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Cameroun : Pourquoi les Duala n’aiment pas le commerce…

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Peuple de grands commerçants à l’origine, les Duala ont tout abandonné sous la contrainte.

Il est notoirement connu et établi que le commerce est plus l’affaire des peuples de l’Ouest Cameroun et du Septentrion. Pourtant ça n’a pas toujours été le cas, notamment avant la colonisation, comme le raconte le Professeur Emérite Prince Kum’a Ndumbe III. C’était samedi 9 avril 2022 au cours de la rencontre d’échanges qu’il a donné au siège de la Fondation AfricAvenir International. Une rencontre à laquelle a pris part des étudiants, des élèves, des historiens, des autorités traditionnelles, des hommes politiques à l’instar du Maire de la ville de Douala Dr Roger Mbassa Ndine, Serge Espoir Matomba. Avant 1884, les Duala étaient de grands commerçants. Installés sur la Côte, c’est eux qui assuraient les échanges commerciaux avant les européens.

Avant la date de 1884 qui marque la signature des 95 traités signés entre les commerçants allemands et les chefs Camerounais (parmi lesquels le traité dit Germano-Duala), il existait un marché interne et un marché international. «Ce territoire qu’on appelle Douala aujourd’hui s’appelait du temps des Allemands, Cameroons. C’est ici qu’il y avait les ports, les grands commerçants, et les commerces. Pour le marché interne, les gens de Cameroons allaient chercher les marchandises à l’intérieur du pays. Ils venaient vendre ses marchandises aux commerçants européens qui accostaient sur les côtes. A cette époque, notre monnaie utilisée était  le Krou qui était comparée au Dollar,» explique le Professeur Emérites des universités.

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Prince Kum’a Ndumbe poursuit : «Ces marchés étaient réglementés. Cette réglementation n’était pas seulement verbale. Elle était écrite dans les langues nationales. On savait que tel article coûtait tant. Ce sont les Duala qui étaient des grands commerçants. Parce que c’est eux qui partaient à l’intérieur du pays chercher la marchandise pour venir la revendre aux Européens.» Autant de vérités que n’ont jamais dites les livres d’histoires enseignées au Cameroun. Des vérités que même les enseignants d’histoire ignorent. «Au début, les Européens n’avaient pas le droit de fouler le sol Cameroons s’ils n’avaient pas reçu une invitation spéciale d’un roi. L’invitation du Roi était comme avec les visas aujourd’hui. Les commerçants européens restaient dans leurs embarcations. Avant 1884, les marchés se déroulaient sur l’eau», raconte-t-il.

Peuple de grands commerçants à l’origine, les Duala ont tout abandonné sous la contrainte.
Prince Kum’a Ndumbe III.

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Toute cette organisation va, du jour au lendemain, après la signature des traités donc celui du 12 juillet 1884. Des traités commerciaux que va refuser de signer Lock Priso, le roi de Bonabéri (appelé à l’époque Hickory Town). Le 18 août 1884, Lock Priso (encore appelé Kum’a Mbape Bell) écrit au Consul Allemand pour lui signifier qu’il ne veut pas de leur argent et qu’il ne veut non plus signer d’accord. A cause de son refus, en décembre 1884, les Allemands vont bombarder son palais et la ville. Lock Priso va faire fuir sa population chez les Abo. Mais bien avant ce bombardement, «le consul allemand va entrer au palais du roi. Il va récupérer le Tangué du roi et va déclarer que c’est son plus gros butin de guerre. J’ai déjà découvert deux Tangués qu’ils ont pris et qui sont en ce moment au Musée des Cinq Continents à Munich

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Les Duala seront ainsi interdits de faire tout commerce. «Il y a une note écrite indiquant que le commerce est interdit à tout Duala. Parce que les colons allemands  voulaient avoir leurs propres comptoirs», renseigne le Prince Kum’a Ndumbé III. Pour aller au bout de leur dessein, ils vont s’accaparer de tous les comptoirs des Duala installés à l’intérieur du pays. Ensuite, ils vont les contraindre à travailler pour eux, à étudier leur civilisation. Après plusieurs dévaluations de la monnaie locale, le Krou sera purement et simplement supprimé au profit du Reichsmark, la monnaie allemande. Voilà comment les Duala ont abandonné sous la contrainte le commerce.

Blanchard BIHEL

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