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Appel aux atrocités de masse et au génocide au Cameroun… la Cdhc sonne l’alerte et interpelle les autorités 

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE SUR LA MONTÉE DES DISCOURS DE HAINE ET L’INCITATION À LA VIOLENCE DANS LES MÉDIAS SOCIAUX AVEC DES PASSAGES A L’ACTE À L’APPROCHE DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DU 12 OCTOBRE 2025

 

Dans le cadre du processus en cours de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, la Commission des Droits de l’homme du Cameroun (ci-après « la Commission » ou « la CDHC »), a constaté, avec consternation et émoi, le déferlement de torrents de haine et de boue à travers des contenus en ligne visant des complexes ethno-culturels précis – notamment des propos hostiles et déshumanisants dirigés contre des personnes identifiées comme Bamiléké par d’autres s’identifiant comme Béti (et réciproquement), ainsi que ceux dirigés contre des personnes identifiées comme Bassa, par d’autres revendiquant leur appartenance au complexe ethno-culturel Bamiléké (et réciproquement).

Ces contenus remplis de haine prennent la forme non seulement d’appels aux atrocités de masse – y compris au génocide – et à la sécession, mais aussi d’insultes ciblées, adossées sur des stéréotypes abjects, ainsi que de proclamations du suprématisme d’une ethnie par rapport à toutes les autres. Ils portent frontalement atteinte aussi bien au droit à la dignité humaine, au droit à la vie, au droit à l’égalité et à la non-discrimination, au droit à la sécurité de la personne, au droit à la liberté de pensée, au droit à la liberté de conscience et de religion, au droit à la liberté d’expression, au droit de participer à la vie publique sans intimidation, au droit à l’accès à l’information fiable qu’au droit au développement et à la paix, comme le montrent les cas illustratifs ci-après.

L’on mentionnera d’abord une vidéo d’une durée de neuf minutes et 21 secondes intitulée « Écoutez les enfants de NDONGMO. Ils disent qu’ils vont kilam les Bassa’a », extraite d’un live populaire diffusé sur le compte Tik Tok dénommé « Alimba » en août 2025, une vidéo devenue virale à travers de nombreux autres médias sociaux dans laquelle une haine sauvage est déversée sur les Bassa.

Dans une autre vidéo d’une durée de six minutes et huit secondes intitulée « Vous êtes mal placés pour nous traiter de xéno (VAR.Part 1) », également diffusée en août 2025, largement partagée sur les réseaux sociaux – une compilation d’extraits de propos dictés par une haine aveugle tenus à travers des comptes Tik Tok par des internautes qui prêchent la haine anti Bamiléké – l’on peut entendre des propos tout aussi graves et dangereux que ceux précédemment évoqués, tenus à travers des comptes Tik Tok de personnes qui s’auto-présentent comme des suprématistes Bamiléké.

Dans une autre vidéo Tik Tok du compte @user680401568442 d’une durée de trois minutes et 10 secondes intitulée « Le Cameroun a la diaspora de la malchance au monde », publiée entre la fin du mois de juillet et le début du mois d’août 2025 et largement diffusée sur les réseaux sociaux, il a été donné d’entendre les propos dictés par une haine meurtrière des Bamiléké.

L’auteur du compte Tik Tok @teammamageny a réalisé une vidéo d’une durée de quatre minutes et six secondes intitulée « Avertissement 237 », dans laquelle il appelle les Camerounais à faire preuve de retenue et de responsabilité, eu égard à l’extrait d’un live Tik Tok au cours duquel un internaute a ouvertement appelé au meurtre des Camerounais originaires de la Région du Sud.

Dans une autre vidéo Tik Tok d’une durée de cinq secondes intitulée « Laissez chaque camerounais soutenir qui il veut. Non à la violence », largement diffusée sur les réseaux sociaux, l’on a vu deux jeunes gens, l’un armé d’un bâton et l’autre d’un long fouet, poursuivre un militant arborant la tenue du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), sous l’approbation de nombreux autres dont les voix sont audibles et qui se réjouissent de cet acte de violence politique perpétré par des opposants.

Sur la page Facebook intitulée « Fan club BNEWS1 », un internaute anonyme a publié un post dans lequel on peut lire : « Si [citant le nom de l’un des 12 candidats à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025] remporte cette élection, nous ferons un coup d’État avec pour but son élimination physique », une publication dont la capture d’écran a été largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Ces publications stigmatisantes enveniment les clivages, alimentent la haine de l’autre, l’exclusion sociocommunautaire, les discriminations, les affrontements intercommunautaires et sont susceptibles de conduire au génocide.

La diffusion et la viralisation de tels messages sur les réseaux sociaux confèrent à ces discours de haine une ampleur et une résonnance singulières dans la société camerounaise où ils se propagent dangereusement, spécialement dans le contexte préélectoral de la présidentielle du 12 octobre 2025.

Considérant le préambule de la Constitution du 18 janvier 1996, notamment en son 1er tiret qui dispose que « [t]ous les hommes sont égaux en Droits et en devoirs [et que] l’État assure à tous les citoyens [sans discrimination] les conditions nécessaires à leur développement », en son 13e tiret aux termes duquel « [n]ul ne peut être inquiété en raison de ses origines, ses opinions ou croyances […] sous réserve du respect de l’ordre public et des bonnes mœurs » et en son 25e tiret qui prévoit que « l’État garantit à tous les citoyens de l’un ou de l’autre sexe, les Droits et libertés énumérés au[dit] préambule »,

Considérant en outre l’article 28 de la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples qui énonce que « [c]haque individu a le devoir de respecter et de considérer ses semblables sans discrimination aucune et d’entretenir avec eux des relations qui permettent de promouvoir, de sauvegarder et de renforcer le respect et la tolérance réciproques »,

Rappelant qu’en dépit de l’importance de la liberté d’expression, tous les discours ne sont pas protégés par le Droit international et que certaines formes de discours sont proscrites par tous les États, conformément au paragraphe 2 de l’article 20 du Pacte international relatif aux Droits civils et politiques qui énonce que « [t]out appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par la loi »,

Rappelant en outre que la lettre a) de l’article 4 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale exige que la diffusion d’idées fondées sur la supériorité ou la haine raciale, l’incitation à la discrimination raciale, ainsi que tous les actes de violence ou l’incitation à de tels actes dirigés contre toute race ou tout groupe de personnes d’une autre couleur ou origine ethnique, soient déclarés délits punissables par la loi,

Rappelant dans la même veine que les auteurs des discours haineux à caractère tribal ou ethnique encourent des sanctions pénales, conformément à l’article 1er de la loi n° 2019/020 du 24 décembre 2019 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal dont l’article 241-1 se lit désormais comme suit :

Article 241-1.- (nouveau) Outrage à la tribu ou à l’ethnie

(1) Est puni d’un emprisonnement d’un (01) à deux (02) ans et d’une amende de trois cent mille (300 000) à trois millions (3 000 000) de francs celui qui, par quelque moyen que ce soit, tient des discours de haine ou procède aux incitations à la violence contre des personnes en raison de leur appartenance tribale ou ethnique.

(2) En cas d’admission des circonstances atténuantes, la peine d’emprisonnement prévue à l’alinéa 1 ci-dessus ne peut être inférieure à trois (03) mois et la peine d’amende à deux cent mille (200 000) francs. Le sursis ne peut être accordé, sauf en cas d’excuse atténuante.

(3) Lorsque l’auteur du discours de haine est un fonctionnaire au sens de l’article 131 du présent Code, un responsable de formation politique, de média, d’une organisation non gouvernementale ou d’une institution religieuse, les peines prévues à l’alinéa 1 ci-dessus sont doublées et les circonstances atténuantes ne sont pas admises.

Constatant que ces dispositions législatives sont en consonance avec la Résolution 2399 (2018) du Conseil de sécurité du 30 janvier 2018 qui précise que les auteurs d’incitation à la violence et de discours de haine sont passibles de sanctions que les États sont encouragés à fixer,

Considérant que la modification de l’article 241 du Code pénal, dans sa version du 24 décembre 2019, vise la prise en compte des réseaux sociaux ou de tout autre moyen susceptible d’atteindre le public, en plus des médias traditionnels (presse écrite, radio, télévision), comme moyens probables de diffusion de la haine ou d’incitations à la violence,

Consciente que tout discours de haine est dangereux et viole non seulement les normes de Droits de l’homme consacrées par la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples, le Pacte international relatif aux Droits civils et politiques, la Déclaration universelle des Droits de l’homme qui garantissent notamment l’égalité, la dignité, la vie, la sécurité et la liberté d’expression exercée de manière responsable, mais aussi les normes en matière de démocratie consacrées par la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance qui garantit notamment le droit de chaque citoyen à participer à la vie publique autant qu’il porte atteinte à la tolérance, à l’inclusion, à la cohésion et à la stabilité sociales, à l’essence même de l’Unité nationale, à la paix, ainsi qu’aux valeurs constitutionnelles,

Consciente en outre que les médias sociaux ainsi que d’autres moyens de communication servent de tribunes au fanatisme et que les débats publics rendent souvent compte de l’utilisation d’une rhétorique incendiaire à des fins politiques ou autres pour stigmatiser des personnes ou des groupes de personnes qu’on dit « autres »,

Se référant à la Stratégie et au Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine lancés le 18 juin 2019 par le secrétaire général des Nations Unies, Antonio GUTERRES, qui souligne que « [l]e silence peut, en effet, n’être que l’autre nom de l’indifférence au fanatisme et à l’intolérance »,

Considérant que, dans sa Stratégie et son Plan d’action sus-évoqués, l’ONU définit les discours de haine comme tout type de communication, qu’il s’agisse d’expression orale ou écrite ou de comportement constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité, en d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité ; souvent, ces discours sont à la fois le résultat et la cause de l’intolérance et de la haine et peuvent être, dans certains cas, dénigrants et source de divisions,

Ayant à l’esprit que, dans son Rapport de 2019 à l’Assemblée générale, le Rapporteur spécial sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression a recommandé aux États et aux entreprises d’adopter des politiques de lutte contre les discours haineux qui tirent leur fondement du Droit international des Droits de l’homme ainsi que de l’interprétation qu’en ont donné les organes conventionnels, les titulaires de mandats au titre de procédures spéciales et d’autres experts,

Soulignant qu’à travers sa résolution A/HRC/RES/53/21 adoptée le 13 juillet 2023 intitulée L’incompatibilité entre démocratie et racisme, le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU condamne la tenue de propos haineux, en ligne ou hors ligne, qui visent à stigmatiser, à inciter à la violence et qui pourraient constituer une tentative de restreindre la participation concrète, inclusive et sûre des personnes aux affaires publiques et politiques, en particulier leur participation à la prise de décisions,

Considérant son Communiqué de presse initialement publié le 23 avril 2023 republié le 20 janvier 2025 au regard de la recrudescence des discours de haine, afin de sensibiliser sur la dangerosité de ce phénomène, en rappelant que la lutte contre ces dérives est une responsabilité collective qui incombe aussi bien aux autorités publiques, aux autorités traditionnelles, aux autorités religieuses, à la société civile à laquelle appartiennent les professionnels de médias qu’au système éducatif et aux familles,

Ayant à l’esprit qu’au cours des dernières décennies, les discours de haine ont été annonciateurs de crimes atroces et ont conduit à des violations massives des Droits de l’homme, à l’instar de la Shoah ou génocide des juifs dans l’Allemagne Nazie entre 1933 et 1945, du génocide des Tutsi et de leurs protecteurs Hutu au Rwanda entre avril et juillet 1994, du génocide de Srebrenica (Bosnie-Herzégovine) en juillet 1995, du génocide des Yézidis en Irak par le groupe terroriste dénommé « État islamique » à partir d’août 2014, du nettoyage ethnique des Rohingya à Myanmar (ex-Birmanie) entre 2016 et 2017 ou encore des crimes atroces enregistrés au Darfour (Soudan) à partir de 2003, suivis des vagues ultérieures d’autres atrocités entre 2023 et 2025,

Rappelant sa Déclaration de 16 pages assortie de 9 visuels, publiée le 6 avril 2025 à l’occasion de la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 célébrée le 7 avril de chaque année dans laquelle elle invite les leaders politiques et d’opinion ainsi que les autres citoyens « à orienter résolument leurs actions en faveur de la consolidation du vivre-ensemble harmonieux et de la cohésion sociale »,

Rappelant également sa Déclaration de 11 pages assortie de 8 visuels publiée le 26 janvier 2025 à l’occasion de la 20e édition de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste commémorée le 27 janvier de chaque année dans laquelle elle « condamne très vigoureusement la recrudescence des discours de haine, souvent propagés par des acteurs à la recherche de gains politiques et prenant la forme du tribalisme, de la xénophobie, de la misogynie et de tous les autres types d’intolérance, à travers le territoire national, instantanément relayés par les réseaux sociaux, dont le but est de viser et de déshumaniser des personnes autant que des peuples, en fonction de leur identité »,

Rappelant enfin sa Déclaration à l’occasion de la 7e édition de la Journée internationale du souvenir, en hommage aux victimes du terrorisme le 21 août 2024, une déclaration de 12 pages assortie de 6 visuels dans laquelle elle a sensibilisé tous les acteurs concernés sur les dangers de l’intolérance, des discours de haine et de l’extrémisme violent qui sont les moteurs qui alimentent le terrorisme, en mettant un accent particulier sur l’esprit critique, la communication responsable et la culture de la paix,

Consciente que les discours de haine ne relèvent pas simplement de paroles blessantes dans la mesure où leur impact est autant perceptible sur les individus que sur les communautés et la société dans son ensemble,

Considérant que les discours de haine, qu’ils soient véhiculés dans les médias classiques, dans l’espace public ou sur les réseaux sociaux, qu’ils soient fondés sur l’ethnie, la tribu, la religion, la race, l’opinion politique, le genre ou toute autre différence, nient la dignité intrinsèque de la personne humaine, constituent une menace grave pour la cohésion sociale et le vivre-ensemble, alimentent les divisions, attisent la violence, sapent les fondements de notre démocratie autant qu’ils propagent des stéréotypes, des préjugés ou des propos déshumanisants tout en servant de ferment à la marginalisation et à la discrimination,

Considérant en outre que le contexte préélectoral est marqué par des tensions, l’exacerbation des clivages, des tentatives d’instrumentalisation des fragilités sociales par certains entrepreneurs politiques et, malheureusement, une multiplication de propos haineux dans les médias et dans certains discours publics ; que dans un tel contexte, les discours de haine amplifiés par le recours massif aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), peuvent entrainer de graves conséquences en servant de catalyseur à des actes de violence, allant des agressions verbales ou physiques jusqu’aux atrocités de masse,

Considérant que la lutte contre la haine déclarée fait partie intégrante du mandat de promotion de la démocratie et de l’État de droit dont la CDHC est investie par sa loi habilitante en son article 4 de la mission de « contribue[r] au développement d’une culture des Droits de l’homme fondée sur les idéaux de paix, d’égalité en Droits et en devoirs, de respect mutuel et de développement durable, à travers notamment […] la sensibilisation du public sur diverses thématiques relatives aux Droits de l’homme », ainsi qu’en son article 6 qui dispose que « [l]a Commission contribue à la consolidation de l’État de droit et à la lutte contre l’impunité en matière de Droits de l’homme à travers, notamment […] l’auto-saisine pour les faits portés à sa connaissance, qui sont de nature à constituer des violations graves, récurrentes ou systémiques des droits de l’homme », à l’instar de la propagation des discours haineux.

* *

La Commission salue les efforts des pouvoirs publics et de leurs partenaires visant à lutter contre les discours de haine autant qu’à promouvoir la paix et le vivre-ensemble, spécialement à travers :

– le lancement officiel, le 9 septembre 2025 à Yaoundé par le ministre des Postes et Télécommunications (MINPOSTEL), d’une campagne de lutte contre les discours de haine dans le cadre du processus de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 sous le thème Non aux discours de haine et aux messages subliminaux, en partenariat avec l’Association pour la réhabilitation des réfugiés, des jeunes et des femmes ; cette campagne, qui couvrira la période de septembre à décembre 2025, s’inscrit dans le prolongement de la campagne nationale sur la culture de la cybersécurité et l’usage responsable des réseaux sociaux mise en œuvre par le MINPOSTEL depuis le 8 février 2024 ;

– le Communiqué radio-presse n° 13/2025/CR/K22/SP du 29 août 2025 du préfet du Département du Diamaré, Région de l’Extrême-Nord, consécutif à la dispersion d’une réunion publique du RDPC par une horde d’opposants, dans lequel il met en garde contre l’instrumentalisation des masses par certains acteurs politiques qui les incitent à adopter des « comportements agressifs et violents sur des paisibles citoyens du seul fait de leurs convictions sociopolitiques », avant d’appeler « tous ceux et celles qui mènent des activités politiques [au] respect scrupuleux de la juridicité[, car] [t]out appel à la violence, tout débordement susceptibles de nuire au bon ordre ou de déstabiliser la paix [, y compris les discours de haine] verront leurs auteurs interdits sans ménagement de séjour dans le Département du Diamaré avant, pendant et même après les échéances électorales à venir » ;

– le Message radio porté du secrétaire d’État à la Défense chargé de la Gendarmerie nationale (SED/GN) du 25 mai 2025 relatif à la « lutte contre les discours de haine au sein de l’opinion » par il a souligné que ces discours « constituent actuellement une préoccupation socio sécuritaire majeure susceptible de fragiliser l’unité et la cohésion nationales » avant d’instruire tous les commandants de Légion de Gendarmerie de « procéder systématiquement à l’interpellation et à l’ouverture d’une procédure judiciaire à l’encontre de toute personne se rendant coupable de propos [relatifs] à l’apologie de la haine tribale » en application des articles 241 et 241-1 de la loi n° 2019/020 du 24 décembre 2019 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal ;

– – la signature, le 6 mars 2025, par une quinzaine de dirigeants de médias Camerounais, d’une « Tribune dénonçant la prolifération de discours de haine », réaffirmant ainsi leur volonté commune de promouvoir des pratiques journalistiques responsables ;

– la signature, le 13 janvier 2025 par le président du Conseil national de la Communication (CNC), d’un communiqué dans lequel il met en garde les médias sur la recrudescence des discours de haine et réitère que tous les médias reconnus coupables « ser[ont] désormais réprimé[s] sans complaisance, notamment par la suspension temporaire ou définitive des programmes ou des organes en cause » ;

*

* *

La Commission est profondément préoccupée par l’accroissement des dérives langagières qui portent frontalement atteinte aux Droits de l’homme et menacent le vivre-ensemble harmonieux au Cameroun ;

La Commission condamne avec la plus grande fermeté et sans réserve tous les discours incitant à la haine ou à la discrimination, car ils constituent des violences psychologiques contre des citoyens et des complexes ethno-culturels ainsi stigmatisés, autant qu’ils sapent l’Unité nationale et déconstruisent les valeurs sociales d’une société démocratique ;

La Commission réitère son attachement constant aux valeurs cardinales que sont la démocratie, l’Etat de droit, l’égalité, la non-discrimination, la tolérance, le respect de la dignité humaine et la coexistence pacifique, aussi bien entre les citoyens qu’entre les communautés, en rappelant l’impératif de préserver la paix et l’unité du pays ;

La Commission recommande de manière pressante aux institutions publiques, acteurs politiques, acteurs de la société civile, leaders d’opinion, leaders religieux, autorités traditionnelles, éducateurs, professionnels de médias et à tous les citoyens de faire preuve de responsabilité dans leur communication, ainsi que de s’unir pour faire échec aux discours de haine sous toutes ses formes, particulièrement à l’approche de l’échéance électorale majeure qu’est l’élection du président de la République ;

La Commission exhorte les autorités compétentes à veiller à l’application rigoureuse des lois réprimant les forces de haine en ouvrant systématiquement des enquêtes diligentes sur les contenus signalés qui constituent une incitation à la haine ou à la violence, afin que leurs auteurs soient identifiés et poursuivis pour qu’ils répondent de leurs actes devant la justice, dans le respect des garanties procédurales ;

La Commission recommande fermement :

– au ministère de la Communication, au ministère des Postes et Télécommunications ainsi qu’au ministère de l’Administration territoriale de renforcer les cellules de suivi des haines civiles et de la désinformation en cette période électorale cruciale, en coordination avec la société civile, les médias et les autorités judiciaires ;

– au ministère de la Communication, au ministère des Postes et Télécommunications ainsi qu’au ministère de l’Administration territoriale d’utiliser à fond, sans relâche et sans délai les prérogatives de l’État pour obtenir la suppression des comptes diffusant des contenus haineux dans les réseaux sociaux ;

– aux plateformes (TikTok, Facebook, etc.) de renforcer la détection proactive des discours de haine ciblant des groupes ethniques ou linguistiques, d’améliorer les procédures de retrait et de transmettre les éléments d’enquête aux autorités compétentes lorsque la loi l’exige ;

– aux organisations de la société civile, aux médias et aux leaders d’opinion de multiplier les campagnes de prévention, d’éducation civique ainsi que de promouvoir des narratifs de cohésion et de respect mutuel ;

– aux citoyennes et citoyens de rejeter toute forme de haine, de promouvoir la tolérance et de signaler systématiquement les contenus haineux aux plateformes et aux autorités compétentes ainsi que de paralyser la viralisation de messages stigmatisants, en s’abstenant de propager les contenus haineux ;

La Commission rappelle que la liberté d’expression, aussi précieuse soit-elle, ne saurait servir de prétexte à la diffusion de messages haineux, d’incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence autant qu’elle souligne que chacun a le devoir de s’exprimer avec respect, de débattre dans la dignité, de contribuer à un environnement courtois et que les auteurs de propos dépassant ce seuil doivent être recherchés, poursuivis, puis sanctionnés conformément au droit applicable ;

La Commission exhorte les jeunes, qui constituent la majorité des utilisateurs des plateformes numériques à ensevelir la haine dans l’œuvre commune de réalisation du droit au développement et à devenir des artisans de paix, des relais de tolérance et des sentinelles contre les discours dangereux, en refusant de liker, de partager ou de propager les contenus haineux ;

La Commission est convaincue que l’éducation aux Droits de l’homme ainsi que l’éducation aux médias sont les stratégies les plus efficaces pour prévenir et contrer la haine atroce, ses causes et ses manifestations, car en développant des connaissances qui permettent aux enfants, aux jeunes et à l’ensemble des populations d’identifier et de revendiquer les Droits de l’homme ainsi qu’à distinguer l’information de la désinformation, ceux-ci peuvent reconnaître leurs propres préjugés et ceux des autres, devenant ainsi des agents du changement susceptibles de contribuer très efficacement à la préservation de la coexistence pacifique entre toutes les communautés du Cameroun.

Enfin, à travers ses mécanismes de suivi, ses missions de sensibilisation et son plaidoyer constant, la Commission continuera à œuvrer en faveur d’un espace public empreint de respect, d’humanité et de responsabilité à travers la promotion, la protection des Droits de l’homme et la prévention de la torture dans tous les lieux de privation de liberté.

Yaoundé, le 22 septembre 2025

James MOUANGUE KOBILA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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