La cohabitation conflictuelle qui régnait entre les deux quartiers a poussé Sa Majesté Aïba Ngari, Chef de Canton Gbaya de Bertoua, à descendre sur le terrain samedi 10 août 2024.
Le point d’achoppement de ces deux quartiers de la cité capitale de l’Est était « le non-respect des limites territoriales ». Sur le terrain, il est établit qu’une partie du camp du Groupement mobile d’intervention de la police (Gmi de Tigaza) se trouve dans le territoire du quartier Nyanganza. Plus perplexe, l’école primaire publique et le lycée de Tigaza sont situés au quartier Nyanganza. Au-delà de cette confusion qui sème le doute dans les esprits, il ressort que d’autres cas d’empiètements des limites territoriales de Nyanganza par la chefferie de Tigaza ont accentués le différend ces dernières années.
« Après avoir saisi sans succès les autorités administratives locales pour régler ce différend, j’ai sollicité et obtenu l’arbitrage définitif de Sa Majesté Aïba Ngari, Chef de Canton Gbaya de Bertoua, pour matérialiser les limites territoriales de ma chefferie, conformément à l’arrêté préfectoral n°818/AP/B15/BACC déterminant les chefferies traditionnelles de 3ème degré dans l’arrondissement de Bertoua », a expliqué Sa Majesté Beng Georges, Chef de 3ème degré de Nyanganza. Selon cet arrêté du Préfet du Lom-et-Djèrem qui date du 18 décembre 1987, l’espace territorial de la chefferie de Nyanganza est limitée par « la rivière Djandombè et la tannerie ; la rivière Nyanganza ; le quartier Tigaza et la rivière Lénguéngué ».
Sur la base des éléments juridiques mis à sa disposition, l’autorité traditionnelle suprême de la ville de Bertoua a trouvé anormal que les limites naturelles et administratives entre Tigaza et Nyanganza soient remises en question sous de fallacieux prétextes. « Ces limites territoriales doivent être respectées par les deux chefferies pour le bien-être et la cohésion sociale de nos populations », a-t-il martelé devant les notables et chefs de blocs desdits quartiers. Au vu des positions tranchées qui caractérisent les rapports entre les deux chefs de quartiers, Sa Majesté Aïba Ngari a ordonné la délimitation du quartier Nyanganza par l’implantation des plaques du carrefour Gmi, au carrefour Nassara, en passant par le carrefour de l’ambassade du Christ, jusqu’à la rivière Djandombè.
La vérité a triomphée
« A partir de ce jour, le territoire de la Chefferie de 3ème degré de Nyanganza est désormais matérialisé. Celui qui va violer les limites territoriales établies pour quelques raisons que ce soient sera assigné en justice. Nous sommes dans un Etat de droit et nous devons respecter les règles fixées par l’administration », a déclaré Sa Majesté Beng Georges après la pose des plaques dans tous les carrefours. Un happy end qui n’a pas laissé ses populations indifférentes. « Je suis très contente parce que la vérité a fini par triompher. Le chef de Tigaza a voulu arracher certaines parcelles de notre quartier en violation des limites administratives. Depuis la création du lycée de Tigaza qui se trouve malheureusement à Nyanganza, il a cru que son autorité s’étendait désormais jusqu’ici », s’est réjoui Mme Justine Moagoue, chef de Bloc n°7 au quartier Nyanganza. Un sentiment de joie partagé par Henry Atemkeng Tange pour qui, le tracé de l’arrêté préfectoral de 1987 n’avait pas été respecté. « Si vous tracez une ligne droite de l’hôtel de Paris jusqu’au carrefour de l’ambassade du Christ, vous verrez que le camp du Gmi sera divisé en deux et que l’école primaire et le lycée de Tigaza se trouvent effectivement à Nyanganza. C’est ça la réalité », a-t-il confirmé.
Ange-Gabriel OLINGA BENG