C’est le quotidien des vendeuses de la gare voyageurs pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
La gare voyageurs de Belabo, l’une des portes d’entrées de la région de l’Est-Cameroun est un lieu de passage pour des milliers de personnes en partance où en provenance de Ngaoundéré et de Yaoundé. Mais pour certaines femmes de cette petite ville, ce lieu est un espace de travail et de survie. Il s’agit des vendeuses de bâtons de manioc, de mets de pistaches, de bananes, de poissons, et autres produits alimentaires. Leur présence est quotidienne sur les quais de la gare. Chaque nuit, ces femmes se retrouvent à la gare voyageurs pour vendre leurs produits aux voyageurs qui passent par là. Mais ce que l’on ignore, c’est la réalité de leur vie quotidienne.
Des nuits passées à la belle étoile, couchées parfois à même le sol au quai de la gare, en attendant les passagers des trains couchettes 191 et 192. << C’est mon destin. Je dors ici depuis cinq ans >>, lance Marie, une vendeuse de bâtons de manioc. << Ce n’est pas du tout facile mais c’est mieux que de rester sans rien faire. J’ai une famille à nourrir et des enfants à envoyer à l’école >>, confie-t-elle. Leurs conditions de vie sont difficiles et peu enviables. Car, elles doivent faire face aux intempéries, aux vrombissements des locomotives à gazoil, à la pollution et à l’insécurité entre les rails. Mais, elles ont appris à s’adapter à cet environnement et à se soutenir mutuellement.
<< Nous sommes une famille ici. Quand les trains couchettes arrivent à partir de 2 h 30 minutes, celles qui sont éveillées réveillent celles qui dorment >>, explique une vendeuse de mets de pistaches. << Nous nous aidons les unes les autres, nous partageons nos repas et nos histoires. C’est dur, mais c’est mieux que d’être seule >>.
Rêves et espoirs
Malgré les difficultés, ces femmes reconnaissables par leurs chasubles de couleur rose sont résilientes et déterminées. Elles travaillent dur pour gagner leur vie et pourvoir à leurs besoins. Même si elles passent des nuits sous les étoiles, elles ont des rêves et des espoirs pour l’avenir. << Je veux avoir ma propre boutique un jour >>, projette Marie. << Je veux pouvoir vendre mes produits sans avoir à dormir sur les quais. C’est mon rêve >>. Comme elle, nombreuses de ces femmes assises sur les quais de la gare voyageurs de Belabo, regardent les étoiles chaque nuit en rêvant d’un avenir meilleur.
Ange-Gabriel OLINGA BENG