poursuivit avec la remise des Ngondo Academic Awards, distinguant les meilleurs bacheliers du canton, prouvant ainsi que tradition et éducation marchent main dans la main. La cérémonie fut également l’occasion de présenter officiellement le diplôme reconnaissant le Ngondo comme patrimoine immatériel de l’humanité, rappelant la portée internationale de cette tradition.
Satisfaction et perspectives
Le Président en exercice du Ngondo, SM Mbappè Bwanga, n’a pas caché son satisfecit. « Oui, nous sommes satisfaits. Lorsque nous voyons l’enthousiasme cette année, nous comprenons que la population a adhéré pour les années à venir. Le Ngondo est heureux d’avoir accompli sa part », dixit le Président du Ngondo. Caroll Miloky, responsable de la communication, a quant à elle mis en lumière la richesse historique et économique du canton. « Ce tableau illustre véritablement tout ce que représente notre canton : la pédagogie pour les générations futures, la tradition de l’agro-business avec les peuples Bafun, et la culture des transactions commerciales apportée par les villages Bankon. »
Alors que le soleil amorçait sa descente, la cérémonie s’est achevée dans un partage de culture et de symboles, offrant à chaque participant une immersion sensible dans les réalités vivantes de la culture sawa. Scellée dans cette communion spirituelle, la journée où Bonkeng-Penja accueillit la Caravane du Ngondo prit fin sur une note d’unité profonde. Chants polyphoniques, percussions envoûtantes et danses rituelles avaient tissé une trame où modernité et tradition dialoguaient en harmonie. Chacun regagna son foyer, porteur d’une conviction intime : celle d’avoir contribué à un moment historique, où tout un peuple a manifesté, avec une ferveur renouvelée, la pérennité d’un héritage qui façonne son avenir.
Cheikh Malcolm Radykhal EPANDA
