Au moment où le Barreau du Cameroun s’apprête à renouveler son personnel dirigeant avec l’élection le 18 juin prochain des 15 membres du conseil de l’ordre, du bâtonnier et du président de l’assemblée générale, zoom sur la candidature de Maître Suzanne Evelyne Tam- Bateky, représentante du bâtonnier dans la région du Littoral.
Depuis le décès du bâtonnier Me Tchakounté Patie, les supputations allaient bon train sur les capacités de Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky à assumer la relève. Car, si elle est une brillante praticienne du droit, l’on arguait que depuis son inscription au barreau de l’ordre des avocats en 1991, Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky avait toujours brillé par sa discrétion et son humilité. A telle enseigne que certains trouvaient qu’elle n’avait pas l’étoffe pour représenter le barreau face aux pouvoirs publics. Mais les affaires conjuguées des brutalités policières exercées à l’encontre des avocats dans la salle d’audience du tribunal de première instance de Douala-Bonanjo en date du 13 novembre 2020 et les arrestations sans convocation préalable ou même mandat des avocats témoins desdites brutalités qui seront gardés à vue, déférés devant le procureur de la République et placés sous mandat de dépôt du 18 au 20 novembre 2020, vont dévoiler le côté militant de Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky.
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De sa position de représentante du bâtonnier dans la région du Littoral, Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky va monter au créneau. Exigeant des sanctions exemplaires contre les auteurs intellectuels et opérationnels de ces faits graves qui mettent en péril la sérénité de la chaine de la justice au Cameroun. Davantage, Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky va se mettre au premier rang des manifestations devant la police afin de réclamer la libération immédiate et sans condition des avocats Tamfu Ngarka Tristel Richard et Tchuengmegne Kenmegne retenus comme de vulgaires malfaiteurs dans les geôles de la division régionale de la police judiciaire de la région du Littoral. Tous les avocats de la région, comme par enchantement, vont oublier leurs dissensions si profondes pour s’unir et lutter contre l’arbitraire. Malgré la répression barbare des bidasses qui ne vont pas hésiter à faire sortir les gaz, Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky sera au premier rang de la protestation. Les images surréalistes de cette scène ubuesque vont faire le tour le monde.
Conditions de travail
De tous ses chantiers entrepris durant son mandat, Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky va s’attaquer à un autre enjeu majeur qui est celui des conditions d’exercice de la profession d’avocat. Entre deux audiences, les avocats qui en étaient jusqu’ici à flâner dans les couloirs des parquets ou à se réfugier dans les « tournedos » à l’épreuve des intempéries, peuvent bénéficier maintenant, et ce grâce souvent à la cassette personnelle de Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky, d’une salle aménagée dotée de commodités comme un système étoffé de climatisation, des rafraîchissements, une sandwicherie hygiénique, des téléviseurs.
Le tribunal de Bonanjo en la matière est le premier bénéficiaire de ce programme ambitieux de réhabilitation des conditions de travail des avocats. Tout comme les fins de vie parfois difficiles des avocats ont été au cœur des préoccupations de Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky qui va s’employer à apporter le soutien actif de la représentation régionale du barreau dans le Littoral. Et devant les difficultés des avocats à se faire payer les frais et taxes de représentation, Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky va œuvrer à ce que chacun rentre dans ses droits.
C’est fort de ce bilan élogieux à la tête de la représentation du barreau dans la région du Littoral que Maître Suzanne Evelyne Tam Bateky, après plus de 30 ans d’exercice, entend prendre la main du bâtonnât. Afin non seulement de poursuivre l’œuvre de tous ces aînés dans la profession à qui elle voue une reconnaissance sans bornes à l’instar de Maître Yondo Black, Maître Jackson Ngnie Kamga, Maître Charles Tchoungang, Maître Agbor Nkongho ou le regretté Maître Tchakouté Patie… Mais aussi elle pense que les nombreux chantiers qui s’imposent aujourd’hui au barreau exigent une présence féminine. Non pas par féminisme ou exigence de la parité, comme cela pourrait le suggérer mais parce qu’il est grand temps pour les femmes de prouver leurs compétences à la tête du barreau du Cameroun après plus de 45 années d’existence. Face aux défis sociétaux de l’heure et aux transformations technologiques, le barreau du Cameroun doit opérer sa mue et s’adapter. Mais il faudrait qu’il soit uni pour la conquête des espaces de pouvoir et cela lui permettra de gagner sa respectabilité.
Henry DIABATE MANDEN