Espace doual’art au Cameroun. Ce jeudi 20 octobre signe le jour 1 de l’atelier Masque à Masque, dirigé par le l’immense peintre/sculpteur Koko Komegne. Entre les coups de marteau pour fixer les morceaux de bois, et les sons de scies qui tranchent les planches, les têtes des filles cogitent sans cessent sur le produit à la finition. Surtout que le plus dur c’est l’inconnu. Oui. Le challenge imposé par le maître Koko Komegne est de monter un masque, sans dessin préalable. Il faut aller à l’instinct et sur l’instant. «Je vais vous donner les trois secrets de la sculpture, «la spontanéité, l’anonymat parce que votre travail ne doit pas ressembler à quelqu’un, et ne pas se poser de question. Trop de culture tue l’art. Causer avec le matériel. Bonne chance», conseille le spécialiste par excellence de la démesure.
Lire aussi :Ruinart Festiv’art 2022 : les femmes en vedette
Les artistes du collectif New Spirit (Leuna, Aurélie, Winnie, Lydie Danielle) sont plus des peintres et plasticiennes. Travailler du bois, de surcroît à l’aveuglette, n’est pas dans leur habitude. Puisqu’elles se projettent une grande carrière, tout défi artistique est à relever, tout apprentissage ne sera qu’une nouvelle toile tissée pour le chemin. Et Koko Komegne se donne à cœur joie de transmettre, toujours gratuitement, l’essentiel de ses 50 ans de carrière.
«Je transmets. Je partage, c’est ce qui manque à beaucoup d’artistes, qui pensent que l’art c’est pour être riche financièrement. L’art c’est le partage, la transmission. Je n’ai pas été à l’école pour apprendre l’art. Je suis un artiste par la volonté de Dieu, et cette même volonté de dieu, je la partage. J’ai formé six générations de peintres, sans jamais demander de l’argent», peut se targuer à juste titre, le père de la démesure.
Après des jours de travaux, il y aura une restitution puis une grande exposition à Hin Hôtel à Akwa, qui sponsorise l’atelier. L’idée de cette formation, est de créer une chaîne de transmission du savoir-faire, comme l’explique Louise Abomba, commissaire de cet atelier de création. «C’est transgénérationnel. Après New Spirit ira à son tour former les enfants et ce sont les résultats de tous ces ateliers qui vont être exposés au Hin Hôtel, pour l’exposition Masque à masque. C’est ainsi que j’ai construit le projet.»
Valgadine TONGA