Le bus de campagne du candidat du Purs a été saboté à Bétaré Oya, vendredi, après des menaces ouvertes de personnes arborant des tenues estampillées aux effigies de Paul Biya.
L’équipe de campagne de Serge Espoir Matomba n’oubliera pas de sitôt, la journée du vendredi 28 septembre 2018. Alors qu’elle est en route pour Ngaoundéré, elle va faire une halte, pas prévue au départ, à Bétaré Oya dans l’Est. Un arrêt qui visiblement, a dérangé plusieurs. Responsable de la communication du candidat du Peuple uni pour la rénovation sociale (Purs) Clarence Yongo nous raconte au téléphone, le film du drame auquel l’équipe a échappé de justesse. «On est arrivé à Bétaré Oya vendredi. On passait en fait. Notre point focal nous a dit qu’il y a des populations à qui il faut parler, et il y a beaucoup de jeunes dans la zone. Nous y sommes allés. Quand on entrait dans la ville, une autorité administrative a fait plusieurs tours, puis, on a vu un pick-up arriver, avec des jeunes qui arboraient les t-shirts du parti au pouvoir. Ils sont restés en face de nous. Ils se sont mis à chanter, à nous provoquer, mais notre équipe sait qu’on ne cède pas à la provocation. Nous avons continué notre meeting. Ce sont les populations qui se sont interposées et les ont chassés, en leur disant qu’en ‘‘36 ans on a rien vu. Fichez-nous le camp’’. Ils se sont sentis ridicules, puis on a avancé. Au prochain arrêt, on a rencontré la population à qui on faisait entendre notre message, notre philosophie. On leur disait clairement n’avoir rien à leur donner comme nourriture. Des jeunes répondaient qu’ils ne veulent même rien, juste le changement. C’était intense. Imaginez comment les caciques du Rdpc ont pu se sentir. Ce n’était pas évident pour eux.»
Avant de prendre la route, il fallait carburer. C’est là qu’ a lieu le premier incident prémonitoire. «On est arrivé dans une station-service. Le pompiste a feint de confondre l’essence au gasoil. Heureusement on s’en est rendu compte, et bizarrement quand on lui a fait la remarque, il n’a pas nié. Il a immédiatement dit ‘‘excusez-moi. Vous avez raison, j’ai confondu’’. Le temps qu’il a perdu pour qu’on fasse une vidange, qu’on nettoie le moteur et qu’on mette de l’essence, nous avons garé le bus à cette station. C’est dans la nuit qu’ils ont dû mettre sur pied leur plan de vandalisme», nous conte Clarence Yongo. Au petit matin, l’équipe, conduite par Matomba, est rentrée dans le bus. Après quelques minutes de route, une odeur de roussi volait d’en l’air.
«On a vite demandé au chauffeur d’arrêter le bus, se souvient Clarence Yongo. Qui poursuit, ceux qui pouvaient sortir avec les choses l’ont fait, d’autres pas. Mon téléphone est resté dans le bus avec d’autres affaires. C’est aujourd’hui que j’ai pu avoir un nouveau téléphone. Nous allons bien. Mais ce que le mécanicien explique c’est que tel qu’ils ont saboté, ils se disaient qu’arrivé à un endroit, si le feu prend bien, le chauffeur va perdre le contrôle du véhicule et on fera un tonneau et le bus va exploser. La chance qu’on a eu c’est que dès que le feu s’est déclaré, on a vite vu la fumée, parce qu’on était derrière. Des riverains nous ont dit avoir vu le bus être saboté, mais ils pensaient que c’était des bandits.»
Au Purs, on est certain que l’acte a été posé par des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Déjà que «les gars du Rdpc nous ont fait des menaces au téléphone en disant que la sorcellerie est désormais ouverte. Ils nous l’ont dit clairement. Ce sont des zones où il n’y a pas d’opposition ; il n’y a que le Rdpc. Du coup, quand on vient dans ces zones, ils ne sont pas confortables, et nous sommes venus avec un autre son de cloche.» Avant l’incident, «ils avaient déjà annoncé que c’était la fin de notre campagne, heureusement que nous sommes les enfants de Dieu. La démocratie, telle qu’on la présente à la télé, est différente de ce qu’on observe sur le terrain. Il y a des zones où il n’y a que le Rdpc. Il y en a tellement, du coup quand tu viens pour grappiller quelques voies, tu es ennemi numéro 1.»
Au Peuple uni pour la rénovation sociale, on garde le moral bien haut. Le travail continue. «On a fait notre prière, et on continue avec les moyens qu’on a. La caravane est à Ngaoundéré», déclare la responsable de la communication du candidat Matomba.
Valgadine TONGA