Pour son spectacle du 30 avril 2021, l’artiste a plongé le public de Douala dans un tourbillon d’émotions.
«J’ai adoré. C’était envoutant, ensorcelant, magique. Les musiciens sont exceptionnels. Les arrangements sont particulièrement pointus, très précis. La voix de Blick Bassy est géniale, voilà pourquoi c’était génial, pourtant je ne comprends pas la langue», nous confie Claudine Pinot à la fin du concert de Blick Bassy ce vendredi 30 avril 2021. Pour l’occasion, l’artiste a déporté la forêt, les villages, la splendeur de la nature dans la salle de spectacle de l’Institut français du Cameroun, antenne de Douala. Et pour parvenir à ce résultat époustouflant, il n’a pas eu besoin d’effets spéciaux ou de technologies 3D. Sa musique et sa voix s’en sont chargées à la perfection.
Tout commence à 19h25min. Dans une démarche zen, Blick Bassy monte sur scène, drapé dans une combinaison jean bleue décontractée, droit dans ses bottes bleue. Ses musiciens, Clément Petit au violoncelle et Arno de Casanove à la trompette et au synthé l’accompagnent. L’introduction est comme une prière, une adresse aux esprits, à l’univers. On est emporté. Blick est habité. Sa chanson, sa gestuelle, sa musique donnent à croire que ce digne fils de la commune de Bot-Makak, région du Centre n’est qu’un médium avec une mission : délivrer le message de ceux qui lui parlent, qui l’habitent.
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De Ndjel à Sango Ngando, en passant par Mpodol, Ngwa, Nguiyi, Kunde, Li Pem, Ndje Yem… Blick Bassy transperce les âmes avec sa voix mélodieuse à la fois douce, puissante, écorchée par endroit. Avec finesse, élégance, sans trop ni moins, colère et sourire, l’émotion vous saisit. Le public est transporté à son insu, dans une histoire qu’il ne comprend pas vraiment (l’artiste chante en sa langue maternelle, le bassa), mais dont il ressent toutes les vibrations ; Quoi de plus logique, quand une voix côtoie les astres ; posée sur des notes de guitare (de Blick), de violoncelle qui rappellent celles de guitare basse ou de la batterie par endroit, de trompette qui produit de la flute de temps en temps.
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La scène chez Blick n’est pas du show. C’est comme un voyage dans une forêt sacrée, où le griot qu’il est transmet à l’auditoire le message des ancêtres. Blick ne s’appartient plus. De quoi se demander si les oreilles de simples mortels sont dignes de recevoir ses messages. «C’est ce qui se passe quand on est élevé, quand on a travaillé comme les plus grands. Blick Bassy y est arrivé», confesse l’artiste chanteur Gaby Fopa. Le public est conquis, comme le reconnait Bertrand Owono Ndi : «J’ai découvert quelque chose d’inhabituelle et d’inattendue. Je découvre des sonorités bien particulières, mais venant de Blick Bassy, ça ne me surprend pas.»
Ce spectacle était l’occasion pour le chanteur, auteur-compositeur, arrangeur, producteur, guitariste, percussionniste, écrivain…, de présenter son quatrième album, 1958. Un album qui rend hommage à Ruben Um Nyobe, leader de la lutte pour l’indépendance du Cameroun. «Il était hyper important pour moi de ramener sur la table l’histoire de ces personnes qui se sont battues pour que nous soyons là aujourd’hui. De présenter cet album ici, c’est exceptionnel. C’est bien de parcourir le monde, de jouer pour les autres. Mais quand on se retrouve en face de personnes pour qui cet album s’adresse, pour moi c’est la consécration de ce travail», dixit l’artiste. Le bonheur aurait été à son comble si le covid-19 ne dictait pas sa loi avec ses incontournables mesures barrières. Raison pour laquelle le spectacle était limité à 50 places. Pour ne pas créer d’avantage de frustration, l’artiste a offert deux shows. Après le concert de 19h25-20h25, un nouveau public a eu droit à un autre concert à 21h, avec la même passion, les mêmes émotions. Il a également échangé avec l’artiste pendant les séances de dédicace de son ouvrage Moabi Cinéma et de l’album 1958 versions vinyle, livre et cd.
Valgadine TONGA